Planet earth is blue and there's nothing i can do...
Passez un pilote plutôt fade, la série s'avère assez efficace.
Au travers d'un fil rouge assez discret et au final peu important qui construit une cohérence entre les épisodes et une intrigue générale, le but est ici d'opposé les nouvelles méthodes d'enquêtes aux 'bonnes vieilles" méthodes.
Évidement, nous sommes en droit d'y voir une contre-analogie aux diverses productions Jerry Bruckheimer et autres séries policières du même genre. Mais passé une simple parodie via le choc des "deux mondes", force est de constater que la série s'émancipe et se distingue par une singularité propre.
Tout d'abord, sans vraiment s'appuyer sur le pourquoi du comment, l'arrivée importunée d'un commissaire du 21ème siècle dans le Manchester de 1973 favorise les situations parfois cocasses, parfois dramatiques, notamment via les nombreuses altercations avec son supérieur, aux méthodes quelque peu expéditives, peu orthodoxes, d'une vulgarité sans nom, brillamment interprété par Phlippe Glenister. Sur le thème de l'adaptation, un anglais se retrouver étranger dans son propre monde, 30 ans auparavant, subissant les réprimandes de ses collègues, se heurtant aux mœurs de l'époque: machisme omniprésent, ébriété tolérée lors du service, surtabagisme, violence des forces de l'ordre. Bref on est bien loin de l'univers glacé (comprenez comme la photographie) pop des experts.
Le second bon point, c'est son coté british, le film ne se travestit pas pour s'adapter à un publique probablement plus large et américanisé. Manchester n'est pas Brooklyn, le crime semble y être moins "exubérant", tout se cache dans les caves et sous-sols, pas de mac dans la rue, pas de musique funky. Les criminels sont des hooligans, des costumes cravates louches, etc...
Enfin, c'est bien sur le jeu d'acteur que la série tire tout son charme. Le duo John Simm/ Phillipe Glenister fonctionne à merveille. Les personnages semblent dotés d'une véritable personnalités, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs moments de forces et leurs faiblesses. Sans baigner dans une sobriété froide et inadéquate, ni dans le cabotinage le plus total Dieu merci, les facteurs de conflits permettent d'étoffer les caractères . De la corruption, la vengeance, ou la culpabilité qui viennent sans cesse remettre en cause les principes de justice, et ce même pour Sam Tyler. La série offre donc une approche plus humaine de l'application de l'ordre par les autorités, ne se cantonnant pas à une enquête froide où la simple accumulation d'indice amène une solution.
En bref, une courte mais excellente série, si l'on excepte peu être les derniers épisodes un peu gadget à mon sens. Mais bon il semble que justifier le pourquoi du comment soit souvent indispensable... malheureusement