Modern Love
6.8
Modern Love

Série Prime Video (2019)

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L'amour dans tous ses états (saisons 1 & 2)

SAISON 1 (7/10)


À l'approche d'Halloween, époque où fleurissent habituellement les anthologies horrifiques sur les chaînes et plateformes de streaming, Amazon Prime Video fait le choix de la contre-programmation la plus inattendue qu'il soit en sortant une anthologie... romantique. Mais, ici, point de romcoms formatées à l'extrême comme on en croise trop souvent, non, "Modern Love" se compose d'histoires d'amour se voulant, malgré l'utilisation de certains codes inhérents au genre, ancrées dans une réalité plus proche du quotidien urbain car toutes sont adaptées d'essais issus de la chronique hebdomadaire éponyme du New York Times.
Pour chapoter tout ça, on retrouve le talentueux John Carney, auteur de "Once", "New York Melody" ou encore "Sing Street" et donc un choix très judicieux vis-à-vis de cette approche grâce à sa capacité à jouer dans cette entre-deux romantique de réalité et de fiction (il sera à l'écriture et à la réalisation de quatre épisodes plus le dernier qu'il coécrit avec Tom Hall).


ÉPISODE 1 (7/10):
Par l'intermédiaire de son premier épisode mettant en scène la relation de Maggie (Cristin Millioti) avec le portier de son immeuble, "Modern Love" démontre que la série est bien là pour parler d'amour mais sous toutes les formes que peut recouvrir ce sentiment.
L'amour est bien présent entre ces deux personnages mais il s'exprime par une forme de bienveillance platonique, une sorte de lien père-fille de substitution qui se dessine au fil du temps avec ce portier albanais épris d'affection pour cette jeune femme isolée des siens.
Cet épisode pose également l'ambiance de la série : dans un New York à la frontière de la réalité et de l'idéalisation, le traitement visuel prend vraiment le ton d'une chronique en saisissant les instants fugaces d'une tranche de vie de ses personnages et en nous enfermant dans leur intimité où chaque regard a son importance afin de traduire un état d'âme. Les codes de la comédie romantique sont bien présents mais ils ne prennent jamais le pas sur une émotion toujours prompte à s'exprimer naturellement.
Bref, pour une entrée en la matière, "Modern Love" réussit son pari avec "When the Doorman Is Your Main Man", un épisode mignon (pas au sens mièvre du terme mais attachant) où l'évolution de la relation en son cœur s'avère touchante jusqu'à son terme.


ÉPISODE 2 (8/10):
Cependant, c'est réellement avec
"When Cupid Is a Prying Journalist" que la série prend toute son ampleur !
Pour nous relater une rencontre amoureuse, la première partie de l'épisode fonctionne déjà admirablement bien avec Joshua (Dev Patel), ce jeune créateur d'une application de rencontres se confiant sur un échec sentimental à une journaliste, toutefois, c'est vraiment la seconde moitié où les rôles s'inversent qui atteint des sommets. Emmenée par une formidable Catherine Keener et un invité surprise, cette deuxième partie d'épisode met en relief avec une justesse incroyable l'idée qu'une histoire d'amour interrompue peut influer sur le cours de toute une vie.
Bouleversant jusqu'à emporter sa conclusion dans un souffle romanesque irrésistible, ce deuxième segment de "Modern Love" fait battre notre petit coeur tellement fort avec ceux de ses protagonistes que l'on ne peut qu'espérer que le reste soit du même niveau.


