Lancée le 21 septembre aux Etats-Unis, Mr Pickles est la nouvelle production de la chaîne Adult Swim, canal spécialisé dans le cartoon scabreux et trash. Le dixième et dernier épisode de cette première saison sera dévoilé le 23 novembre ; la plupart des épisodes sont visibles depuis mi-novembre avec des sous-titrages français, aucun canal n'a vocation à les reprendre en VF, le label Adult Swim n'ayant pas un tel succès. Dans le cortège de la « dark comedy », Mr Pickles est roi. Racontant les pérégrinations d'un chien satanique et sa famille dans l'Amérique rurale, Mr Pickles enchaîne les atrocités et les outrances avec un ton guilleret et surréaliste.
A côté de cette série, Harmony Korine est une majorette (Trash Humpers), Rob Zombie une drama queen précieuse. On peut aussi se dire que c'est du Rob Zombie (The devil's rejects, Halloween 2) sous acides, juste sans le fond, sans le talent, sans la subtilité : sans rien de ce qui fait Rob Zombie en fait, sinon le flirt avec des bêtes immondes dans l'allégresse totale, avec un sentiment d'impunité et aucune considération devant l'Horreur. Mr Pickles fait partie de ces produits à la créativité débridée, allant dans tous les sens, ne construisant rien : il aligne les morceaux chocs sans savoir rien encadrer. Même pour glisser tant de purin dans nos cerveaux libres, il faut un minimum d'intelligence.
Car subir tant d'immondices sans contrepartie, c'est trop. Série horrible et déviante oui ; et après ? L'humour est misérable, les qualités d'écriture inexistantes et au bout de la logorrhée, même pour un créateur standard, on arrive à empiler de la merde sur de la merde. Du reste, c'est une vision totalement puérile de ce que serait le Mal accompli ; comme représentation de la vie terrestre transformée en carnaval dégénéré, c'est un brouillon avec des éléments costauds. Même les démons peuvent être structurés, si si ; avoir du style aussi, c'est encore autre chose ; par conséquent, cette série est simplement très pénible à suivre.
Le pilote et le premier épisode (il y en aura donc onze) sont les plus extrêmes. Ensuite, la série devient plus structurée, le nombre d'atrocités est plus réduit, leur degré également. Tout en demeurant profondément débile, Pickles accède à la lisibilité. Aux redondances succède même un certain surplace, avec toujours les mêmes gags via les tarés récurrents (la démarcheuse, le shériff). Le format très court plaide en la faveur de Mr Pickles, car sur plus de 11 minutes, les auteurs n'auraient somme toute rien à ajouter, sinon plus de décapitations, de morceaux de corps broyés, de suggestions pédo/nécro/zoophiles et de monstruosités hystériques.
Aux auteurs, on peut conseiller d'allez voir du côté des Urotsukidoji, certes bien plus posés, ou alors du Salo de Pasolini, mais cette vision de l'enfer sur Terre est peut-être trop sophistiquée et trop humaine. Mr Pickles n'est plus humain, c'est pour cela que sa violence heurte, dégrade le spectateur, mais n'affecte pas profondément, ne faisant qu'exposer des fantasmes croisant pop culture (The Cheeseman [1.04] est une référence aux slashers et à Vendredi 13 en particulier) et occultisme discount, mais féroce. Pour le gore à gogo, il y a aussi, naturellement, Happy Tree Friends.
http://zogarok.wordpress.com/2014/11/18/mr-pickles-saison-1/