Pas si mal. Voici une série nordique qui révèle la noirceur des âmes avec un sens du suspense et du rebondissement maitrisé. Cette série All the Sins (« tous les péchés »), se déroule en Finlande durant le solstice d’été, pas très loin du cercle polaire. Varjakka est une petite bourgade agricole, a priori tranquille où deux meurtres ont été commis. Ceux-ci font penser à une exécution rituelle par leurs caractéristiques. Du coup, l’affaire devient trop sérieuse pour être confiée à la police locale et deux flics sont dépêchés de la capitale, Helsinki à 600 km.
L'ambiance rejoint les séries scandinaves qui ont fait leur preuve. Ici, on trouvera les ingrédients choc qui couvrent les passions et les non-dits, un évident malheur qui déteint sur les personnages apparemment heureux.
Les créateurs de la série, Merja Aakko et Mika Ronkainen (également réalisateur), appliquent les recettes qui ont fait le succès de leurs séries consœurs suédoise ou danoise. Mais cette fois, ils ont conçu un couple improbable de policiers, étouffés par un passé oppressant aux comportements inhabituels qui permet de maintenir un suspense dérangeant, à susciter une émotion agaçante, et de les entrainer dans un milieu aussi retord, qu’effrayant.
Sanna (interprétée par Maria Sid) est une femme dans la quarantaine, seule, dont la mère se meurt à l'autre bout du pays. Elle ignore par ailleurs que sa fille est enceinte. Elle cultive un appétit sexuel surprenant et collectionne ses amants. Elle se retrouve contrainte d'emmener dans ses bagages un jeune flic, originaire de la ville où ont été perpétrés les crimes. Lauri (interprété par un étonnant Johannes Holopainen) est homosexuel et violent. On le découvre dès le début lors d’une séance de thérapie de couple à laquelle il se soumet bien malgré lui. Entre la femme mature et et le jeune homme coincé, il est facile de comprendre que leur relation ne sera pas une partie de plaisir.
L'intrigue nous balade sur le terrain de l'oppression exercée et diffusée par la communauté ultra religieuse et conservatrice laestadienne. Mais les relents mafieux et islamistes ne sont pas loin, soulevés par un conflit entre turcs et irakiens à propos d'une pizzéria, tandis qu'un homme d'affaires pourri tente de s'enrichir par n'importe quel moyen, tout en mentant à tous sur ses intentions réelles.
Tandis qu'un groupuscule anarchiste tente de motiver les jeunes par des actions de désobéissance religieuse et civile...
Bientôt, le passé de tous remontent lentement à la surface y compris pour les deux flics entrainés dans une tempête affective qui les bouscule et les déstabilise.
C'est intelligemment fait, avec des personnages convaincants, une intrigue solide et originale, le tout présenté sur un plateau campagnard en zone polaire, au climat calme, tranquille, à l'ambiance nonchalante... Mais l'orage couve et les loups sont de sortie...
Jusqu'à cette conclusion surprenante, décoiffante et bienvenue !
Voici une série singulière, assez curieuse et inédite que je vous conseille fortement...