ÉPISODE 3 (8/10):
Bonne nouvelle, c'est encore le cas de cet excellent "Take Me as I Am, Whoever I Am" emmené par Anne Hathaway !
Forcément, vu le passif de la comédienne dans le registre romantique, le début de l'épisode en joue avec jubilation pour nous présenter Lexi, son personnage a priori extraverti sentimentalement lors d'une rencontre virant à la comédie musicale dans ses pensées. Mais, comme elle le dira elle-même, la vie de Lexi n'est pas un "La La Land" perpétuel car le jeune femme souffre en réalité de troubles bipolaires extrêmement graves que l'on va découvrir dans ce début de relation contrariée.
La condition de cette héroïne va permettre à John Carney d'offrir un des épisodes les plus imaginatifs au niveau mise en scène à travers un génial plan-séquence théâtral résumant l'intégralité d'une vie ou un faux générique rétro toujours issus de l'imagination de Lexi mais la versatilité involontaire des facettes du personnage va surtout être l'occasion pour Anne Hathaway de livrer un grand numéro d'actrice, notamment lorsque la variation de personnalité intervient avec ce vide dépressif qui paraît engouffrer totalement Lexi dans des abysses sans fond.
C'est d'ailleurs tout l'épisode dans son ensemble qui pose ici un regard sincère sur ce mal trop souvent passé sous silence, l'isolement ou la dualité quasi-schizophrénique (judicieusement mise en parallèle avec l'image glamour d'une star hollywoodienne et la noirceur qui s'y cache derrière) qu'il induit sont ici traités frontalement à travers Lexi, personnage gagnant instantanément notre empathie et pour lequel on espère une évasion prochaine de cette cage psychique à laquelle son état le condamne.
Deuxième sommet de cette anthologie donc !


ÉPISODE 4 (6/10):
En s'attachant à la communication devenue impossible d'un couple marié depuis de nombreuses années, "Rallying to Keep the Game Alive" est un épisode beaucoup plus classique que les propositions précédentes. Alors, certes, Tina Fey et John Slattery se renvoient la balle avec une vraie jubilation et le ton doux-amer de l'ensemble où le conflit constant gouverne cette relation emporte au final notre adhésion mais ce segment emprunte bien trop de chemins déjà parcourus maintes et maintes fois dans ce type d'histoire pour surprendre réellement.


ÉPISODE 5 (7/10):
Rien de tel qu'un un séjour hospitalier pour apprendre à se connaître ! C'est ce que nous prouve "At the Hospital, an Interlude of Clarity" en racontant le deuxième rendez-vous de Yasmine (Sofia Boutella) et Rob (John Gallagher Jr) qui, suite à un accident, se retrouvent tous deux contraints de passer une nuit à l'hôpital.
Dans un sens, cet épisode est celui qui colle le plus au "Modern Love" 'intitulant la série. En effet, dans ce lieu où notre vulnérabilité se retrouve obligatoirement mise en exergue, ce couple en devenir se retrouve dépouillé des "masques" et autres artifices que la modernité de notre société nous contraint à arborer lors d'un rendez-vous. Débarrassés de leurs apparats, les personnages vont se livrer, ouvrir leurs failles et finalement en revenir à l'essentiel de ce sur quoi doit se bâtir une relation amoureuse durable.
S'il n'est peut-être aussi fort que les épisodes 2 et 3, il n'en reste pas moins très attachant, l'alchimie entre Sofia Boutella et John Gallagher Jr transpire à l'écran et la démonstration de l'épisode sur ces rendez-vous faussés par la superficialité de notre monde est on ne peut plus pertinente.


ÉPISODE 6 (5/10):
"So He Looked Like Dad. It Was Just Dinner, Right?" met probablement en scène la relation la plus ambigüe de la série en se centrant sur Maddy (Julia Garner), une femme-enfant en manque affectif d'un père mort trop rapidement. Son lieu de travail lui permet de croiser la route de Peter (Shea Whigham), un chercheur d'âge mûr lui rappelant énormément son paternel. Leur rencontre va déboucher sur une "liaison" où chacun n'aura forcément pas les mêmes attentes vis-à-vis de l'autre...
Si cet épisode se focalise sur une dépendance amoureuse extrêmement tordue, il est paradoxalement le plus ennuyeux de la saison en ne semblant pas trop savoir comment dépasser son idée de départ sur la durée sinon par ses conséquences les plus bizarrement attendues. À vrai dire, seuls la performance du duo Julia Garner/Shea Whigham (quelle superbe idée d'avoir réuni ces deux acteurs !) et les derniers instants réussis arrivent à maintenir notre intérêt.


