Par un misanthrope pour des misanthropes
"Embêter un homme-statue c'est vraiment de la violence gratuite, un peu comme massacrer les vidéos amateurs sur internet - ouais, j'suis une ordure".
Cette phrase prononcée par Mathieu Sommet lui-même (SLG n°55) résume à elle seule tout le fond de son émission. On voit ça et là des gens se plaindre du concept même ou du manque de subtilité des railleries, préférant parfois bizarrement What the cut de Mr Antoine Daniel - vous savez, celui qui commence toutes ses vidéos par "Salut bande de [insérer insulte ici]". Et comment leur donner tort?
SLG, c'est cette émission qui compile de façon régulière trois extraits vidéo de misère humaine glanés sur internet pour les jeter en pâture aux misanthropes de tous poils avides de se conforter dans l'idée que l'humanité est décidément désespérante de bêtise. Je suis un peu misanthrope, donc j'aime ça, c'est mon plaisir coupable. Plutôt que de perdre mon temps sur internet à regarder les vidéos originales pour lever les yeux au ciel, je laisse Mathieu Sommet faire le travail et me satisfais occasionnellement de voir que quelqu'un met son cynisme à l'œuvre pour les descendre.
Nier toute réflexion à Mathieu Sommet sous prétexte que les personnages qu'il incarne sont des clichés et qu'il a la grossièreté facile est cependant exagérer ; il y a derrière ses vidéos une critique latente, plus ou moins explicite, la plupart du temps sur la quête pathétique de célébrité qui peut naître dans l'esprit des gens, mais aussi sur d'autres sujets. Exemples :
http://www.youtube.com/watch?v=erMAzCnxnR0&list=PLkonQJrH-v6xtWpId9dDCoAKlHWO25W8t
http://www.youtube.com/watch?v=Rv5wkUhgV4A&list=PLkonQJrH-v6wGp8PGwVst17Eic_zWCaxT&index=5
Cette critique ne fera bien sûr pas aimer SLG à ceux que l'émission irrite mais peut-être comprendront-ils un peu mieux ce qui plaît chez elle. Pour les autres je n'ai qu'un conseil : passez directement à la saison 3, avec le recul les premiers SLG sont très médiocres et l'assurance de Mathieu Sommet s'est infiniment améliorée devant la caméra avec l'expérience, parallèlement à ses saillies dont l'écriture est mieux servie par un montage rapide maîtrisé.