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En 2015, alors que le deuxième film Avengers fait péter la barrière du milliard de dollars au box-office et qu’Ant-Man s’incruste plus discrètement dans le MCU, une autre facette de l’univers Marvel est née avec la première adaptation en série Live d’un héros du catalogue Marvel, et donc une extension de l’univers super-héroïque en série. L’idée remonte en 2013 lorsqu’Alan Fine, le président de Marvel Entertainment, officialise le partenariat entre la plateforme de vidéo à la demande (et producteur actuelle de série en masse) Netflix ainsi que Marvel Studios et ABC Studio. Et il est affirmé en 2014, avec certitude, que ces séries seraient liées à l’univers cinématographique Marvel et qu’il sera possible de les découvrir sans pour autant être familier avec le MCU.


Subjectivement, l’univers en série de Marvel était tout ce qui me laissait de plus indifférent quand je voyais les teasers de chacune des séries, n’étant pas un habitué des séries étendu sur la longueur ni même motivé pour suivre l’évolution du MCU à travers la télévision (surtout que certains des derniers Marvel ne m’ont pas laissé une impression ultra positive). Mais finalement, un de mes éclaireurs a trouvé le moyen de m’y plonger avec la première série Daredevil en échange d’une autre série qu’il a découvert en retour, et mon opinion a changé en bien depuis.


Daredevil réussissait non seulement l’exploit d’avoir une réelle identité artistique en plus d’enterrer l’adaptation catastrophique en film avec Ben Affleck et Jennifer Garner (bon ça ce n’était pas dur vous me direz), mais surtout il enterrait à lui seul la grande majorité des productions filmique Marvel. C’était étouffant et trouble, esthétiquement maîtrisé et minutieux, l’action avait de la gueule, chacun des protagonistes étaient écrit avec beaucoup de soin (Matthew Murdock et Wilson Fisk en particulier) et surtout l’ensemble avait une très bonne direction scénaristique, la saison 1 comme la 2 qui tissaient un peu plus les bases et les sous-intrigues exploitables dans les prochaines séries ou saisons de Daredevil.


Jessica Jones et Luke Cage ont ainsi suivi, et sans atteindre la même qualité que Daredevil, ça faisait un grand bien de changer d’ambiance tout en ayant une identité et en corrigeant les problèmes d’un Marvel standard : des antagonistes solide, des fulgurances lors des scènes d’actions ou de tension, une présentation visuelle aux petits oignons et une écriture qui ne tentait nullement de se foutre de nous ou de tomber dans la prétention.


Et puis il y a eu Iron Fist justement… et si j’en parle avant de voir The Defenders c’est non seulement pour faire une petite mise au point… mais aussi parce que je n’en reviens toujours pas, la rechute fut violente.


Déjà, pour commencer par la liste des problèmes, son héros est le premier d’entre eux : on est passé du démon de Hell’s Kitchen, de Jessica la détective psychologiquement tourmentée et Luke l’ex prisonnier intègre à Danny Rand, un apprenti en Kung Fu également héritier d’entreprise avec un raisonnement immature et naïf. Jusqu’à présent chaque héros avait une certaine maturité mais chaque série savait comment le faire évoluer, alors cette transition casse sans trop de mal cette maturité et noirceur présent dans les autres séries. J’aurais pu laisser passer ça si Finn Jones réussissait à avoir autant une vraie présence ou un bon développement à défaut d’avoir du charisme, mais son raisonnement et sa manière d’agir au long de cette première saison sont plus d’une fois naïf et tellement en décalage avec les autres séries que personnellement, je ne parviens pas à le prendre au sérieux ou même à m’y intéresser.


L’écriture est d’ailleurs une autre tâche de cette série, et pourtant il y avait de l’idée derrière et une idée plutôt atypique pour changer d’atmosphère. Séparer la série en deux sous-intrigues : l’une sur la traque de la Main et la seconde sur les conséquences du retour de Danny alias l’Iron Fist sur l’entreprise qu’il redirige en apparence, sur la famille Meachum dirigeant celle-ci avant son retour et l’influence de la Main sur cette société. Les bonnes idées sont là, et se manifestent même dans les derniers épisodes concernant l’image qu’on a de l’organisation de La Main depuis Daredevil.


Malheureusement, rien ne marche. Et si vous trouvez Danny Rand énervant, rassurez vous, ça n’est pas mieux avec les autres nouvelles têtes. Je vais pas m’attarder sur la presque transparence de Joy dans cette série après le retour de Danny à Rand Entreprise, par contre je ne pardonne pas les personnages aussi caricaturale que grossier que son Ward et Harold Meachum. Le premier est complètement ridicule et mal traité en plus d’être joué de manière horriblement lisse par Tom Pelphrey, quand à Harold Meachum, paye ton antagoniste de merde que tu démasques au premier épisode. Sérieusement, c’est marqué sur sa gueule, c’est inscrit sur son look, à travers son environnement clos, ça s’entend dans sa voix, ça tente de le dissimuler mais on n’avale pas ça un seul instant (David Wenham n’est pas gâté). Je le redis, bonjour la grosse rechute !


