Cette impression de ton professoral est particulièrement irritable, pourtant il est difficile de l’éviter dans le cas présent. Certes il s’agit d’une série de production française, canal +, certes avec des bons acteurs (ou du moins connus et quasi-césarisés : aka l’ex comparse d’un certain Didier dont je tairais le nom, mais je m’égare) ; une idée initiale originale et prometteuse, certes, certes. J’entends bien qu’il faut faire en sorte de pousser la production locale face à l’hégémonie du grand capital et du monopole sériel americano-britanico-netflix-amazonien.
Mais le constat est là : tout n’est pas au niveau. Loin, très loin de là. Je présuppose donc que certains éléments le sont, et il est préférable de commencer par ces points.
La série prend des risques, elle possède une réelle identité et cherche à nous dire quelque chose, ou du moins à nous emmener quelque part. L’atmosphère est intrigante, assez oppressante dans l’ensemble et parvient à elle seule à nous tenir en haleine (sur les premiers épisodes du moins). C’est déjà donc un point particulièrement positif : la série nous fait quelque chose et conserve une certaine justesse sur l’ambiance. Bravo pour cela.
De même, la longueur est globalement bien calculée (6 épisodes) et la fin ne laisse pas place à une seconde saison (du moins je l’espère). Ainsi la série ne constitue pas un engagement trop grand pour le spectateur et le visionnage peut s’établir autour de l’impression.
Pourquoi est-il préférable d’en rester à l’impression ?
Tout d’abord, la série ne brille objectivement pas par la qualité de son scénario. Bien que l’idée de l’intrigue initiale prête à la curiosité, Nox tombe trop rapidement dans les travers des séries typiquement françaises, et en l’occurrence très souvent policières. Je ne vais pas donner d’exemples précis (auquel cas l’ambiance ne pourra définitivement plus suffire à tenir le potentiel futur spectateur en haleine sur 6h), mais les retournements de situations pullulent pour une série aussi courte, et les fusils de Tchekhov tirent à balles réelles.
Nox n’arrive pas à faire simple et efficace, il faut montrer au spectateur que tout a été pensé et que l’ensemble des évènements parviennent à donner une cohérence globale approximative, à l’image de la plupart des films ou séries policiers français. Censé époustoufler le spectateur comme face à une toile de Bosch, on se retrouve finalement comme McFly devant son puzzle.
Je ne vais pas m’étendre autant sur la faiblesse accablante des dialogues. Chacun s’en rendra assez rapidement compte de toute manière. Ce qui est fâcheux c’est que cela nous rend Nathalie Baye insipide et Malek Zidi sans grand consistance non plus. Vraiment dommage.
Enfin, certaines scènes sont totalement convenues et tout simplement mal dirigées. Comme si tout le zèle créatif s’était condensé autour des catacombes, rendant ainsi, par l’absence de recherches, presque comiques toutes les (nombreuses) scènes dans le bureau de l’IGPN. De plus, je me contenterai d’évoquer simplement la « hackeure » (done).
Nox échoue donc dans son entreprise et subit son propre paradoxe. En voulant détourner le regard des clichés généralement établis et commis dans les productions (policières) françaises, on vient malencontreusement à enfoncer le doigt dans la plaie.
La série nous dit finalement bien peu de choses, elle nous propose un voyage dans les sous-sols de Paris qui perdra rapidement en saveur à cause de tous les détails qui s’enchevêtrent péniblement.