Mentalist
6
Mentalist

Série CBS (2008)

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THE MENTALIST étant la seule série de ma collection à afficher une moyenne de notes (=5,8) à ce point inférieure à celle que je lui ai attribuée (8), il était impératif pour moi de lui rendre justice au plus vite avec une critique. En effet, même si je comprends parfaitement les raisons de sa note plutôt moyenne, je suis aussi intimement convaincue qu’elle mériterait bien plus… Ne serait-ce que pour la prouesse de Bruno Heller (créateur et scénariste), qui a réussi à façonner ce qui est, à mon sens, l’un des personnages les plus complexes, touchants et par conséquent réussis qu’il m’ait été donné de voir.

THE MENTALIST fait donc référence à ce personnage à l’allure quelque peu british répondant au nom de Patrick Jane (Simon Baker) et maitrisant l’art du mentalisme à la perfection. Ce dernier travaille en tant que consultant pour le CBI, principalement dans le but d’avoir accès aux dossiers et de suivre l’enquête sur le célèbre serial killer nommé Red John (John le Rouge en français). En effet, plusieurs années auparavant, alors qu’il vivait de ses talents de mentaliste (en arnaquant ses clients), il a prétendu lors d’une émission télévisée avoir établi un lien psychique avec Red John. Malheureusement, ce taré de Red John l’a mal pris et a assassiné la femme et la fille de Patrick Jane. Ainsi, la série ne se contente pas seulement de nous montrer des enquêtes dont on n’a rien à cirer mais elle explore aussi la psychologie complexe, brisée et cartésienne de Patrick Jane dont tous les efforts sont dirigés vers la trouvaille et l’assassinat de Red John pendant que ce dernier joue avec lui et le provoque sans cesse. Place à la critique désormais.

Le principal problème de la série, c’est le parti pris de la construire (pour les premières saisons surtout) comme beaucoup d’autres séries policières « grand public », c’est-à-dire selon le schéma : un épisode = une enquête sur le meurtre de quelqu’un dont on a strictement rien à foutre. Et elle enchaîne les épisodes de ce type, carrément ennuyeux, barbants et à la limite de l’insupportable. Seuls les talents de Patrick Jane en tant que mentaliste consultant sur ces enquêtes (ainsi que son charisme, son humour ou encore son côté british…) font que l’on peut y survivre. Ce choix, ce désir de rester « classique », de demeurer dans la norme, de ne pas vouloir se démarquer plus que ça en suivant l’exemple des autres séries du genre est vraiment très dommage. Parce que la série a un immense potentiel grâce à un personnage principal magistralement bien construit. Pourquoi s’emmerder avec des histoires subalternes et chiantes qui ne font pas progresser d’un chouya celle de Mr Jane, pourtant tellement captivante ? Certainement pour s’inscrire dans la durée… Alors que raccourcir la série et se concentrer principalement sur Patrick Jane, son désir de vengeance et le développement des personnages qui l’entourent aurait pu fonctionner et rendre la série plus addictive encore. Voilà donc ce qui selon moi a dû décourager, agacer et décevoir le plus de téléspectateurs (bien qu’il y ait surement d’autres aspects énervants relevant des goûts et des couleurs de chacun). En tout cas, personnellement, c’est ce qui m’a le plus irritée. N’avoir que cinq ou six épisodes par saison réellement haletants contre une quinzaine d’autres relativement ennuyeux (selon les enjeux), ce n’est pas ce qu’il y a de plus agréable. D’autant plus qu’au cours des deux premières saisons, le schéma est vraiment répétitif et les personnages secondaires, pas toujours très cohérents niveau réactions…

Ensuite, le deuxième bémol de la série est qu’il n’y a rien de transcendant ni d’extraordinaire au niveau de la réalisation. Pas d’innovation particulière, pas de plans originaux, rien de bluffant (à moins que je ne m’en souvienne pas). D’un autre côté, ce n’est pas raté non plus, ou je l’aurais remarqué. Non, c’est juste ce qu’il faut, ni plus, ni moins, afin d’avoir un rendu correct. A côté de séries comme SHERLOCK par exemple, il est vrai que THE MENTALIST fait pâle figure pour cet aspect. Mais bon, on ne peut comparer ce qui n’est pas comparable ; SHERLOCK est un véritable monument audiovisuel. Ce sera tout pour les gros défauts de la série.

Maintenant, venons-en aux éléments brillamment réussis. Tout d’abord, il y a la bande originale composée par Blake Neely (si si, il est très important d’avoir une bonne BO qui vous fait frissonner en vous rappelant ce que vous avez ressenti lors du visionnage) avec notamment les titres « Believe (Jane’s Theme) », « Sorry Hurts » ou encore « I Don’t Need Saving », très liés à ce qui me plait le plus dans la série : l’Emotion procurée par l’histoire de Patrick Jane.

