Toujours dans l'optique de mater les animés de 2019 les mieux notés sur Sens Critique (et disponibles sur Wakanim) on s'est maté Sarazanmai. Je me souviendrais encore de la tête que l'on a fait après avoir fini le pilote de la série. J'avais pas connu une sensation de bordel absolu où l'anime part dans tous les sens depuis mon premier visionnage de FLCL.
C'est sans doute le truc au concept le plus original que j'ai vu de l'année, même si au fond, l'idée de base est assez simple : et si on faisait un anime de Magical Boys ?
Magical Kappa Boyz
Parce que Sarazanmai reprend tous les clichés de la série de Magical Girl : personnages juveniles, transformations au ralenti, danses, pouvoirs donnés par une divinité (ici un Kappa dont la statue se situe réellement à Asakusa) ambiance urbaine, monstre de la semaine, moralité (ici sur le pouvoir de la communication et le fait de rester honnête) et amitié entre protagonistes teintés d'homosexualité.
En même temps, lorsque j'ai un peu plus appris sur le C.V. du créateur de la série (Kunihiko Ikuhara, considéré comme le David Lynch japonais et ayant bossé sur pas mal de séries de Magical Girl, notamment les quatres premières saisons de Sailor Moon et Utena) je l'ai un peu mieux comprise.
La série ne fait pas mystère de son absence d'ambiguité entre les personnages (ils sont tous un peu amoureux les uns des autres) et passe par une imagerie grivoise utilisant l'idée que dans la mythologie japonaises, les kappas ont tendance à vous punir en vous... enculant. (Le mot est laché.) D'où tout un tas de concepts lié à l'anal dans la série : les personnages se transforme après que le prince kappa leur soit rentré dans le cul, ils doivent sortir des boules se trouvant dans le fondement d'ennemis géants (les fameux "trous-du-cul zombie") et avant de communiquer leur souvenir ensemble, apparait un logo ressemblant à une sorte d'écoulement anal.
Vous comprenez un peu pourquoi, devant le pilote, j'ai eu la bouche ouverte en mode "je viens bien de voir ce que je crois voir ?" pourtant une fois le choc initial passé le reste de l'animé passe crème. Notamment par des tas de trouvailles visuelles dans tous les sens (les passants sont des bonhommes batons, le monde des kappas est en CGI) qui fait que l'animé a toujours un pied dans le cartoonesque.
Car les personnages ont la facultés de devenir des kappas, ce qui les rends en fait super mignons et permet d'intégrer des tas d'éléments liées à ces créatures mythologiques (Le concombre, le dessus de leur crâne, leur amour pour le sumo, le fait qu'il ne faut pas les confondre avec des grenouilles) et donner corps à leur combat contre... des loutres démoniaques. Ok, c'est à moitié basé sur un jeu de mot : le mot loutre en japonais (kawauso) contenant le mot mensonge (uso).
L'animé du triangle amoureux :
Alors que ça pouvait partir dans le débile, mais la série réussi étrangement à donner un corps à ses personnages et à leurs problèmes. L'animé est basé sur un triangle amoureux entre les trois protagonistes principaux et sur l'idée qu'ils sont plus proches les uns des autres qui ne veulent se l'avouer. Et malgré le fait que chacun d'entre eux passe au moins une fois dans la série pour un connard fini, leur relation passe super bien et reste très bien traitée. Même si la fin termine sur un "what if" qui m'a un peu déconcerté.
Après, la série n'est pas exempte de défaut : elle est composé de 11 épisodes et aurait mérité un ou deux épisodes de plus. J'aurais aimé en savoir plus sur la princesse des kappas, il y a une intrigue entre l'un des adolescent et sa mère biologique qui ne connait pas de suite et y a pas vraiment d'explication sur la guerre entre les kappas et les loutres. (Elle a eu lieu "point.")
De plus, l'envie de faire du "magical" fait que durant les 5 premiers épisodes, la même structure narrative se poursuit, avec les même scènes, les même chansons et la même méthode pour battre un ennemi. Alors, certes, ces répétitions ne sont créées que pour mieux être détournées par la suite, mais ça faisait longtemps que j'avais pas vu un programme à "formule" avec des séquences recyclées telles quelles et ça m'a un peu pris au dépourvu.
Après, on a une série qui a un début, un milieu et une fin cohérente, qui existe (même si un peu douce-amère) je ne vais pas me plaindre, on aurait pu se manger un bon vieux status quo dans la face comme pas mal des animés que j'ai vu ces derneirs temps.
Sans être mon animé préféré de l'année, ça reste un truc à mélangeant humour, "magical-girl-avec-des-mecs et" aventure. C'est une expérience assez décalée qui n'oublie jamais d'être divertissante. Je suis peut-être pas le public visé, mais j'ai trouvé ça bien.