Paradoxalement, la sobriété de la succube est sa vertu, son amour est sa force.
(Ante-scriptum : Je n'ai vu que les deux premières saisons. J'ai ensuite lâché par manque d'intérêt, mais je ne baisse pas la note pour autant)
Lost Girl est une série fantastique sans prétention, et, d'une certaine manière, c'est son point fort.
Lost Girl ne fait pas dans le grandiloquent : il y a relativement peu d'effets spéciaux (ce qui permet d'éviter le ridicule), et un scénario plutôt banal mais qui tient la route - un scénario qui parvient à intéresser sans pour autant captiver réellement. A la fin d'un épisode, vous n'attendrez pas fébrilement le prochain, vous ne serez pas "capté", car la série n'use pas des tours de passe de passe manipulatoires habituels pour nous tenir en haleine. Vous n'attendrez pas le prochain épisode avec impatience, douleur et fébrilité, vous ne serez pas dans le "Hhhaaaan non stro horrible, je veux la suiiiiiite", mais vous l'attendrez dans la sérénité et la joie toute simple de retrouver bientôt vos personnages préférés du moment. Et ça, c'est bien, c'est reposant.
Parlons donc des personnages. Encore une fois, rien de grandiose, mais cette sobriété est la bienvenue. Les personnages ne correspondent pas aux clichés les plus courants, mais on peut néanmoins les trouver un peu simplistes, surtout au début. Ils ne présentent pas d'emblée une personnalité éclatante, mais ils en ont suffisamment pour qu'on s'attache à eux et qu'on prenne plaisir à les retrouver. Peu à peu, ils prennent de la profondeur, sans se révéler toutefois d'une complexité inouïe. Donc, sans prétention, encore.
A vrai dire, ce qui fait que l'on s'attache aux personnages, ce n'est pas leurs qualités intrinsèques, mais les liens qu'ils entretiennent avec les autres, et c'est là le réel point fort des persos et de toute la série. Les relations amicales et amoureuses présentent des schémas peu courants et vraiment intéressants. Les amours homosexuelles sont très présentes, et la série a le mérite de ne pas les présenter comme des anormalités mais de les mettre au même plan que les autres. Bo, la succube héroïne de la série, est bisexuelle, et son désir et son amour se répartissent également entre des personnages des deux sexes. Notons que les scènes montrant explicitement un amour/un désir entre deux femmes sont nombreuses (elles sont même assez lourdingues), alors que les relations homosexuelles entre hommes sont juste légèrement évoquées, ce qui assez dommage : ces attentions paraissent clairement à être à destination d'un public masculin hétérosexuel... Enfin, ne boudons pas trop ; le mérite de la série à briser un peu les clichés est déjà grand, malgré ses limites.
Bon, quand je me relis, je trouve que ma petite critique n'est pas forcément de nature à susciter un enthousiasme enflammé pour cette série... Certes, si l'on juge la série par son scénario, le background assez peu original qui me fait assez penser à un "Monde des Ténèbres" (notons quand même la diversité des créatures fantastiques : on ne s'arrête pas aux vampires et aux loups-garous (d'ailleurs, y a pas de vampires)), la série est assez moyenne. Cependant, si vous avez un coeur tendre et si vous avez envie d'histoires sentimentales (on va rester sur le sentimental, bande de petit(e)s polisson(ne)s) qui sortent un peu des carcans traditionnels, je vous recommande cette série fort sympathique.