Pour les amateurs de séries ou de films policiers des années 70, Madigan est un véritable bonbon. Adaptation pour la télévision de Police sur la ville de Don Siegel tourné en 1968, cette série s'inscrit dans le cadre du fameux programme NBC Mystery Movie où a notamment triomphé Columbo. D'une durée de 72 minutes (comme la majorité des titres de ce programme), il se présente comme une série bénéficiant d'un budget se rapprochant de celui d'un film avec acteurs de premier plan, intrigues bien ficelées et tournages en extérieur. C'est peu dire que Madigan coche toutes les cases avec Richard Widmark en tête d'affiche, des tournages à l'étranger (Angleterre, Italie, Portugal), des histoires intelligentes et un soin apporté à de très nombreux détails.

Si tous les épisodes ne se valent pas (celui se déroulant à Harlem est plutôt paresseux), nous avons là un programme de haute volée. En flic cynique, tenace et totalement hermétique au politiquement correct, Richard Widmark est parfait. Son personnage de Dan Madigan (qui, à bien des égards, est plutôt éloigné de celui du long-métrage) lui va comme un gant et on se régale de ses formidables punchlines qui apportent une note d'humour à des histoires plutôt sombres. Si le cadre des intrigues est classique de celle qu'on retrouve à l'époque au cinéma (la récidive, la mafia, les trafiquants, le truand en cavale), les scénarios sont intelligents et rarement linéaires, mais nous avons droit aussi à un joli portrait d'une époque. Dans cette époque en pleine mutation, le flic à l'ancienne usant de vieilles méthodes montre à chaque fois qu'il n'est pas encore hors course.

L'ensemble n'est pas très nerveux et les scènes d'action sont peu nombreuses, mais ce n'est pas là le point fort de la série. La richesse des dialogues, les jeux de dupes (entre les policiers et les truands, entre les policiers eux-mêmes, surtout dans les pays étrangers) et la maîtrise de scénarios globalement bien écrits font la différence. On n'oubliera pas, bien entendu, la tonalité générale propre aux policiers des années 70 avec leur liberté de ton et la rencontre de mondes qui ne sont pas fait pour cohabiter. Enfin, notons que si les génériques sont plutôt faibles (mais ceux de Columbo ou de Banacek n'étaient pas des grands modèles de réussite), le thème musical est de qualité.

Quel dommage que cette série (au coût élevé en raison de ses tournages en Europe) ne se limite qu'à six épisodes. Un tel concept aurait mérité au moins une bonne quinzaine d'opus et il y a fort à parier que, sans connaître le succès de Columbo, cette série aurait pu marquer son temps. A une époque où Richard Widmark était moins demandé au cinéma, cela aurait été une formidable occasion de le voir davantage. Une série méconnue à vraiment découvrir pour les amateurs de l'acteur et des polars de l'époque.

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