Robin des Bois
5.5
Robin des Bois

Série BBC One (2006)

Les deux choses que j'aime le plus dans cette série sont sans doute... le thème du générique (qui est franchement sympa), et la jolie affiche (avec cette mignonne petite typographie avec la flèche dans le titre et un Robin sombre et ténébreux, dans une forêt romantique et enchanteresse, qui semble nous promettre des myriades de frissons et des rêves enflammés, à nous, les nanas).
Ce sont les deux premiers éléments qui m'ont poussé à m'attaquer à cette série, et je n'en retiens pratiquement rien d'autre.

Oui, car, mon Robin séduisant et ténébreux, je le recherche encore et, le frisson, n'en parlons même pas.

Le plus gros problème de cette série, c'est qu'elle souffre d'un rythme chaotique et d'un scénar totalement foutraque et écrit avec les pieds.
Si vous avez vu un épisode, vous avez vu tous les autres, tant le schéma narratif de chacun d'entre eux est répété à l'identique À CHAQUE FOIS !

Chacun de ces fichus épisodes se résume à ceci : Robin veut piquer les sous du shérif pour les rendre aux pauvres / Le shérif n'est pas content et pète un boulard / Le shérif kidnappe un des larbins de Robin et l'envoie au cachot mais celui-ci parvient toujours à s'échapper d'une façon ou d'une autre / Les hors-la-loi empochent le pognon quoiqu'il arrive / Le shérif n'est pas content et pète un boulard / Il envoie Guy tuer Robin, mais il rate son coup, forcément / Le shérif n'est pas content et pète un boulard / Il donne des coups de savates à ses gardes / Il traite Guy d'incapable / Robin se sauve, sourire au lèvres et clin d'oeil moqueur sous les hourras de la foule / Le shérif n'est pas content et.... Bref.
Comment ne pas se lasser devant un tel manque de créativité et d'imagination ? On en vient à se demander si les scénaristiques n'utiliseraient pas par hasard le même script generator que Luc Besson (à leur propre sauce, avec les phrases ci-dessus) pour imaginer la trame de chaque épisode !
http://www.koreus.com/video/mozinor-europacorp.html

Il n'y a pourtant que trois saisons, mais, plus la série avance, plus on ressent le manque de cohérence dans le script.
Au début de la série, le scénario est très léger, voire insouciant, mais dès la fin de la saison 2, lorsque les personnages vont rejoindre le roi Richard en Terre Sainte, l'histoire part en cacahuète et des événements qui devraient pourtant être primordiaux dans l'évolution des persos sont totalement survolés. Ainsi la rencontre (tant attendue !), avec le roi n'aura aucune espèce d'importance pour la suite, alors que le roi est tout de même désormais au courant des supercheries de son propre frèrot, le prince Jean.
Non non, pas du tout, le roi reste dans son coin à Pétaouchnock, sans se poser plus de questions que ça, et nos héros reviennent en Angleterre, comme si de rien n'était, et le jeu du chat et de la souris entre le shérif et la bande à Robin recommence exactement comme au premier épisode, sans aucune évolution, sauf que le rythme s'accélère concernant l'arrivée des éléments perturbateurs... Les climax se succèdent alors et se répètent, suivant la logique de répétition qui semble dominer durant toute la série (tous les méchants de la saison 3, sans exception, ne sont que de vulgaires ersatz du shérif, qui se conduisent exactement comme lui).

Oui, car l'autre problème majeur de cette série, c'est la psychologie de ses personnages.
En vérité c'est simple, ils n'en ont aucune.

Seul le personnage de Guy de Gisborne réussit à marquer les esprits dans ce ratage total, en particulier grâce au charisme de son interprète, Richard Armitage. C'est pour moi le seul vrai personnage de cette série, de par sa profondeur, bien entendu, et du coup, le seul vrai méchant qui vaut la peine d'être cité. Parce qu'il est faible et puissant à la fois, parce qu'il est obscur et plein de tourments, et aussi, parce qu'il réussit à faire émerger la clarté des ténèbres en l'espace d'une seule scène sans que ça nous paraisse illogique. C'est aussi le seul qui, pour moi, connaitra une fin à sa hauteur.

