Massan est un drama inspiré de la vie de Taketsuru Masataka et Jessie Roberta « Rita » Cowan, l’un des rares couples interculturels à avoir vécu dans le Japon de l’ère Taisho. Le fil conducteur de l’histoire respecte d’ailleurs scrupuleusement les évènements, ce qui était l’un des principaux attraits de ce drama.
Massan est un homme d’affaire dont l’ambition est d’importer le Wisky sur le sol japonais. Il décide donc de se rendre en Ecosse, où il fait la connaissance d’Eri qu’il épousera malgré l’opposition farouche de ses futurs beaux-parents. Lors de leur retour au Japon, la surprise est totale pour l’entourage du jeune homme qui ignorait la nouvelle. Eri va donc devoir faire face au rejet et, on imagine, s’adapter à une culture qui ne ressemble en rien à la sienne par amour pour son époux. Brave et courageuse petite Eri !
Sauf que non. L’idée de départ semblait pleine de promesses mais, rapidement, cette série se transforme en une sorte de jugement moralisateur envers une société patriarcale et intolérante, qui en plus de tomber dans le stéréotype douteux, est porteuse de nombreuses incohérences et anachronismes. Eri, forcément blonde comme toute occidentale qui se respecte, n’est pas franchement décidée à s’intégrer, malgré ce qu'elle en dit. Non contente d’avoir séduit un homme qui était déjà engagé auprès de la charmante Yuko (et donc de briser un mariage), véhicule une morale bien guimauve, piétine le tatami avec ses chaussures de luxe et, en bonne chrétienne, à tendance à pousser la chansonnette. Comme si cela ne suffisait pas, elle va sans cesse exprimer de multiples reproches à son époux, ce monstre de négligence, qui travaille trop tard le soir et s’étonne lorsque le repas n’est pas servi. De plus, il ne lui montre pas suffisamment d’affection et devrait davantage exprimer son amour publiquement car après tout, c’était visiblement la norme dans l’Ecosse chrétienne des années 20.
Le principal objectif de la série est évident: démontrer aux spectateurs nippons à quel point ils ont été rustres avec ces pauvres étrangers (qui les auraient volontiers colonisés s’il en avaient eu l’occasion, mais ceci on n’en parle pas), et leur faire saisir qu’en 2015, il faut que tout cela change. Il n’est donc pas question de compromis, de lutte pour la survie du couple ou “d’amour malgré tout”: Massan est un connard d’égoïste et Eri, une victime aux longs cheveux blonds. L’intérêt est donc inexistant et la lassitude aura vite fait de jeter ce drama aux oubliettes. Mais le générique est bien.