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le 8 mai 2014
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Chaque épisode de Rainbow est précédé d'une mise en garde : l'anime contient des scènes choquantes censées retranscrire au mieux l'atmosphère de l'époque dépeinte, à savoir la fin des années 50 au Japon. Sachant cela, on est en droit d'attendre un récit fidèle de cette période d'après-guerre, pourtant Rainbow ne fait même pas l'effort de nous présenter l'environnement dans lequel évoluent les protagonistes. On sait très peu de choses sur cette maison de redressement, sur ceux qui y sont enfermés ou ceux qui y travaillent. Toute l'intrigue tourne autour de deux petits groupes que l'on ne voit pour ainsi dire jamais interagir avec le reste du monde. Qui dirige l'établissement au juste ? Les autres gardes sont-il au courant de ce qui se passe ? Les résidents subissent-ils tous le même traitement ? On croirait qu'ils ne sont que 10 dans ce merdier alors que des dizaines de jeunes y sont enfermées, comme on peut le voir lors de rares scènes collectives.
Les persos présents à l'écran sont qui plus est très manichéens, l'anime se complaît à montrer ses protagonistes comme les victimes perpétuelles du système, d'une société en perdition, au point d'en abandonner toute nuance. L'opposition entre Sakuragi et Ishihara en est la parfaite illustration, le premier est un fantasme, une figure christique exempte de défauts. Chacune de ses paroles est empreinte de sagesse, chacun de ses actes est désintéressé, chacun de ses coups frappe juste. Et on se garde bien de nous livrer les raisons de son arrestation, pour préserver le mythe jusqu'au bout.
Ishihara est quant à lui l'incarnation du mal, un garde lâche et cruel aux allures de super-vilain avec des yeux de fourbe, un sourire qui lui déforme le visage et un rire machiavélique digne du Joker. L'anime a quelques occasions d'approfondir son caractère mais les laisse toutes passer... Je veux savoir ce qui est arrivé à cet homme pour qu'il dégénère ainsi. À quoi bon opter pour un contexte historique aussi marquant si ça ne définit en rien les acteurs de l'histoire ? Parce qu'à part Baremoto qui est orphelin de guerre et Suppon qui a perdu toute sa famille dans un bombardement atomique, on ne nous explique pas en quoi la guerre est responsable des malheurs de nos héros et de la cruauté des adultes qui les entourent, ou même en quoi ça a permis à des malades comme Ishihara de sévir en toute impunité.
Alors peut-être ai-je trop attendu de Rainbow, peut-être ai-je mal interprété ce message de début d'épisodes qui n'était en rien une promesse de réalisme, reste que cette caractérisation binaire des personnages tend à les déshumaniser. Sakuragi est certes super cool mais je ne me suis pas attaché à lui car il est trop lisse, trop parfait, tandis que le sadisme ultra-exagéré d'Ishihara en fait un méchant cartoonesque qu'il m'a été impossible de prendre au sérieux.
La seconde partie de l'anime a toutefois le mérite de développer davantage certains membres du groupe, notamment Suppon qui est selon moi le plus intéressant de tous, et ce parce qu'il est l'un des rares à avoir un background clair. Suppon considère ses codétenus comme une nouvelle famille, après avoir perdu la sienne dans le bombardement. À partir de là il est aisé de comprendre les décisions qu'il prend, la générosité dont il est capable envers ses amis, et de compatir avec lui. On ne peut malheureusement pas en dire autant de Kyabetsu le gentil benêt ou Heitai le dur au cœur tendre, beaucoup trop secondaires à l'intrigue. J'imagine que le manga d'origine leur accorde une plus grande place.
J'ai beau insister sur les aspects négatifs de Rainbow, le fait est que j'ai passé un bon moment devant. L'action est rythmée, pleine de rebondissements, la technique est impeccable avec le studio Madhouse aux commandes, l'opening envoie et les personnages sont sympathiques malgré leur manque de contraste. La dynamique du groupe est bonne, l'humour ne manque pas. Les thèmes abordés sont intéressants aussi, que ce soit la présence américaine, la prostitution et d'autres que je ne citerai pas afin d'éviter le spoil. Dommage que l'on reste si souvent en surface...
L'anime est également porteur de messages positifs sur l'amitié, la famille, la persévérance. Même si le monde les persécute, nos héros n'abandonnent pas leurs rêves et l'espoir d'être un jour heureux. Rainbow est une œuvre optimiste malgré les événements difficiles qu'elle relate, c'est ce que je retiens de ces 26 épisodes.
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Créée
le 5 févr. 2019
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