Acheté par pur hasard dans le but de découvrir une série méconnue au bataillon, je me suis lancée dans cet anime avec quelques aprioris et sans avoir lu de résumé au préalable. "Une série d'OAV en 6 épisodes", "une imagerie sombre flirtant avec une once de luxure", tous ces éléments suffisaient à me faire craindre un anime court sympathique mais, me laissant sur ma faim et développant peu son histoire comme ses idées, à la manière d'un Pet shop of Horrors, d'un Murder Princess, ou pire.
Puis, en définitive... Il y avait un peu de ce ressenti qui a finalement découlé des dernières secondes de visionnage de l’œuvre, mais avec une étrange, mais agréable surprise d'avoir assisté à quelque chose d'aussi osé que de nouveau pour l'époque (2008, je le précise).
Mais alors, ai-je aimé ou détesté Rin Daughters of Mnemosyne ? . . . J'ai été agréablement happée par un plaisirs coupable, voici ma réponse.
Car oui, en premier lieu, et l'anime semble l'assumer entièrement, Rin Daughters of Mnemosyne est un plaisirs coupable dans tous les sens du terme. Et pourtant, cet ensemble qui pourra rebuter plus d'une personne, à juste titre, ne semble pas si hors de propos et ajoute même un étrange cachet qui va d'alchimie avec l'ensemble de l'histoire et des propos qui y sont abordés.
Là où l'on regrette de voir un déluge de sexe, de nudité, d'alcool et de démembrements, ce coté osé, explicite n'est jamais réellement outrageux car flirtant d'avantage avec l’érotisme qu'avec le sexe pure et dur. A ce titre, je déconseille fortement son visionnage aux jeunes gens de moins de 16 ans.
Néanmoins, beaucoup de ces scènes sont gratuites, parfois même forcées tant et si bien qu'il serait fallacieux de ma part de dire que tout ce déluge lubrique est réellement toujours raccord avec les propos et le récit. Il arrive parfois que les "détours et remontées nocturnes" soient purement gratuits, voire soient utilisés en image de fond sans grand intérêt autre que le fantasme de la chair. Ajoutons à cela un rythme et un enchainement d'action décousu, où des personnages suivent aveuglément les protagonistes dans leurs péripéties où danger rime avec macabre, pour mieux se lier d'amitié avec elles à la vitesse de l'éclair, on a ici de quoi se dire que oui, Mnemosyne est hélas une série d'OAV aussi bancale que brouillonne.
Et malgré tout, au milieu de tout ce déluge, on retrouve une bande sonore, certes perfectible, mais très efficace combinant des musiques d'ambiances assez dynamiques avec des pistes mélancoliques, voire au contraire bouillonnante. Rien de foncièrement mémorable, mais rien de mauvais non plus, au contraire. A ce plaisirs musical se mêle un chara-design et un style graphique tout à fait maitrisé pour l'époque. Mention spéciale aux expressions des visages qui, bien que simples, demeurent détaillées et plaisantes.
Les scènes d'action sont fluides, plutôt bien gérées et grisantes par ce qu'elles proposent aussi bien en terme de chorégraphie qu'en terme de péripéties et d'originalité. Pour situer le style proposé par les scènes d'affrontement et d'action, il s'agirait d'un mélange étonnant entre du Canaan, du The Garden of Sinners (en naturellement moins maitrisé) avec une once de Black Lagoon et de Jojo's Bizarre Adventure.
En somme, le spectacle n'est pas extraordinaire, mais suffisamment captivant et maitrisé pour proposer des affrontements et de l'action plus qu'appréciables.
Mais ce qui m'a le plus surprise dans le bon sens du terme avec cet anime reste son originalité. Au delà de son histoire qui demeure assez classique et hélas décousue, il est vrai, on se surprend à découvrir en premier lieu une narration peu anodine. En effet, nous allons suivre une histoire qui proposera différentes timelines sans jamais trop perdre le spectateur, passant des années 90, aux années 2020, jusqu'au futur dans les années 2050 etc. Le paris était osé, mais en définitive, ce dernier est réussi, car l'histoire parvient à rendre ces changements compréhensibles et plutôt fluides, bien que paradoxalement brusques.
Mais au delà de l'idée de l'étalage de cette histoire sur une longue période, elle profite de chaque époque pour jouer sur des subtilités liées à ces dernières. En ce sens, j'ai été agréablement surprise de découvrir que l'idée de l'évolution des technologies avec la réalité virtuelle, la surveillance de masse et l'usage de satellites militaires, couplés au développement poussif des IA permettaient une réelle réflexion sur ce que deviendra notre avenir et les enjeux que cela pourra impliquer. Bien sûr, on reste loin d'une maitrise de ces sujets digne de Gunnm, Ghost in The Shell, Patlabor, Appleseed et j'en passe, mais l'exercice reste réfléchi et bien étudié.
En somme, l'histoire n'a de cesse de faire preuve d'originalité, soit par décadence et manque de réflexion, soit au contraire pour nous proposer quelque chose d’étonnamment pertinent. Que l'on aime ou non Mnemosyne, on ne peut le finir en étant complétement indifférent face à lui. Si l’œuvre peut sembler brouillonne par moments, son animation très soignée pour l'époque, son originalité, sa mise en scène réussie et ses scènes d'action grisantes comme son ambiance unique en font une série d'OAV qui sait aller au delà de nos attentes, pour le meilleur comme pour le pire.
Même si parfois, elle se plante, elle se plante avec panache, car on ne peut lui retirer le fait qu'elle aura au moins eu le mérite d'avoir tenter beaucoup de choses et même si sa fin reste bancale, on ne reste pas totalement sur sa faim en voyant le parcours proposé par l'anime pour en arriver à sa conclusion. On se remémore alors ses passages avec nostalgie comme s'il avait duré un long moment alors qu'il n'a pourtant duré que 6 épisodes et à défaut d'avoir trouvé un chef d’œuvre, on se satisfait d'avoir au moins regardé un anime divertissant, mais surtout très audacieux avec l'histoire qu'il nous propose.
En bref, ce n'est clairement pas un anime à conseiller à tout le monde, mais si vous êtes fans d'animation japonaise, d’œuvre audacieuse en tout genre et que les scènes de nudité ne vous dérangent pas, il faut avoir vu au moins une fois Rin Daughters of Mnemosyne, ne serait-ce que pour l'audace et l'exercice proposé. Comme je l'ai dit, qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il ne peut laisser indifférent.
Rin Daughters of Mnemosyne, c'est cet anime qui ne ressemble à aucun autre que l'on veut avoir vu au moins une fois et qui nous fait oublier le conformisme dont souffre beaucoup trop le monde de l'animation japonaise d'aujourd'hui.