Dès l’annonce de ce Monstres & Cie au Travail, je n’ai pas su me positionner. Une énième suite prétexte à enrichir le catalogue de Disney +, là-dessus, aucun doute, ça puait l’opportunisme à plein nez. Ouais, mais c’est Monstres & Cie, ton Pixar préféré et après tout, il y a tant à montrer sur Monstropolis que ce serait dommage de cracher allègrement sur cette série sans la voir. Et puis une dernière chose, le postulat de base était tout sauf dégueulasse. Comment la compagnie d’électricité allait gérer la transition vers la nouvelle énergie qu’est le rigolowatt, comment reformer ses employés, quelle conséquences économiques, écologiques ? Le film de base nous laissait sur l’idée que tout allait bien dans le meilleur du monde mais p’tet qu’en fait non. P’tet même qu’avec Sully et Bob à la direction de Monstres & Cie, on allait droit vers un fiasco, comment tu veux transformer des terreurs en blagueurs, comment tu veux convaincre une société qui a toujours fonctionné à l’énergie de la peur que le rire est plus sain ? Mine de rien, il y en avait des choses à explorer avec ce Au Travail étant donné la richesse de l’univers.
Alors est-ce que cette série parvient à explorer ces idées, voir même à me surprendre avec de nouvelles…pas vraiment. En fait, Au Travail est exactement ce que je craignais, une pauvre série humoristique où chaque épisode de vingt minutes nous raconte une p’tite histoire sans qu’il y ait de véritable fil narratif. Après, oui, un fil narratif, il y en a effectivement un avec le personnage de Tylor Tuskmon, nouvelle recrue formée pour faire peur et qui va devoir apprendre à faire rire tout en travaillant en tant que mécanicien à la MIFT (une bande de frappadingues marginaux mais attachants). A chaque épisode, il va tenter le tout pour le tour pour se faire bien voir de Bob et Sully et être intégré à l’unité des blagueurs quitte à se comporter en odieux connard égoïste auprès de ses camarades de la MIFT (mais heureusement pour lui, ces abrutis sont indulgents au point de lui pardonner la pire des crasses).
Mais est-ce que le personnage de Tylor a de quoi porter toute la série ? Clairement pas. Je dirai même plus, au bout de quatre épisodes, la lassitude se fait déjà sentir, surtout face à l’horrible Dream Team Razowski, preuve irréfutable de fainéantise. Ce quatrième épisode est celui qui m’a convaincu. Quand on nous sort un alter-égo à Bob qui a exactement le même chara-design sauf qu’il est noir, on a passé le stade du foutage de gueule. Moi, je regarde Monstres & Cie pour qu’on m’enrichisse un univers foisonnant, ce que faisait Monstres Academy malgré son histoire banale. Je veux des monstres au chara-design amusants, originaux. Nous sortir un Bob noir, c’est un aveu de paresse. Alors quand en plus, l’histoire est convenue, moi, je me dis juste qu’on se fout de ma gueule et que Disney peut bien aller se faire foutre avec sa pseudo-suite de branleur. Et le reste n’est pas là pour me rassurer, les épisodes sont classiques, pas intéressants, jamais surprenants, bref, l’ennui.
Alors certes, reste quelques bonnes idées cachées un peu partout comme le retour de l’Adorable Homme des Neiges qui en plus, permet de faire le lien avec les évènements passés de Monstres & Cie, le personnage de Fritz qui fait quand même bien rire et Bob Razowski, certes, moins amusant que d’habitude mais le simple fait d’entendre Eric Metayer réussi à me ravir. On finit presque par oublier Sully complètement éclipsé de la série (il doit apparaître dans la moitié des épisodes mais ses apparitions ne sont jamais remarquées). Et puis bon, le dernier épisode rattrape quand même un peu tout avec une collecte de rire d’enfants ma foi très amusante et une scène finale touchante. Ce dernier épisode prouve d’ailleurs que quand la série fait avancer son intrigue, à savoir celle de Tylor, elle réussi à provoquer une certaine tendresse de ma part.
Parce que bon, sur dix épisodes, il doit bien y en avoir cinq ou six qui tournent en rond, se contentant de nous montrer des tentatives ratées de Tylor à devenir blagueur. Et puis bon, je trouve qu’on voit un peu trop Tylor, j’aurai aimé voir davantage comment Bob et Sully gèrent l’entreprise plutôt que de rester éternellement chez la MIFT. C’est dommage, parce que si les créateurs d’Au Travail s’étaient plus investis, on aurait pu avoir une série vraiment sympa à suivre et je n’aurai pas rechigné à l’idée d’une nouvelle saison. Là, j’ai juste l’impression qu’on nous a fait un truc à la va-vite pour inciter le plus de monde possible à se procurer l’abonnement Disney +, ça ressemble beaucoup à un guet-apens quand même. M’enfin bon, maintenant que la plate-forme est bien installée, ils se lancent dans de nouvelles séries /suites comme le prochain sur Doug de Là-Haut, j’espère que le studio ne se contentera pas une nouvelle fois d’un travail bâclé mais j’ai peu d’espoir.