Attention quelques spoilers !
Troisième tentative d'adaptation live de la franchise Resident Evil et troisième plantage de grande ampleur.
Après les interminables délires camérasturbatoires de Paul W. S. Anderson devant sa femme et l'approche "retour aux sources" loupée du reboot de 2021, cette série Netflix avait pourtant pour elle de s'aventurer dans une nouvelle voie en termes d'adaptation, en cherchant à s'inscrire au sein du canon de la franchise vidéoludique (un point révélé au fil des épisodes) afin d'en tirer une forme de prolongement original avec, à sa disposition via ce biais, tout le lore de l'univers installé par les jeux. Accompagné d'un récit fracturé sur deux timelines, l'une dans le présent voyant Albert Wesker s'installer avec ses deux filles à New Raccoon City, l'autre dans le futur mettant en scène une de ces deux sœurs après l'apocalypse engendrée par Umbrella, l'angle choisi par cette variante mutante de "Resident Evil" s'affranchissait donc de ses aînés cinématographiques pour espérer réussir (ou au moins faire un peu mieux) là où ces derniers avaient échoué.
Cependant, à bien y regarder, la catastrophe était déjà prévisible car, en se situant plus ou moins a posteriori des événements de la saga principale, la série s'injectait une bonne grosse dose de virus T avariée dans le pied avec l'obligation de prendre en compte l'héritage complètement nanardesque de certains jeux (au hasard, le 5 et 6) au risque de tomber elle-même dans un hallucinant délire scénaristique sans limite et où le ridicule serait le seul palliatif pour contrebalancer le plaisir de jouer à ces histoires parfois sans queue ni tête. Et, devinez quoi, ça n'a pas loupé...
La perspective de focaliser une partie de l'intrigue sur deux adolescentes n'était pas des plus réjouissantes non plus, la série confirme ces craintes dès son premier épisode et même, encore plus fort, dès la première apparition de ces soeurs nous les rendant instantanément insupportables, une donne qui ne fera que se confirmer par la découverte de leur bêtise commune exponentielle tenant d'une corne d'abondance d'idioties commises toujours plus ahurissantes (la fin du premier épisode, déjà sidérante par leurs agissements stupides, n'est qu'une mise en bouche, croyez-le bien !). Mais, au moins, pendant quelques épisodes, cette partie de l'histoire et ses personnages nous donnant l'impression que ce monde mérite une apocalypse très douloureuse trouvent une forme de contrepartie avec son pendant post-apocalyptique privilégiant l'action et les créatures du bestiaire "Resident Evil" sur un rythme bien plus soutenu que ses origines ainsi contées. L'illusion ne tiendra bien sûr qu'un temps, cette partie futuriste s'empêtrant à son tour dans des péripéties futiles (la sœur adulte est aussi bête que sa version jeune), les solutions miraculeuses improbables et les apparitions inutiles de monstres... Bref, la nullité est totale et même parfois, il faut bien le reconnaître, hilarante tant on se demande comment quelqu'un a pu valider un tel déferlement d'absurdités qui ne racontera quasiment rien au final, sinon la destinée de ces deux sœurs dont aucun esprit bien portant ne devrait avoir quelque chose à faire.
On en vient même à croire que la série a été conçu en réalité comme un très vicieux jeu à boire cherchant à déclencher d'importants comas éthyliques chez les spectateurs participants selon le nombre de gorgées attribué à chaque fois que que l'héroïne adulte est sauvée miraculeusement par un inconnu (ça n'arrête pas !), qu'une bestiole du jeu surgit gratuitement pour n'avoir au final aucune importance, qu'une sœur prend une décision irrationnelle ("allons à une fête, je suis contaminée " ou "tiens, si l'inconsciente que je suis faisait une expérience susceptible de mettre en danger de mort tous ceux que j'ai recherché pendant la moitié de la série", c'en est magique !) ou, plus généralement à chaque virage scénaristique gênant imaginé par l'esprit déviant derrière cette série devenant en permanence encore plus ringarde que les pires jeux de la franchise (l'épisode 5 en mode escape game domestique à énigmes risibles peut faire monter votre taux d'alcoolémie à des seuils encore inconnus de l'humanité !).
Mais, même à regarder ce ratage au dixième degré pour en rire, la blague finit par lasser sur la durée pour devenir carrément pathétique. Entre l'apparition de l'autre soeur adulte qui n'a absolument rien à voir avec le physique de sa version jeune (à part deux mèches blanches, RIEN !), les rares personnages et acteurs tenant un peu la route emportés dans cet ouragan de n'importe quoi (Lance Riddick et Paola Núñez auront fait ce qu'ils ont pu) et un climax prenant l'eau de toute part par la superposition de menaces plus artificielles les unes que les autres, la série ne laisse que le goût amer de son impressionnant naufrage en bouche, nous faisant prier qu'elle ne soit pas renouvelée pour une deuxième saison (si un dirigeant de Netflix prend cette décision, considérez-le comme ivre) et même espérer qu'à l'avenir, plus personne ne s'essaye à une nouvelle adaptation live de "Resident Evil". De toute manière, après un foirage pareil, il faudrait être suicidaire.
Le 2/10 est essentiellement pour les fous rires nerveux provoqués par la série.