Récapitulons : en 2016, la prodigieuse Phoebe Waller-Bridge propose la saison 1 de Fleabag, série courte, intense, à la fois drôle et mélancolique, une des grandes réussites de l'année.
2019, France. Canal + produit une adaptation de la série anglaise, avec Camille Cottin à la place de PWB. Et c'est catastrophique, et ce dès le début.
La comparaison fait mal, parfois et là, c'est clairement le cas. Les premiers instants de Fleabag étaient comme un électrochoc pour le spectateur. L'énergie de PWB, la précision du texte, la vitesse et l'intensité avec laquelle il est délivré, la réalisation... Tout faisait de cette série une expérience formidable.
Mouche propose cette intro quasiment décalquée. Mais où tout est moins bien. La musique (riff de Get Behing Me Satan des White Stripes chez Fleabag) est molle, la réalisation est quelconque, l'image est terne, l'acting est mou. Et tout est comme ça. Mention spéciale aux moments face caméra, marque de fabrique de la série originale. En VO, PWB les rend intense en débitant son texte avec une énergie et une vitesse folles. Il y avait une urgence dans Fleabag, celle de partager une expérience, de témoigner. Une vraie complicité se nouait entre le spectateur et le personnage principal.
Et en France ? Ces moments sont d'une tristesse... Camille Cottin parle au spectateur lentement, posant chaque mot, avec un ton et une voix qui veut donner un côté mystérieux et profond au personnage. Mais tout ce que cela fait, c'est l'éloigner, lui retirer la vie qui était présente dans l'oeuvre originale.
En fait, dans Mouche, tout est plus français. Et on se fait chier. Cette série est l'illustration parfaite de ce qui ne marche pas dans la production télévisuelle française. Pourquoi les réussites ne sont que des accidents et la médiocrité, la norme.