J'aurais dû fuir

L'idée de départ est très intéressante : deux personnes décidant du jour au lendemain d'abandonner leur travail, leur famille, et tout ce qu'ils ont pu construire au fil des années pour retrouver la personne qu'ils ont fréquenté à l'université après avoir envoyé à l'autre ou reçu de sa part le fameux SMS "Run". Cette idée donnait la possibilité d'explorer d'innombrables questions intéressantes qui ne sont traitées que de façon superficielle dans la série, comme le fait d'abandonner ses propres enfants pour vivre le véritable amour, le quotidien de la dépression dont semble souffrir Ruby, quelle est la véritable nature de la relation des deux protagonistes qui les pousse à se revoir et à s'aimer après tant d'années, etc. Et je n'ai eu absolument aucune réponse à ces questionnements qui ont pourtant été effleurés dans le scénario.

L'humour semble ici être utilisé comme une facilité scénaristique, dans le but d'éviter de creuser en profondeur la relation Ruby/Billy ou bien encore dans le but de contourner les prises de risque/envolées choisies par les auteurs (spoiler) :

La fin de la saison est en mon sens une fausse fin, car elle ne conclut rien et porte le spectateur vers aucune réflexion. Il est dur de comprendre exactement les émotions qui traversent Ruby à la fin du dernier épisode, et je ne saurais dire si cela est dû au jeu de l'actrice ou bien à la suite confuse des évènements de la série. Pour finir, il me semblait que le propos de départ cherchait à mettre les deux personnages sur un pied d'égalité, puisqu'ils sont tout deux des personnages possédant leurs défauts. Tout est fait pour montrer qu'ils ne sont pas parfaits et accentuer leur côté humain. Pourtant cette égalité se perd à la toute fin, montrant un des deux plus "victorieux" que l'autre ou du moins plus honnête que l'autre (ce qui, si l'on se fie à tout ce qui a pu être raconté dans la saison, est absolument faux). Je n'ai pas particulièrement été attachée à un personnage, le visuel de la série ne m'a pas marqué, et l'oeuvre ne m'a pas poussé à la réflexion. Même le talent de Domhnall Gleeson n'a pas sauvé mon visionnage.