ÉPISODE 7 (8/10):
Tobin (Andrew Scott) et Andy (Brandon Kyle Goodman), un couple gay, décident d'avoir recours à Karla (Olivia Cooke), une mère porteuse, afin d'avoir un enfant mais cette dernière au caractère bien trempé va bientôt semer la zizanie au sein de leur quotidien.
"Modern Love" devait bien à un moment ou à un autre se pencher sur l'acte d'amour ultime que peut représenter la naissance d'un enfant et il le fait dans la logique de la modernité de son concept en s'attachant au parcours du combattant que peut représenter une telle étape pour un couple homosexuel. Le meilleur moyen de concevoir, la paperasse administrative, l'attente interminable et, enfin, une mère porteuse pas forcément alignée sur la même ligne de conduite que les futurs parents... "Hers Was a World of One" nous fait partager non sans humour la jungle traversé par ce couple (en le comparant d'ailleurs à un documentaire animalier) jusqu'à la pénible cohabitation avec la future génitrice de leur enfant. S'il reste dans un premier temps léger en confrontant les modes de vie radicalement différents de ce trio réuni malgré lui, l'épisode n'en oublie pas pour autant de faire exploser l'émotion partagée par les personnages dans l'aboutissement de cet événement qui ne peut que changer à jamais leurs vies respectives. Avant l'arrivée du bébé, il y a en effet cette jeune maman qui va faire évoluer le regard de ce couple, le contrarier également parfois mais surtout le réunir et lui offrir le bonheur de l'acceptation d'être parent dans une situation pas forcément comme les autres.
Encore un épisode signé par John Carney, encore une réussite et, cette fois, sublimée par l'interprétation sans faille d'Olivia Cooke et d'Andrew Scott (déjà fabuleux en prêtre dans "Fleabag").


ÉPISODE 8 (8/10):
Après la naissance, "The Race Grows Sweeter Near Its Final Lap" nous envoie à l'autre extrémité de la vie avec le dernier amour vécu par Margot (Jane Alexander). D'une densité émotionnelle assez dingue, l'épisode nous fait vibrer avec cette ultime rencontre dont on découvre les prémices pendant que son inévitable issue se profile. Alors que l'on croit le point culminant de l'épisode atteint avec la superbe séquence du discours prononcé par Margot (dur de ne pas y laisser quelques larmes), celui-ci nous réserve une deuxième partie en forme de feu d'artifice final à la série. On en taira la teneur mais sachez juste que l'on ne pouvait pas imaginer plus belle conclusion à cette pluralité d'histoires d'amour...


BILAN:
Comme toute anthologie, "Modern Love" aura connu des hauts et des bas mais les premiers l'emportent haut la main sur les quelques baisses de régime qu'à pu connaître la série au fil des épisodes. Ceux écrits et realisés par le showrunner de la série, John Carney, se seront placés sans conteste au-dessus de la mêlée en termes d'impact émotionnel (les épisodes 1, 2, 3, 7) mais également celui de Tom Hall (épisode 5) et le dernier logiquement concocté par les deux compères. On aura adoré se perdre aux quatre coins de New York pour partager les tergiversations intimes de la plupart de ses personnages dans ce chassé-croisé sentimental à grande échelle et où la définition de l'Amour avec un grand A revêt bien des formes dans une société en constante évolution.
Les sourires provoqués par les tout derniers instants de la série seront les meilleurs témoins de notre appréciation d'une des représentantes les plus pertinentes du genre romantique par son approche, sa modernité et sa justesse.
Si saison 2 il y a, on sera évidemment là à nouveau pour faire vibrer nos cœurs à l'unisson avec elle...


