La série où il y a un cafard interstellaire et une star du rock dedans
New York : section criminelle, c’est la seule série policière que je suis parvenue à suivre assidûment jusqu’à la neuvième saison (jusqu’à la séparation du couple phare et pionnier de la série en somme). J’ai commencé par la suivre, en pointillés et dans le désordre le plus complet, sur une célèbre première chaîne avant de me fendre de l’achat des DVDs, ce qui m’a permis notamment de goûter à la VO qui révèle la série sous un tout autre jour.
Alors, NY : SC, qu’est-ce que c’est ? Comme dit au-dessus, c’est une série policière, qui a pas mal d’années au compteur maintenant et dont les couples d’inspecteurs ont pour but de résoudre des affaires de meurtre. Le duo fer de lance est composé de Robert Goren (Vincent d’Onofrio) et Alexandra Eames (Kathryn Erbe), qui officiait au départ sous les ordres de James Deakins (Jamey Sheridan), puis sous ceux de Daniel Ross. Les duos suivants seront eux, composés notamment de Mike Logan (Chris Noth) et Zach Nichols (Jeff Goldblum qui a la même façon de compter que Ian Malcolm).
Je m’étendrai davantage sur le premier qui, pour moi, représente tout l’attrait de cette fiction. Physiquement, on se retrouve avec un couple à la Laurel et Hardy : Goren est un colosse, taillé comme une armoire à glace, là où Eames est une crevette, haute comme trois pommes. Cette association pourrait prêter à sourire mais ce n’est pas le cas (où seulement dans les premières minutes de visionnage). Psychiquement, Goren est une bibliothèque dont les étagères sont au bord de l’effondrement alors qu’Eames a moins de culture à étaler sur sa tartine, mais un esprit de déduction solide et une patience d’ange.
Goren, c’est un profiler qui a des synapses jusqu’au plus petit recoin des circonvolutions de son génial cerveau. C’est un type qui sait parler 72 langues différentes, jouer du bouzouki congolais et qui connaît toutes les feintes des échecs austro-hongrois. Mais, c’est un flic qui ne vit qu’à travers son boulot : avec une mère malade, un père mort depuis des lustres et un frère toxico, sa vie sociale est réduite à néant. Un poil autiste sur les bords, il n’aime pas le changement et est truffé de tics. Concrètement, il reste en place à la brigade parce qu’il résout ses enquêtes avec brio et parce qu’Eames est capable de le canaliser et de le faire redescendre de sa planète.
Cette alchimie, fragile, va être mise à mal au fur et à mesure des saisons par des évènements professionnels et personnels qui toucheront tour à tour les membres du duo (mais surtout Goren). Et ce sont toutes ces épreuves qui font que cette scène, qui entame la neuvième saison, a été pour moi la plus belle de toutes celles où le couple apparaît à l’écran. Je n’en dirai pas plus pour vous laisser le plaisir de la découverte.
Pour ce qui est des autres duos, eux-aussi se trouvent confronter à des enquêtes ou évènements qui vont ébranler la solidité de leur binôme. Cependant, leur arrivée tardive fait que l’impact de ces faits est moindre sur le spectateur. Néanmoins, contrairement à sa consœur de l’Unité Spéciale, cette série a su habilement mêler les enquêtes et les états d’âmes des inspecteurs (en tout cas, le traitement plus en profondeur des personnages se met en place beaucoup plus rapidement que dans la série voisine où, finalement, pendant longtemps, les épisodes ne tournaient qu’autour de l’investigation en elle-même sans que l’on puisse assister aux conséquences émotionnelles de celle-ci sur les détectives).
Certains reprocheront cependant que l’accent soit essentiellement mis sur les larges épaules de Goren. En effet, la série démarre sur le postulat de base que Bobby est un super agent qui, à partir d’un cheveu trouvé sur une scène est capable de deviner la pointure du tueur et sa passion pour l’harmonica finlandais. Tout va bien jusque là puis un personnage, un suspect, va faire son apparition et répandre des grains de sable partout dans les rouages de la mécanique. Et c’est à partir de là que les tuiles s’accumulent sur la tête de ce cher Robert, là où ses petits camarades vont passer relativement bien entre les mailles du filet. A partir de là, certains réclameront une réorientation de l’intrigue davantage sur les autres duos. Toutefois, à mes yeux, seul le couple Goren/Eames est suffisamment développé et cohérent pour être digne d’intérêt.
Concernant les enquêtes, toutes n’apportent pas le même niveau de divertissement, certaines sont même rapidement oubliées mais on retrouve ici le même concept que dans la série New York : Unité Spéciale, avec ces épisodes qui ne s’achèvent pas tous dans la joie et la bonne humeur. Et l’incarcération d’un malfaiteur n’est pas systématiquement synonyme de victoire. D’ailleurs, quelques criminels parviennent à passer entre les gouttes (Nicole Wallace, pour ne citer qu’elle). Bref, les membres de l’unité ne sont pas des surhommes et des surfemmes, et ça ne fait pas de mal de le rappeler.