Mad men, le nom de cette série résonne à chaque cérémonie de récompenses aux États Unis. Inconnue du grand public, adulée par la critique, tout sériphile qui se respecte se doit d'avoir vu au moins un épisode de cette série. Et à partir de ce moment là, les avis divergent diamétralement. Il y a ceux qui adorent, pour qui Don Draper est un dieu vivant et qui restent hypnotisés par les fesses de Joan Holloway. Et il y a ceux qui détestent, pour qui la série est lente et prétentieuse. Mais Mad men ne laisse jamais indifférent.
Au delà de ces caricatures néanmoins assez réalistes, c'est quoi Mad men ? La série a été crée en 2007 par Matthew Weiner (Les Sopranos) et elle nous entraîne dans la vie trépidante des publicitaires de l'agence Sterling Cooper sur Madison avenue à New York (d'où le nom Mad men) dans les années 60 à l'aube des années Kennedy. Dans les hautes sphères de la l'agence, Don Draper (Jon Hamm) est un directeur artistique aussi talentueux que mystérieux. Amateur de cigarette, whisky et petites pépées. Comme l'ensemble de son entourage d'ailleurs. C'est ce qui surprend le plus au premier abord. Les personnages sont constamment enfumé par les volutes de cigarettes et les vapeurs de l'alcool. La série se veut un reflet fidèle de l'époque et à en croire les vrais mad men encore vivants, cela se passait exactement comme cela.
Mais au delà des récompenses, Mad men est ce si bien que cela ? La réponse est un oui franc et honnête. Mais pour cela il faut bien évidemment se donner la peine de bien vouloir rentrer dans la série. Avec Mad men, on entre dans une nouvelle dimension des séries télés. Souvent accusée d'être trop lente, il ne faut pas attendre de la série un rythme trépidant à la 24 heures chrono, ni des situations soaps à la Desperate housewives. Mad men a son propre rythme et est un style de série à elle toute seule. D'abord, il y a l'image. Très cinématographique, souvent hitchcockienne nous rappelant que l'on est bien dans les années 60. Par moment, si on se contente de l'image, on a une vraie impression d'être plongé un film des années 60. Le ton est lui évidemment moins consensuel qu'à l'époque. La série n'hésite pas à y parler de la condition de la femme, des noirs, des rapports dans le couple, de sexualité et de la société américaine et de consommation en général. Cela avec le contraste de l'œil du téléspectateur moderne pour qui certains comportements peuvent paraître délibérément choquants, mais totalement acceptables en 1963. Ainsi a la fin d'un pic-nic dans le parc, les Draper secouent leur couverture dans un geste anti écolo assumé et repartent en voiture en laissant leurs déchets dans l'herbe d'un vert immaculé. Enceinte comme une baleine, Betty Draper continue de boire et de fumer comme un pompier. Les personnages ricanent même des articles scientifiques mettant en garde contre les méfaits du tabac. Les secrétaires sont appelées « Ma jolie » et boire au travail et tromper sa femme sont des obligations sociales au risque d'être regardé de travers. Mad men analyse ainsi la société des années 60 pour mieux mettre en évidence les dérives de notre société moderne ou ses évolutions parfois plus positives. S'il n'est pas question pour la série de nous dire « c'était mieux avant », il transpire néanmoins une certaine nostalgie associée à la mélancolie des personnages pris dans le tourbillon d'un monde en changement constant.
La série nous plonge aussi au cœur de l'agence de pub Sterling Cooper. On y découvre son fonctionnement, sa dynamique, les slogans ou encore la façon dont la télévision a rapidement transformé le marché de la publicité, aujourd'hui à nouveau bousculé par Internet. La série joue d'ailleurs efficacement avec des marques qui aujourd'hui encore sont sur toutes les lèvres. Lucky strike, Coca Cola, American airlines. C'est aussi l'un des petits plaisirs de la série. Les références pop culture dans les séries, j'en raffole.
Les beaux décors, l' analyse des mœurs de l'époque,... c'est bien joli. Mais une série se définit avant tout par ses personnages. Et Mad men en possède une galerie particulièrement impressionnante. Chacun d'eux est travaillé, possède ses failles, ainsi que ses bons côtés, même pour la pire des ordures. Si Don Draper est le plus fascinant de tous grâce à son charisme et le mystère entourant ce personnage, il reste de la place pour ses collègues, amis et famille. Peggy sa secrétaire cachant sous ses apparences ringardes une arriviste dont l'évolution au cours des trois premières saisons est stupéfiante. Pete le jeune loup prêt à vendre père et mère pour obtenir de l'avancement et de nouveaux contrats. Joan une femme libérée dont les formes affolent clients et personnel de Sterling Cooper. Ou encore Roger Sterling le cynique patron de l'agence tenté par le démon de midi. Sans parler de la sublime Betty Draper, desperate housewife bafouée par son mari volage. Une beauté troublante rappelant le fantôme de Grace Kelly.
Toutes ces raisons font de Mad men l'une des séries les plus incontournable du moment. Jamais une série sur les années 60 ne nous aura aussi bien parlé de notre propre époque à travers une écriture fine, intelligente et truffée de clins d'œil à la culture américaine si pas mondiale. Servi par un casting d'acteurs formidables et de personnages tous plus fascinants les uns que les autres. Un must see de la télévision actuelle et la réponse évidente à tous ceux pour qui les séries télés sont synonymes d'inculture.
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