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SAISON 2 (7/10)
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ÉPISODE 1 (8/10):
Près de deux ans après la première saison, l'anthologie romantique supervisée par John Carney fait son retour au cœur de l'été 2021 avec à nouveau l'objectif de faire battre nos coeurs un peu plus fort que la moyenne. Et, autant le dire toute de suite, les retrouvailles se passent admirablement bien avec ce premier épisode se délocalisant pour la première fois de la sphère new-yorkaise à l'Irlande, terre natale de son créateur qui assure ici l'écriture et la mise en scène de cette jolie piqûre de rappel sur la capacité de la série à parler d'amour pas forcément là où on l'attendait.
Médecin accomplie et épouse/mère d'une famille recomposée, Stephanie (Minnie Driver) nous est en effet présentée comme un personnage épanoui, une femme installée dans sa vie aussi bien sentimentale que professionnelle. Seulement, quelque chose semble la lier plus que de raison à une veille voiture que son compagnon espère lui faire vendre. Alors que "On a Serpentine Road, With the Top Down" tente de détourner notre attention vers un cliché de beau garagiste, il devient vite clair que tout gravite en réalité autour de la Triumph capricieuse en elle-même, devenue au fil du temps une attache ô combien précieuse de Stephanie à un passé qu'elle se refuse à abandonner. Certes, la révélation progressive des souvenirs liés à cette ancre émotionnelle vont tirer sur quelques ficelles tragi-romantiques attendues mais ils vont surtout mettre brillamment en lumière la façon dont un objet peut devenir un compagnon de route indispensable par le nombre d'instants essentiels qu'il incarne dans la mémoire de son propriétaire.
Avec la sensibilité de regard qu'on lui connaît, John Carney parvient à trouver un équilibre toujours touchant entre tendresse et douleur, surtout dans la manière de nous montrer à quel point la Triumph sert de refuge à Stephanie, et à répercuter ces réminiscences d'un passé pas si lointain sur le présent, notamment lors d'un très joli échange à cœur ouvert où cette tendance si humaine à se retourner vers le vécu via un objet est vue comme une donnée aussi indispensable qu'universelle pour espérer un jour avancer. Sublimé par le cadre irlandais, sa qualité d'écriture et sa comédienne principale, on ne pouvait espérer mieux comme épisode pour renouer avec ce qui nous avait tant plu dans la première saison de "Modern Love" !


ÉPISODE 2 (6/10):
Plus mineur, "The Night Girl Finds a Day Boy" marque à la fois le retour aux errances sentimentales dans la Grosse Pomme et à une simple rencontre amoureuse de deux inconnus.
Enfin "simple"... Vous vous êtes sûrement dit de temps à autre qu'un couple représentait le jour et la nuit par leurs différences respectives ? Eh bien, ce deuxième épisode adapte littéralement cette expression en faisant de la relation naissante entre ses deux protagonistes une main tendue entre deux mondes qui auront forcément du mal à évoluer en parallèle sur la durée. Passant par des phases romantiques classiques, où par exemple l'excitation de la découverte et du partage d'un nouvel univers laisse évidemment place à la frustration égoïste de ne jamais pouvoir vraiment intégrer son partenaire au sien, "The Night Girl Finds a Day Boy" est porté majoritairement par l'alchimie du duo Zoe Chao/Gbenga Akinnagbe à laquelle la conclusion rend extrêmement bien justice en trouvant une issue pertinente à la métaphore de l'ensemble. Mignon mais pas plus en somme.


ÉPISODE 3 (9/10):
Une autre rencontre amoureuse, entre deux étrangers dans un train en route pour Dublin après l'annonce du début du confinement, mais écrite et réalisée par John Carney et, soyez-en certains, cela fait une nouvelle fois toute la différence avec le caractère plus anecdotique du précédent épisode ! C'est bien simple, "Strangers on a (Dublin) Train" est une espèce de condensé absolument irrésistible du talent de cet orfèvre irlandais en matière de romcom, où les étincelles amoureuses, traits d'humour et détournements très bien pensés des poncifs cinématographiques du genre atteignent un firmament d'émotions et de sourires (et même de vrais éclats de rire) qui ne faiblit pour ainsi dire jamais ! Si l'harmonie naturelle entre ces deux potentiels âmes pas si sœurs (excellents Lucy Boynton et Kit Harington) est déjà en soi un festival de punchlines ou de situations faisant invariablement mouche (le regard décalé sur la faune des passagers, haha !), c'est bien entendu la situation exceptionnelle du confinement qui va perturber leur idylle naissante. Là où la plupart a utilisé cette triste période comme un gadget à des œuvres très oubliables, Carney en fait un ressort romantique idéal à l'inconnu des retrouvailles des deux tourtereaux, confinés dans leurs sentiments et sous l'influence de seconds rôles hilarants, le tout jusqu'à la malice du final qui a le soin de nous épargner l'habituelle effusion de sentiments pour laisser les palpitations de nos petits cœurs littéralement en suspens quant à l'avenir de cette histoire...
Osons le dire, "Strangers on a (Dublin) Train" est sans doute l'épisode de "Modern Love" qui mérite notre plus belle ovation jusqu'ici !