Voilà pourquoi j’ai attribué 8/10 à THE MENTALIST ; pour le large panel d’émotions que l’on expérimente en regardant. C’est vrai qu’il y a plein d’épisodes où l’on s’ennuie, qu’il y a des incohérences, que c’est prévisible pour tout ce qui n’a pas attrait à Red John et qu’en général, la réalisation n’a rien de surprenant mais la story line de Patrick Jane rattrape tout ceci avec une facilité déconcertante. Même si seuls quelques épisodes par saison y sont réservés, ceux-ci sont tellement prenants, marquants et émouvants qu’ils font de THE MENTALIST une série de qualité. D’autant plus que dans les dernières saisons, le nombre d’épisodes centrés sur Patrick Jane et sa vengeance se font plus nombreux et nous laissent presque à bout de souffle (je pense notamment à la saison 6, où nous avons 7 ou 8 épisodes consécutifs là-dessus et où j’ai trouvé que c’était trop. Trop rapide, trop exaltant…). C’est ainsi que le défaut principal de la série, sa tendance à nous affliger avec des enquêtes intermédiaires inutiles, devient un avantage. En effet, si la quête de « Mr Mentalist » ne s’était pas étalée sur tant d’années, aurait-on pu ressentir un tel soulagement lorsqu’elle s’est achevée ? Aurait-ce été aussi excitant et réaliste ? Assurément que non. De ce fait, tous ces épisodes divertissants concernant des personnages dont on se fiche complètement prennent tout leur sens : cela ne servait qu’à accroître nos émotions pour le vrai fil rouge de la série. Certes, l’aspect financier ne doit pas y être pour rien non plus mais au final, on peut le voir comme l’une des qualités de la série.

Revenons à l’aspect émotionnel de la série, qui dépend presque intégralement de la construction et évolution de Mr Jane. En effet, selon moi, Bruno Heller a créé THE personnage ; transposé dans n’importe quel univers, ça ne peut que fonctionner. Il a su trouver la recette ultime du personnage attendrissant, en plus interprété à merveille par Simon Baker. Un bon mélange de Sherlock Holmes, de Mulder (THE X-FILES) et de Docteur (DOCTOR WHO). Comment ne pas compatir avec cet homme qui a perdu sa femme et sa fille à cause de ses propres conneries ? Comment rester de marbre face à son sentiment de culpabilité, face au fait que sa seule raison de vivre soit la vengeance ou encore face à cette carapace enfantine et toute souriante qu’il s’est construit pour tenir le coup ? Comment ne pas désirer aussi violemment que lui la mort de Red John ? Comment ne pas frémir d’horreur lorsque ce dernier continue à traumatiser Jane ? Pour ma part, tout au long de la série, je me suis mise à sa place et chacune de ses réactions, chacun de ses comportements est brillamment crédible et bien écrit. Sa psychologie est juste une perle, elle est construite de manière tellement minutieuse... De plus, exceptions faites des deux premières saisons, les scénaristes n’en font jamais trop et restent suffisamment subtils et patients lorsqu’il s’agit de nous en apprendre plus sur Jane ou sur ce qu’il ressent. Voilà donc ce que je considère comme étant LE point fort de la série, comme ce qui en fait une série originale et marquante.

Mais ce n’est pas tout. Même si, à mon sens, cela a mis du temps à se démarquer, le développement des personnages secondaires (et un peu moins secondaires d’ailleurs) n’est pas à négliger non plus. Ils sont pour la plupart bien construits et d’une importance capitale pour l’évolution du personnage principal. Je pense notamment à toute l’équipe du CBI (et je ne veux pas spoiler donc je m’arrêterai là) à qui l’on finit par s’attacher malgré le début où franchement, je ne voyais pas ce que ces personnages apportaient à l’exception, peut-être, de Teresa Lisbon (Robin Tuney). Tout comme les enquêtes indépendantes, ils m’apparaissaient comme un simple divertissement. Cependant, par la suite, on leur découvre des histoires personnelles intéressantes et surtout, une certaine influence sur Patrick Jane et donc, une grande importance.

Pour conclure cette bien longue critique, je dirais que THE MENTALIST vaut réellement le coup de se taper plusieurs épisodes relativement inutiles. Vivre la traque de Red John et tout ce qui en découle est vraiment haletant et cette partie de la série ne vous décevra pas. A la limite, ce qui pourrait être judicieux, c’est de ne regarder que les épisodes qui concernent la quête de « Mr Mentalist » ou nous offrent des éléments de compréhension sur lui. Le hic c’est qu’il faudrait que quelqu’un fasse cette liste… J’ai essayé mais ce n’est pas évident, lorsque l’on voit tout pour la première fois, de déterminer ce qui est important ou non pour la suite donc je ne suis pas certaine de sa validité. Voilà, merci d’avoir tenu jusqu’au bout de ce roman !
Hornhead
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le 8 mars 2015

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