Robin des Bois, quant à lui, n'est qu'un gros frimeur imbu de lui-même (même s'il reste néanmoins sympathique), mais de tous, c'est bel et bien le shérif qui réussit à être le plus tête-à-claque, tant son personnage atteint un niveau de manichéisme rarement vu.
C'est subjectif, bien sûr, mais je trouve Keith Allen, son interprète, juste... très mauvais. On lui a sans doute demandé de surjouer, mais chacune de ses interventions m'a laissée de marbre sans même m'arracher un sourire tant il est ridicule, à gesticuler, à s'époumoner, à botter les fesses de ses soldats et à cracher de rage à travers sa dent de devant manquante.

Quant à la bande de Robin... Malheureusement, ils manquent pratiquement tous de charisme eux aussi, en particulier Petit Jean, Will Scarlet et Tuck (dès la saison 3). Leur personnages sont sans véritables attraits et se bornent à exprimer des réactions toujours très attendues ; aucun d'entre eux n'est réellement mis en avant, ou quand ils le sont, c'est toujours de façon toujours très prévisible et fade.

Much et Allan de Dale sortent un peu du lot ; Much étant plus développé que les autres de par son statut de meilleur ami de Robin, et Allan durant la saison 2, car il trahit ses amis et se retrouve dans le camp du shérif.
Malgré cela, Much ne sortira jamais de son statut de petit toutou qui ne semble avoir aucun autre intérêt dans la vie que son ami et maitre ! Pourtant, la saison 3 aurait pu marquer un vrai tournant avec l'arrivée de Kate (qui aurait pu lui servir de faire-valoir aussi bien que Djaq l'avait fait pour Will lors de la saison 2, mais non).
Allan, de façon assez surprenante (car on n'en attendait vraiment rien au début de la série) est donc le seul de la bande qui réussira véritablement à gagner en ampleur au fil de la série, même si je trouve que son retournement de veste aurait pu être beaucoup mieux exploité.

Chez les filles, curieusement, ce n'est pas le personnage de Marianne qui m'a le plus plu, mais celui de Djaq, qui est sans doute le personnage le plus surprenant de la série. Bien qu'on soit plutôt sceptique face au fait de voir évoluer sans peine une jeune sarrasine, sans que personne ne s'en émeuve, dans une société rurale profonde en pleine période des Croisades, on est aussi en droit d'apprécier le courage pris par les scénaristes d'intégrer dans la bande à Robin une fille (déjà !) d'origine arabe (en plus).

Tiens, petite parenthèse en passant, dans la saison 3 aussi, j'ai adoré le fait que frère Tuck soit black !! Quelle bonne surprise ! Dommage qu'il n'ait aucun charisme et que les traits caractéristiques plutôt légendaires du personnage traditionnel soient totalement effacés... Jamais il ne sera fait mention du goût démesuré pour la boisson et la nourriture du bon frère Tuck, même lors d'un petit clin d'oeil.
Pas facile de reconnaitre le personnage que l'on connait tous, tant il est plat et moralisateur... Revisiter un personnage pour le rendre surprenant, oui, mais effacer tout ce qui a fait de lui sa renommée, non.
C'est un peu le problème pour tous les potes de Robin, d'ailleurs, quand on y réfléchit... ! Will Scarlet est totalement dépourvu de la fougue qui est censée le caractériser, Allan de Dale n'entonne jamais aucune chanson... Ne serait-ce leur nom, il nous aurait été impossible de les identifier...

L'histoire d'amour entre Marianne et Robin (pourtant l'un des éléments pivots de la légende !), est plutôt indigeste et ne fonctionne pas vraiment. Jamais on n'arrive à s'attacher à ce couple qui ne semble pas vraiment coller ensemble.
Les scènes de séduction les plus savoureuses de la série ne sont d'ailleurs, ironiquement, pas entre Marianne et Robin, mais entre Marianne et Gisborne !! Et on est vraiment dépité, à la fin, quand Marianne choisit Robin, tant on voudrait la voir finir dans les bras du cruel mais attachant Guy ! Un comble.
On réussira encore moins, au cours de la saison 3 à s'attacher au couple Robin-Kate, qui nous semble encore plus incongru et sans saveur, surtout après la tragédie qui met en scène Marianne à la fin de la saison 2...
Bref, niveau romantisme on repassera.

