My Mister est la nouvelle série du directeur Kim Won-Seok, également illustre directeur de l’exceptionnel « Mad Men » coréen moderne Misaeng (lire ma critique) puis de Signal (lire ma critique). A seulement 40 ans, on est sur les bases d’un génie du monde de la télévision.
Sans vouloir trop les comparer, on peut au moins signaler que ceux qui auront aimé Misaeng aimeront My Mister, et inversement. Mais posons-nous plutôt la vraie question : qui peut ne pas aimer ? On se retrouve dans un même contexte sociologique avec en lieu principal les bureaux d’une entreprise, et des critiques inhérentes à la société coréenne comme n’exister que par le statut social conféré par l’entreprise. On aborde de façon toujours subtile la vie, la famille, la solitude, l’argent, l’échec, le travail, la pauvreté. My Mister répond à deux grandes questions : comment s’échapper du fardeau de la vie et vivre sans honte ? Comment vivre heureux ?
Les autres points communs se trouveront du côté du rythme de la série, plutôt lent avec une écriture incroyablement soignée. Il n’est surtout pas question de s’ennuyer. Chaque dialogue compte, chaque regard compte, chaque souffle compte, chaque silence compte. Et bien que ce soit une série sombre avec une pauvreté régulièrement au centre des débats, la photographie reste absolument exceptionnelle.
La série touche malgré tout des genres plus larges que Misaeng : une série dramatique, d'enquête, un thriller à la fois psychologique, social, politique et sentimental. De ce fait elle se transforme en une œuvre avec des ambitions moins exclusivement autobiographiques de la Corée. En bref, il est inconcevable de ne pas adorer My Mister.
Je commence ma critique sans vous parler clairement du scénario, c’est volontaire. Chaque détail de la série y compris le profil des personnages principaux, leur passé ou leur psychologie me semblent quelque chose de trop précieux pour qu’ils vous soient révélés.
A titre personnel, j’ai juste eu besoin de savoir que c’était le même directeur que Misaeng et de voir la série récompensée par les fans et critiques pour n’avoir qu’une seule hâte : la regarder.
Je conseille même de ne pas lire le synopsis, de ne pas voir une bande-annonce. C’est mieux de découvrir par soi-même devant les épisodes. De toute façon le drama part suffisamment fort dès le premier épisode pour comprendre sa trame et s'y accrocher.
Pour terminer, on peut simplement noter que l’un des deux rôles principaux voit la présence de la chanteuse IU. C’est-à-dire chaque année l’une des personnes les plus influentes de Corée du Sud (selon Forbes Korea Power Celebrity). Elle est captivante dans son rôle de Lee Ji-An. Ne trouvez-vous déjà pas l'affiche de la série tellement forte et inspirante ?
MaJ 1 2019 : et pour l'acteur principal, son visage est depuis reconnu internationalement avec son rôle dans Parasite.
Pour plus de détails, je recommande sinon la longue et belle critique de Zadie Dramagazine et celle de grantofficer qui ont su mieux trouver les mots que moi.
MaJ 2 2020 : 18 mois après je regarde encore quasiment chaque semaine des montages de fans ou des extraits de My Mister (je suis sérieux), et je me suis refait 5 fois le drama à côté de ça. Avec le recul, bah j'ai absolument le même avis que ce que j'en avais pensé et écrit au premier visionnage.
MaJ 3 : Vous pouvez voir mon autre thread Twitter avec les meilleurs images de My Mister ici (et environ 500 sur Google Drive) parce que c'est à ce point que j'aime ce drama. D'autres excellents threads qui ne sont pas de moi 1, 2, 3, 4.
MaJ 4 Netflix : My Mister étant désormais sur Netflix, je tiens à préciser que le sous-titrage est médiocre : Park Dong-Hun vouvoie Lee Ji-An du premier au dernier épisode. C'est à l'opposé de la relation qu'ils vont se créé sur toute la durée du drama. Et d'ailleurs, les sous-titrages dans les autres langues utilisent à raison le tutoiement. Pire encore, vous interpréterez très mal la conclusion de My Mister. C'est con quand même... Pour 3$ par mois sans engagement, vous avez Viki qui fait un travail remarquable avec ses équipes de traducteurs. Thread avec des multiples exemples du mauvais sous-titrage Netflix ici.
MaJ 5 : Je recommande la lecture de The beauty of sorrow in The TV Masterpiece, My Mister. C'est une très belle critique faisant également office d'introduction aux dramas pour les novices avec une explication de l'état d'esprit des coréens, qui se définit notamment à travers le "han" et le "jeong". On le ressent continuellement dans My Mister.