Sense9
Critique garantie sans spoilers mais 100% amoureuse, vous êtes prévenus! Véritable coup au coeur, cette série est tout bonnement un voyage terriblement humaniste . Ce lien qui se tisse (certains...
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le 8 juin 2015
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Après deux ans d'attente et des tournages aux quatre coins de la planète voici venue la nouvelle série des Sense8 des frère et sœur Wachowski épaulés par Straczynzki. Elle fera sans nul doute date dans l'histoire télévisuelle, ne va très vraisemblablement pas plaire à tout de monde mais en revanche risque de faire couler beaucoup d'encre.
Tout d'abord Sense8 apparaît très vite comme une série démesurée. Le budget (175 millions de dollars la facture) a été explosé afin de tourner dans pas moins de neuf destinations à travers le monde (Mexico, Chicago, San Francisco, Reykjavík et les terres islandaises, Berlin, Nairobi, Séoul, Londres ainsi qu'une ville en Inde, ouf en ai-je oublié ?). Démesurée également par sa comédie humaine qui tente de nous narrer l'histoire de 8 personnages principaux. Démesurée aussi par ses ambitions, de vouloir à tout prix absolument tout montrer pour mieux faire accepter les différences d'orientation sexuelle, des scènes d'amour de deux lesbiennes/transexuelles option gode ceinture à une fellation entre deux gays dans les toilettes d'un musée. De vouloir montrer aussi des scènes les plus sanglantes ou les plus 'organiques' comme l'ablation d'un membre à la machette ou un accouchement en gros plan. Démesurée aussi par son générique qui tente une Koyaanisqatsi / Baraka.
A vouloir faire beaucoup, la série se perd d'abord énormément. Le processus narratif des premiers épisodes n'est pas fait dans la dentelle et le montage apparaît souvent comme réalisé au sécateur. Il faut reconnaître que détailler 8 arcs pour 8 histoires différentes, 8 personnages différents est un sacré challenge, à tel point qu'une grande confusion règne et que la direction collégiale rame pour amener son propos. Il m'a fallu ainsi attendre l'épisode 4 soit le tiers de la série pour qu'enfin quelque chose de cohérent émerge et que je sois happé par l'intrigue. C'est à ce moment là que l'on réalise que ce genre de production ne peut être distribuée qu'au travers d'un media comme Netflix où tous les épisodes sont disponibles à leur sortie. Je n'ose imaginer le bourbier scénaristique s'il avait fallu attendre une semaine entre chaque épisode. A titre personnel j'aurais déclaré forfait bien avant la fin.
Pour achever de nous molester alors que nous tentons de nous approprier le sujet, il se trouve que la série se perd aussi dans la grande variété des acteurs et du (manque de) talent de certains. Les dialogues sont souvent maladroits, poussifs voire parfois bâclés surtout au début. Les personnages sont presque tous des clichés sur pattes : le mexicain est un bellâtre latino, la coréenne est experte en arts martiaux, l'islandaise est musicienne, celle de San Francisco est une intellectuelle, le kényan est doté d'un passéisme culturel d'au moins 20 ans comme si l'Afrique était une cause perdue pour être à la pointe de quelque chose... triste.... Certains arcs ne sont non plus pas tous intéressants ni même tout simplement filmés de la même manière ce qui nuit à la cohérence de l'ensemble. L'arc mexicain par exemple est vraiment amusant voire drôle par moments, l'arc coréen et le personnage associé pique notre curiosité. D'autres arcs apparaissent vides, comme la DJ islandaise à Londres ou la pharmacienne/chimiste indienne même un si numéro de Bollywood en plein épisode 2 vient nous rafraîchir agréablement les pupilles. Une certaine inquiétude naît alors, celle que la moitié seulement des personnages servent au final vraiment à quelque chose ce qui n'est pas loin d'être effectivement le cas.
Je pourrais aussi parler de scènes complètement idiotes et dont on se demande vraiment ce qu'elles font là comme
ces indiens fanatiques adorateurs de Ganesh, le dieu de la sagesse faut-il le rappeler, qui n'hésitent pas à poignarder un homme sur les marches de leur temple pour une différence d'opinion... et dont on se rendra compte plus tard que le fils n'est pas affecté par cette perte alors que rien dans l'intrigue n'indiquait que leurs relations étaient compliquées ou difficiles.
ou encore d'éléments amenés avec toute la finesse dont est capable un tractopelle hurlant sa sirène en marche arrière,
la blogueuse transexuelle qui par un coup de baguette magique devient une hackeuse dotée d'un matériel qui ferait pâlir d'envie un agent de la NSA.
Et puis la série se perd tout simplement dans l'explication de la genèse de la situation, de l'opposition à ce petit cercle de 8 jeunes gens qui se dessine assez tard. Le grand méchant restera au niveau d'une pub Orangina Rouge dont on se demande pourquoi il est si méchant. La réponse de la série est PARCE QUE, les motivations et la raison d'être du grand méchant ne seront pas dévoilées ce qui est une petite catastrophe de mon point de vue.
Tout ceci me direz vous, cela fait beaucoup pour une seule série. C'est vrai, mais elle offre aussi des qualités dont on ne s'attend pas de prime abord.
Tout d'abord la réalisation est globalement d'excellente facture. Le générique s'il est loin d'apporter une personnalité et une valeur artistique qui ont marqué d'autres productions fait vraiment voyager. La caméra se balade beaucoup mais cela reste contenu pour du Wachowski. La bande son est efficace et le choix des musiques pertinent. Et puis cette histoire et cette narration que j'ai tant vilipendée se fait finalement un peu oublier car certains personnages sont vraiment attachants (ils ne jouent peut-être pas si mal après tout) et donnent envie de les voir évoluer. La série offre aussi 3 épisodes (8,9,10) qui sont d'une grande qualité et qui arrivent même à convaincre un pessimiste comme votre serviteur.
Mais enfin et surtout, que serait cette série sans Andy mais surtout Lana (anciennement Larry) ? Elle est un véritable plaidoyer pour un vivre ensemble, pour l'acceptation des différences quelles qu'elles soient, au prix d'une crudité certaine de certaines scènes mais dont le traitement est ainsi fait que seul l'amour que se vouent les personnages l'emporte.
Rien que pour cela cette série fera date quoi qu'en pensent les plus conservateurs prompts à manifester pour le refus des droits des autres.
Rien que pour cela nous devons un grand merci à la doublette Wachowski.
Rien que pour cela cette série doit être regardée.
Rien que pour cela je n'arrive pas à en vouloir à cette série d'avoir tout même bien raté le traitement de son intrigue.
C'est original, humaniste, compassionnel, pétillant, sublime, et ridiculement réussi tout à la fois. Un véritable ovni télévisuel.
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Créée
le 8 juin 2015
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