La série veut nous montrer des personnages de femmes fortes, ce qui est très louable en soi, mais ne réussit qu'à les rendre plutôt ridicules la plupart du temps...
Ainsi, faire de Marianne un vengeur masqué était une grosse erreur.... Comment ne pas rire devant une Marianne qui brandit son épée comme Buffy brandirait son pieu et qui maitrise aussi bien que Van Damme le coup de pied sauté retourné ?
Non, messieurs les scénaristes, non, être une femme forte, ça ne veut pas forcément dire être une bonasse le jour et une badass la nuit, c'est un tout petit plus profond que ça !
Heureusement que Lucy Griffiths possède suffisamment de talent pour faire passer la pilule sans qu'on s'en rende trop compte, nous rendant le personnage ma foi, plutôt agréable.

De même, Kate et Isabella, dans la saison 3, faillissent face à cette tâche, elles aussi.
Kate, malgré son courage, nous apparait plutôt insupportable, voire pas mal pimbêche, face aux sentiments de Much (elle connait son amour pour elle, mais lui demande clairement de s'écraser auprès de Robin... Sympa).

Isabella aurait pu être un fabuleux personnage de méchante, elle qui se hisse socialement grâce à ses intrigues et diverses machinations... Elle nous évoque parfois une Cersei, capable de la plus grande cruauté mais en même temps d'une grande affection, voire d'un amour certain envers Robin (qui pourrait aussi bien être pourvoyeur d'un futur idéal que d'une disgrâce infâme), ainsi qu'envers Guy, son frère (meilleur ami et meilleur ennemi en même temps).
Malheureusement, encore une fois, sa psychologie est tellement traitée par-dessus la jambe que chacune de ses décisions nous fait obligatoirement tomber dans la plus grande incrédulité tant on ne comprend pas du tout comment elle peut passer d'un bord à l'autre aussi facilement. Alors qu'elle nous est présentée comme une femme intelligente et sensible, mais suffisamment forte pour braver la colère légendaire de son mari, elle tombe très rapidement dans le despotisme, la couardise et le ridicule une fois devenue shérif, ressemblant alors trait pour trait à l'infâme Vaisey, censé être mort, nous faisant par le même coup oublier tout espoir d'un retournement de situation digne de ce nom.


Il y aurait encore tant de choses à développer sur cette série, tant de points qui auraient mérité d'être davantage évoqués...
On pourrait par exemple parler des costumes foirés (notamment dans deux les premières saisons, quelle horreur ! La troisième saison, qui semble avoir bénéficié d'un budget un peu plus conséquent, est moins catastrophique sur ce point)...
On pourrait aborder les énormes incohérences du scénario (Robin et Guy qui, l'apprend-on dans les derniers épisodes, sont quasiment demi-frères depuis l'enfance alors qu'ils ne se connaissaient même pas au début de la série !).
On pourrait évoquer tous ces intervenants qui auraient mérité un meilleur traitement et qui sont pourtant expédiés en deux temps-trois mouvements (la sœur du shérif, le roi Richard, Meg la jeune fille que rencontre Guy en prison et qui va précipiter sa remise en question finale, et surtout, SURTOUT Archer, le demi-frère de Guy et de Robin, qui nous est balancé n'importe comment pour être abandonné pratiquement aussitôt...).

Si je devais résumer tout ça très rapidement, je dirais que c'est une série qui m'a semblé avoir au moins dix (voire vingt) ans de retard dans le traitement de son histoire et de ses personnages, c'est dingue comme ça m'a rappelé des séries comme "Hercule" ou "Xéna" (en moins sympa) pour son coté "Héros invincible et sidekicks insupportables dans un univers un peu cheapos".
La légende du grand Robin des Bois est quand même vachement mise à mal...

PS: Si vous devez la voir, évitez la version française qui fait mal aux oreilles (la voix nasillarde d'Allan, my god, elle n'a rien à envier à celle de Végéta période Club Dorothée). --'
Eluria
3
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Créée

le 31 janv. 2015

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Eluria

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