ÉPISODE 4 (5/10):
Sans crier gare, un coup de foudre peut vous frapper dès l'enfance  comme nous le rappelle le cas de Lil (Dominique Fishback), un nouvelle venue à Brooklyn, qui va flasher sur un camarade de classe au point de déjà imaginer sa vie future à ses côtés. "À ses côtés", elle le restera d'ailleurs durant toute sa scolarité, présentée par divers bonds dans le temps, mais, à son grand dam, seulement avec le statut de meilleure amie...
À nouveau, les allers-retours entre l'Irlande et New York ne se font pas en faveur des épisodes situés dans la ville américaine (et signés par d'autres auteurs que Carney). Le parcours amoureux de Lil est pourtant loin d'être déplaisant à suivre au fil des années et révèle même toute sa pertinence sur sa finalité (faire du désarroi sentimental accumulé une force à répercuter ailleurs, en l'occurrence le stand-up) mais, malgré toute la sympathie que l'on peut avoir à son égard, "A Life Plan for Two, Followed by One" a peu de chances de s'imposer comme un des gros temps forts de cette saison.


ÉPISODE 5 (7/10):
Beaucoup plus immersif, "Am I... ? Maybe This Quiz Will Tell Me" propose véritablement de nous faire ressentir au plus près le chaos de l'adolescence et de ses premiers amours. Caméra à l'épaule perpétuellement en mouvement, barvadages incessants, écrans omniprésents sous toutes les formes... la réalisation cherche en permanence à traduire la capacité de concentration volatile et éphémère de la jeune Katie (Lulu Wilson) devant les trop nombreux moyens de communication modernes/virtuels s'offrant à elle et mis au même niveau -sinon loin devant- du simple échange humain (avec sa mère notamment). D'ailleurs, Katie est plus particulièrement obsédée par les tests virtuels (type Nametests, Buzzfeed, etc) et, là où nous, adultes, n'y voyons que des imbécilités vaguement amusantes, nous sommes loin d'imaginer que leurs résultats peuvent être d'une importance capitale pour celle ou celui qui les juge comme des boussoles existentielles à travers ses yeux à peine sortis de l'enfance. Lorsque Katie en passe un pour déterminer son orientation sexuelle et que la réponse va dans le sens contraire des sentiments qu'elle éprouve pour une autre élève, autant dire que cela ne fait qu'ajouter une surdose de confusion à celle qu'elle ressent déjà à cet âge...
Par les tenants et aboutissants de son sujet, cet épisode écrit et mis en scène par Logan George & Celine Held est le premier aux États-unis de cette saison à saisir réellement toute l'ampleur que peut recouvrir le titre "Modern Love", nous rappelant qu'il est bon de se laisser guider avant tout par son cœur au lieu de voir ses sentiments influencés par les instruments les plus superficiels. Formulé ainsi, cela peut paraître mièvre mais "Am I... ? Maybe This Quiz Will Tell Me" évite bien au contraire cet écueil pour épouser avec justesse la sensibilité d'une adolescente en quête d'elle-même dans l'artificialité de notre monde.


ÉPISODE 6 (7/10):
Après avoir découvert la liaison que leurs conjoints respectifs entretenaient ensemble, Isabelle et Spencer, une jeune mère et un ex-soldat psychorigide, se retrouvent tous les deux dans le cabinet d'attente d'un psychologue... et décident d'aller boire un café, le début d'une possible relation née sur une douleur commune ?
Certes, "In the Waiting Room of Estranged Spouses" prend quelques détours bien pratiques en remettant trop facilement les anciens conjoints sur la route de ce possible couple en devenir ou s'attarde parfois trop longuement sur l'imagination prolifique de Spencer, toujours là pour représenter des choses qui lui échappent dans des univers qu'il contrôle mais le procédé devient plus répétitif qu'utile à la longue (seule la dernière rêverie a une jolie plus-value symbolique), et cela peut possiblement rendre cette histoire trop belle pour être totalement vraie aux yeux de certains (rappelons que la chronique du New York Times dont est inspirée la série se base sur des expériences vécues), toutefois, il est impossible d'éluder le caractère extrêmement touchant qui émane de cette relation improbable. En misant sur l'émotion de la reconstruction mutuelle et inespérée de ces conjoints délaissés, l'épisode peut également compter sur la formidable interprétation de Garrett Hedlund et Anna Paquin pour y faire souffler une belle bourrasque d'instants authentiquement romantiques jusqu'à son attachante conclusion qui nous ramène là où tout a commencé avec un immense sourire partagé avec ses personnages.


