Premiers baisers ou la nostalgie de la volupté.

En vérité je crois que Premier baiser n'est pas seulement une télé-série cheap de TF1. Non, c'est une ambiance, celle du début des années 90, du club Dorothé, rituel du mercredi après-midi en pyjama Waikiki à attendre l'épisode Dragon ball et le goûté de 16h30, un repas principalement constitué de Petit lu et d'un demi litre Banga orange (ma drogue, à l'époque). Bref vous savez quoi ? C'était l'un des meilleurs moments de ma vie, viens on en parle.

Je suis obligé de parler de premiers baiser à travers moi, mon regard, celui d'un gamin à l'époque.
Ainsi, pour moi, entendre les premières notes du générique et me précipiter sur le canapé du salon, être amoureux transi du personne d'Annette pendant des années sans que personne ne le sache tout en ayant l'impression de détenir un secret de la plus haute importance, connaître sur le bout des doigts les musiques du générique de fin interprétées par Christophe Rippert ; oui, quand je parle de premier baiser je ne suis évidemment plus sur le terrain de la lucidité.
Je crois qu'on ne peut pas parler objectivement de cette série, surtout quand elle touche autant à la nostalgie. Sauf si on se contente de mettre 1/10 en disant,à juste titre, (mais avec aigreur) que ça racontait seulement le quotidien et les problématiques insignifiantes et inintéressantes de la jeunesse des beaux quartiers, le tout joué par des mauvais acteurs avec un éclairage trop prononcé et une réalisation de soap opéra low-cost. C'est pas tout à fait faux, mais à mon sens vous passeriez à coté de l'essentiel, la volupté qu'elle dégage.

Premier baiser, c'est plus qu'une série, c'est un truc quasi métaphysique. (si si).
Je crois que cette série est la quintessence d'une représentation télévisuelle de l'insouciance des gamins préadolescents au début des années 90. Un truc bien obsolète puisque depuis y'a eu internet et on s'est tous plus ou moins noyés sous les vagues d'images pornographiques.
Il conviendrait donc d'analyser cette série avec du recule et plus de tendresse, comme au Musée quand on observe les pénibles efforts de civilisations archaïques qui t'entait laborieusement de s'attraire à la poterie.

Cette série parle d'amour avec une niaiserie infinie, ça part d'un échange de regard, d'un sourire à la cafétéria autour d'un verre de jus d'orange, de timidité, bref une flopée d'émotion ringardisée par la télé-réalité.

C'était d'une naïveté qui n'existera hélas plus jamais et le gamin que j'étais est passé progressivement de spectateur de la série premier baiser à l'acteur de sa propre vie dans son « premier-coït » avec un souvenir qui s'efface progressivement comme les derniers échos d'une mélodie qui s'éloigne. N'oublions jamais cette série.

On est puceau de l'horreur comme de la volupté disait Céline. Alors toi jeune lecteur des années 2000, si tu veux savoir comment nous rêvions d'amour en 1991, tu dois regarder cette série.
Mais je t'avertis, ça risque de ne pas te plaire.