The Comeback est une fiction qui a gagné ses galons de série culte pour deux raisons : la première soyons honnêtes c'est son arrêt brutal au bout d'une excellente saison de 13 épisodes. Mais on chérit aussi la série pour sa grande acuité et son mélange des genres audacieux et un peu brutal pour l'époque.
Parce qu'en 2005 les méta sitcoms n'étaient pas encore banales (depuis 30 Rock, Episodes ou encore Community entre autres ont pavé le chemin) et que l'envers du décor télévisé y est dépeint brutalement, The Comeback pourtant mené par une Lisa Kudrow tout juste sortie de Friends ne rencontrera pas son public menant HBO à son annulation. Il faut dire que Kudrow et King (créateurs de la série) n'y sont pas allés de main morte pour créer le personnage de Valerie Cherish, anti-héroïne à baffer, actrice ringarde et oubliée qui va se prêter à contre cœur à l'exercice de la télé réalité pour tenter de retrouver le succès. Le personnage est loin de susciter l'empathie immédiate, la série jouant à fond sur l'humour gênant (on pense souvent à Michael Scott de The Office au début) qui fait souvent mouche en posant toujours le spectateur face aux désillusions de Valérie, à l'écart énorme qui sépare la vision qu'elle aimerait donner d'elle même et la cruelle réalité. La série mélange donc des genres qui ont depuis fait leurs preuves : anti héros, satire sans pitié, mockumentary mais qui tiennent encore à l'époque le grand public (malgré HBO) à l'écart.
Toutes les séries arrêtées au bout d'une saison ne sont pourtant pas devenues cultes. Bien que confidentielle, The Comeback a toujours eu ses aficionados, qui peuvent comme moi vous réciter des dialogues entiers avec les intonations exactes, et qui se sont toujours demandés ce qu'aurait pu être le destin de sa protagoniste. Car la clé du culte se trouve peut être là : Valerie Cherish est courageusement incarnée par une Lisa Kudrow qui a foutu son égo de côté pour faire vivre son personnage indépendamment de la pourtant déjà cultissime Phoebe. Le personnage est plus vrai que nature et parait tellement crédible et touchant en fin de saison qu'il emporte une vraie adhésion. Les faux comptes twitter et facebook sont toujours actifs près de 10 ans après, malgré les rares éléments de langage que seuls 13 épisodes ont pu délivré.
Et si la série repose entièrement sur les épaules de son anti héroïne, la qualité du reste est au diapason : l'écriture est incisive et hilarante, la réalisation est remplie de détails, la caractérisation est bien équilibrée entre caricature et dérision, et alliées à la courte durée (pour le moment) de la série ces qualités garantissent sans problème de multiples visionnages. C'est du très très lourd. Au moment où les fans de Veronica Mars ont réussi à sortir leur héroïne de ses cendres, HBO a un vrai coup à jouer avec le retour annoncé de The Comeback pour une deuxième saison de 6 épisodes. C'est excitant et effrayant, parce qu'il ne va pas falloir trahir les fans tout en essayant de voire plus grand, mais toute l'équipe d'origine répond présent et le sentiment de revanche (et de justice même!) l'emporte.
RDV à l'automne pour on l'espère un deuxième People Choice Award.