ÉPISODE 7 (6/10):
Il suffit parfois de croiser par hasard le regard d'un(e) ex pour raviver la flamme d'une relation marquante... Lorsque Robbie (Zane Pais) et Ben (Marquis Rodriguez) se reconnaissent mutuellement en pleine rue, chacun est assailli par la foule de souvenirs de leur rencontre au fur et à mesure que leurs pas les rapprochent l'un de l'autre. Cependant, chacun a gardé une vision différente de certains moments, en particulier de la soirée qui a conduit à leur séparation abrupte...
Le concept de "How Do You Remember Me ?" est tout bonnement génial, faire vivre des instantanés d'une relation à chaque pas et regards rapprochant deux ex-amants est déjà en soi une véritable belle idée de narration pour magnifier la puissance du lien qui les a unis mais y coupler leur interprétation personnelle des événements afin de souligner leurs erreurs ou maladresses dans le regard de l'autre ajoute un nouvel enjeu sur la manière dont va se passer leurs retrouvailles imminentes dans la rue. En fait, c'est peut-être le défaut majeur de cet épisode, son concept est tellement bon qu'on rêverait déjà de le voir adapté sur un format plus long qui pourrait sans doute en tirer de meilleures et plus ambitieuses choses. L'histoire de Robbie et Ben et la manière dont il se sont quittés a beau plutôt bien s'y prêter -il se passe réellement quelque chose dans les yeux de ces deux ex sur le point de se croiser- mais on reste un peu sur notre faim au terme de l'épisode, comme si on savait inconsciemment que cette magnifique idée a le potentiel pour servir des romances étalées sur le long-terme et en décupler encore bien plus l'émotion. En tout cas, pour ses premiers pas à la réalisation et à l'écriture, l'acteur Andrew Rannells (la série "Black Monday") fait des débuts très prometteurs.


ÉPISODE 8 (5/10):
Elizabeth et Van ont beau être séparés depuis plusieurs années, l'amour subsiste entre eux de manière si forte qu'ils décident de s'offrir une seconde chance. Les aléas de vie vont cependant amener Elizabeth à revoir ses priorités...
Cette deuxième saison de "Modern Love se termine sur une (très) relative déception. Réalisé à nouveau par John Carney à partir d'un scénario de son frère Kieran, "Second Embrace, With Hearts and Eyes Open" a pour lui la qualité de ses dialogues, de son interprétation (Sophie Okonedo et Tobias Menzies sont tout simplement irréprochables) ou de sa sincérité afin d'aborder le nouveau départ de ce couple contrarié par le pire des maux, cette histoire peut être même vue sous certains aspects comme une réponse au premier épisode à une période différente de l'existence, mais elle n'est hélas pas le feu d'artifice si réussi sur lequel nous avait laissé la première saison.
Alors, bien sûr, on se doute qu'il n'aurait pas été si aisé cette fois de réunir toutes les intrigues entre deux continents de cette saison au sein d'un même épisode (les conditions de production durant la période du Covid n'ont sûrement pas aidé de surcroît), toutefois, même si elle dispose d'une charge dramatique suffisamment solide, la deuxième chance qu'Elizabeth et Van s'accordent a beaucoup de mal à être aussi marquante que les meilleures propositions de cette saison et à, ainsi, représenter l'explosion émotionnelle idéale pour conclure de la meilleure manière ce si agréable voyage à travers toutes les histoires d'amour de cette deuxième saison.


BILAN:
Comme dans la saison 1, les épisodes signés par l'homme derrière l'anthologie, John Carney, vont encore se démarquer pour atteindre les sommets de véritables perles romantiques (les épisodes 1 et 3) mais, leur nombre étant plus restreint pour laisser la place à un plus large panel d'auteurs, il faut bien reconnaître que certaines autres histoires ne vont pas démériter et vont même prendre le dessus par leurs indéniables qualités dans la deuxième partie de cette saison 2 (épisodes 5, 6 et 7) ayant peut-être pour seul grand malheur de ne pas s'achever sur un épisode final aussi réussi et choral que son aînée. On pardonnera facilement ce faux-pas grâce à l'espoir de revivre une nouvelle salve de romances si bien pensées dans une éventuelle saison 3.

RedArrow
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le 22 oct. 2019

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