Et rebelote avec la sous-intrigue sur La Main tristement démystifié en tant que menace à partir du milieu de la série. Les bonnes idées


comme celle de montrer une vision plus optimiste et honnête de la main avec le personnage de Bakuto


sont gâchés et sert de poudre aux yeux, et surtout les combats sont aussi mal monté que moche. Aussi moche que l’esthétique visuelle qui lui aussi en prend un sacré coup et trahit la qualité des 3 précédentes séries : la photo est ratée, la gestion de l’éclairage catastrophique tout au long à tel point que ça fait mal aux yeux, et couplés avec la platitude des combats, la mise en scène fainéante ou sans personnalité (les split-screen trop court et inutile, des ralentis mal placés) quand ça n’est pas illisible (le duel sur-découpé contre le sbire de Ward dans l’épisode 3, dégueulasse !)


Le seul nouveau personnage qui soit à peu près bien écrite, c’est Colleen Wing la maîtresse de Dojo. Contrainte de faire ses preuves en tant que jeune sensei, de participer à des tournois clandestins pour couvrir ses dettes, un soutien important pour Danny Rand face à ses difficultés


jusqu’à la révélation sur la vision qu’elle a de la Main et son appartenance,


c’est la seule dans le lot qui soit correctement exploitée.


C’est à peine croyable de voir à quel point l’équipe derrière cette série semble s’en battre les steaks et jouer la carte du je m’en foutisme. Allant jusqu’à nous livrer un générique qui représente toute la mocheté de cette direction artistique, même la musique est effroyable. Encore que ce point là n’était pas incroyable dans les 3 précédentes productions super-héroïque de Netflix mais au moins il y avait des efforts et ça construisait leur atmosphère, tout le contraire ici dans cette série qui devient souvent irritable et a beaucoup de mal à bien raccorder les deux sous-intrigues principales.


Iron Fist ne tient la route que grâce à sa cohérence en termes de raccord avec le reste de l’univers en série télé de Marvel, les références à l’univers du MCU ou des 3 autres séries n’étant jamais trop poussées et trouvant un sens comme l’intervention de Jessica Jones comme détective


avec les clichés que Joy montre à Ward pour faire chanter les autres membres du conseil d’administration les ayant chassé de l’entreprise.


Sur ce point il y a toujours un bon dosage.


Et aussi grâce à la présence de personnages des autres séries qui empêchent le naufrage complet. Claire Temple la première (toujours très bien jouée par Rosario Dawson), devenue un soutien important pour chacun des Defenders et qui suscite toujours autant de sympathie de ma part, je dirais même qu’elle sauve par moment cette série puisqu’elle sert de conscience à Danny tout en conservant ses faiblesses en tant que personne ordinaire, Madame Gao qui suscite pas mal de curiosité mais aussi par sa capacité manipulatrice et ses connaissance sur l’Iron Fist. Ou même le petit rôle donné à Jeri Hogarth jouée par l’élégante et raffinée Carrie Anne-Moss, mine de rien les séries Marvel ont permis à des acteurs ou actrices malheureux/malheureuse ou trop discret au cinéma depuis un moment de trouver un second souffle à la télévision.


Mais tout ça ne suffit pas à camoufler tout les problèmes de cette quatrième série super-héroïque dédié à un Defender qui devient une énorme tâche dans le catalogue des super-héros exploités à la télévision. On s’ennuie ferme et on n’arrive pas à se sentir investi ni même à ressentir grand-chose.


Les 3 précédentes séries consacrées à chacun des Defenders n’étaient pas parfaites, Jessica Jones et Luke Cage étaient même plus perfectible que Daredevil mais tous suivaient un fil conducteur de qualité à peu près constante et bien mené, et surtout ils racontaient bien leurs histoires et autre sous-intrigue... et surtout on n’allait pas dans la caricature la plus tape à l’œil possible (putain de Ward et d’Harold… je maudis le bouffon qui a eu l’idée de créer ces deux neuneus). Iron Fist devient donc logiquement la plus faible des séries super-héroïque solo de chez Netflix, et franchement on était en droit d’en attendre beaucoup plus que ça plutôt que ce gâchis tout moche. Et il y a intérêt à ce que la seconde saison soit moins plate, autrement ça sera sans moi.

Maxime_T__Freslon
4

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le 11 sept. 2017

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