Comment aborder la critique de la saison 3 de manière sensée et impartiale ? Je dois avouer que j'ai eu besoin de plusieurs jours pour me mettre les idées au clair. Une adaptation en anime est très différente du Novel dont elle est tirée et il faut savoir faire la part des choses.
Pour faire bref, si vous ne voulez pas lire le pavé qui suit, disons que si vous avez aimé la saison 1 ET la saison 2, vous allez apprécier la saison 3, sans aucun doute.
Pour ce qui est de l'esprit de la série, cela ne change pas. Je ne vais pas tout répéter une seconde fois donc je vais faire un bref résumé de ce que j'avais déjà dis dans ma critique de la saison 2 : Overlord n'est pas un Isekai dragonball, il n'y a pas de progression shonen du personnage principal mais plutôt une progression du monde AUTOUR du personnage, la construction des personnages secondaires est vitale, même s'ils semblent insignifiants à l'échelle du héro, parce que plus que jamais, ce n'est pas la puissance brute qui compte.
Dans cette troisième saison, toute la prospection des saisons précédentes trouve son sens et c'est là que le personnage d'Ainz commence à cliver et que l'auteur révèle le génie de l'écriture du personnage. En effet, Overlord ne raconte pas (je le répète) l'histoire d'Ainz, mais l'histoire d'Ainz et du nouveau monde qui réagit subitement à l'apparition d'un dieu de la mort, qui est loin d'être le héro basique d'un Isekai quelconque peuplé de waifu aux gros seins (Isekai Maou je t'en veux encore ...). Dans moult d'Isekai, le héro arrive dans un monde différent et avec son pouvoir divin vainc les démons qui ne peuvent rien contre lui. Sauf que dans le cas présent, c'est Ainz et ses sbires qui sont les démons et ce sont les héros du nouveau monde qui ne peuvent rien contre lui, ce qui rend la partition du récit bien plus complexe a lire.
Imaginons par exemple que lors d'un périple, le personnage principal affronte un bandit, il le tue et l'histoire s’arrête là. Sauf que dans Overlord, ce bandit volait pour subvenir aux besoins de son village, les enfants du bandits sont à présent très en colère et vont vouloir tuer le meurtrier de leur père, et donc au fur et a mesure des extrapolations cela va changer le fil de l'histoire, tout ça à cause de l'action apparemment sans conséquences du personnage principal. Maintenant, imaginez que le personnage principal est une liche surpuissante qui inspire la terreur, et que ce n'est pas 1 bandit mais 100 000 soldats qui viennent d'être massacrés... imaginez les implications. C'est l'angle narratif d'Overlord : les conséquences sont présentes, et chaque acte est important.
Depuis la saison 1, divers indices montrent que Ainz n'est pas "méchant" à la base mais est très durement influencé par sa condition de mort vivant (et accessoirement de quasi dieu de la mort) qui lui inhibe les émotions et lui fait considérer les humains et autres habitants du monde que comme des insectes (rappel : il n'a aucune envie de secourir les villageois a la base, il sacrifie les aventuriers comme des pions, assassine même d'autres héros ou fait kidnapper et torturer des villageois pour les utiliser comme du bétail dans les expériences de Demiurge) ce qui fait que le personnage flirt depuis le départ avec la description d'un psychopathe sans s'en rendre compte. Cependant, ces indices étant très minces et pas forcément expliqués par des exemples précis, on aurait tendance a ne pas écouter ces avertissements et mettre cela sur le compte de l'univers (très très froid et cruel, un bonne réussite sur ce point : les viols, les massacres, les assassinats - mention spéciale à Solution qui dévore un fœtus dans la saison 2 ). C'est assez évident : Ainz EST l'un des méchants, il est une menace indiscutable pour le monde et pour l'humanité, et c'est ce qu'on adore dans le personnage et la série.
Ainsi, lorsque la saison 3 commence à VRAIMENT massacrer des gens sans se cacher, et commet le péché suprême : tuer une jolie fille, la levée de boucliers est instantanée et beaucoup de personnes ont été déboussolées en découvrant la cruauté de Ainz, mais c'était un passage obligé pour mettre les points sur les "i" et préciser le personnage.
Ensuite cette narration nécessite certains outils pour être vraiment exploitée a son maximum :
- D'abord musicaux : une bonne musique transporte le spectateur et exalte ses sens, permettant de mettre une emphase sur le dramatique ou l'épique d'une scène. Et Overlord rempli globalement le contrat sans peine, de nouvelles bandes sons très sinistres sont présentes aux bons moments et assombrissent assez bien l'ambiance.
- Ensuite graphiques : il est très important de bien représenter les émotions,les scènes et les faire passer a travers une scene. Et là le bilan est ... mitigé. Autant certaines expressions faciales sont bien retransmises, autant le pinacle de la série, aux épisodes 11, 12 et 13 est scandaleusement saccagé. La CGI est ce qui qui m'a fait hésiter a mettre 7/10 alors que j'étais parti sur un 9 à la base... Ce qui est d'autant plus triste, est que c'est une partie très Lovecraftienne qui est bâclée, alors que la description dans le light novel est très bien réussie. Utiliser des éléments de lovecraft n'est pas facile et l'auteur avait réussi à bien les gérer. Hélas ce ne sera pas retranscrit entièrement.
Au final les personnages sont bien exploités, chacun jouant son rôle de rouage essentiel dans le déroulement du scénario, et au dessus, Ainz tirant les ficelles sans s'en apercevoir ( l’élément comique de la série ). Comment le monde réagira-t-il à Ainz Ooal Gown ? C'est ce qui fait suivre cette histoire avec envie.
Encore une fois, la série construit les intrigues avant de les conclure, ce qui pousse à certains épisodes moins fascinants que d'autres. Soyez patients et attentifs aux nombreux détails et sous entendus qui enrichissent les situations et vous ne pourrez pas être déçus de cette série.
Bon visionnage et longue vie à Ainz Ooal Gown !