"And I say hey...hey...what's goin' on...."

Je vais tenter une critique sans spoiler (attention certains éléments seront quand même évoqués mais pas en détails/sans conséquences), et pas du tout objectif, puisque j'attendais cette série avec impatience (ce qui ne fut jamais le cas) et parce que je suis également un grand admirateur des Wachowski.

Tout d'abord Sense8 n'est pas à voir comme une série ou la trame principale serait entrecoupée de trames secondaires, ce qui est très (trop) souvent le cas (et c'est d'ailleurs ce qui m'empêche de regarder des séries généralement). En fait, je dirais qu'il n'y a ni trame principale ni trame secondaire. Mais plutôt des histoires "externes" centrées sur une chose, qui s'ouvrent de plus (se lient) à l'histoire "interne". Mais déjà, la construction est originale et évite d'avoir des histoires sans importance. TOUTES les histoires que j'appelle "externes" sont importantes.

Puisque en effet, il y a 8 personnages principaux, vivant au quatre coins du globe (de mémoire on a Londres, Mexico, Chicago, une autre ville des USA, Séoul, Berlin, une ville d'Inde et une ville de Namibi) et ayant chacun leurs particularités -les Wachowski étant très proche de l'univers du Jeu vidéo je dirais que les personnages ont tous des "aptitudes"/ "compétences/capacités" différentes-.
Tout ces personnages se retrouvent donc mystérieusement "connectés", leur permettant d'interagir entre eux, afin des profiter des "compétences" de chacun pour, finalement, vivre/survivre; aux "épreuves" personnelles, donc de chaque personnage (ce qui serait les histoires que je qualifie "d'externes") ainsi qu'une épreuve commune, qui met en lien tout les personnages (ce que je qualifie d'histoire "interne"). Je ne rentrerais pas dans les détails pour éviter le spoil.

DÉBUT PARENTHÈSE (sur les Wachowski, les thèmes récurrents , Cloud Atlas, Sense8 etc..)

Je met vivre en gras car cette notion est très importante puisque c'est tout le travail des Wachowski dans Cloud Atlas (film de 2012, majoritairement incompris). C'est à dire faire un film sur la vie, qui ne raconte pas grand chose, mais traite de ce qui nous fait "vivre" (et indirectement qu'on soit humain), des choix que l'on prend et de la raison qui nous pousse à les prendre (raison qui est souvent indirecte).

Je vais faire un petit écart (oui dans une partie que j'appelle déjà parenthèse, c'est ça d'avoir trop de choses à dire) pour dire que le cinéma a grossièrement deux fonctions possibles :
-Représenter le monde qui nous entoure de manière la plus juste possible.
-Repousser la réalité et faire vivre des expériences qui ne sont pas possibles autrement qu'à travers l'imagination.

Ce qui me permet de dire que Les Wachowski font ici un film un pont entre ces deux fonctions principales du cinéma. C'est à dire qu'ils nous racontent le monde de 6 époques différentes de la manière qui leur parait la plus juste, mais créés une vision qui repoussent la réalité pour les histoires futuristes. J'ai d'ailleurs vu à plusieurs reprises de la méfiance et médisance sur les histoires trop futuristes. J'ai remarqué que les histoires préférées étaient :
-dix-neuvième siècle avec les thèmes : Esclavagisme/Affranchissement
-années 40 avec les thèmes : Homosexualité/Nazisme/Composition musicale
-années 70 avec les thèmes : Ecologie/nucléaire/Secret d'état
-années 2010 avec les thèmes : Enfermement/Maltraitance en maison de repos

C'est les histoires qui nous parlent le plus, puisqu'on les a déjà croisées dans notre vécu ou celui de nos proches, ainsi que dans la culture populaire, à la télévision, dans d'autres films, dans la littérature... en tant qu’œuvres de fictions mais aussi comme œuvres inspirées d'histoires vraies/plausibles. Et c'est la le point important, Cloud Atlas réussi sa représentation de la "vie" sur les époques proches, mais nous laisse plus perplexe sur les histoires futuristes car difficilement imaginable/acceptable (puisque plutôt négative sur notre avenir). Hélas, le film propose un montage ou les histoires sont croisées, ce qui empêche le spectateur d'apprécier beaucoup une histoire et moins une autre. Tout est mis sur le même rang, ce qui fait qu'on apprécie le film car on aime toutes les histoires (ou qu'on sait les différencier) ou alors on trouve le film plutôt mauvais car une histoire qu'on apprécie pas tire tout le film vers le fond.

Et ce n'est pas qu'un soucis du spectateur, mais également une "erreur" des réalisateurs et c'est pour ça que je dirais....que Cloud Atlas est finalement une "préparation", presque un "essaie" (pour ma part extrêmement réussi) à Sense8.

Et ce n'est pas anodin pour deux raisons :
-La première est que Sense8 était déjà pensé en 2012.
-La seconde est que le deuxième réalisateur de Cloud Atlas, Tom Tyker, s'occupe dans Sense8 du tournage de deux lieux (sur les huit).
De plus dans Cloud Atlas il y a 6 histoires, toutes indirectement liés, sur plus de 500ans alors que dans Sense8 il y a 8 histoires se passant à la même époque, à la fois indirectement et directement liées (de plus en plus avec l'avancée de la saison).
Des thèmes communs sont également évoqués (l'homosexualité, transsexualité, enfermement, lutte, rébellion, libération etc..) et une merveilleuse actrice (Bae Doona) est commune aux deux œuvres.

FIN PARENTHÈSE

Je vais revenir sur trois éléments de la série (et essayer de vous donner envie de la regarder si ce n'est pas déjà fait) qui forge, pour moi, toute l'admiration que j'ai pour les Wachowski.
Ce sera sans spoils "importants".

Dans l'épisode 4, à la fin, la musique "What's up (And I say heee yyyyeahh yeaahhh What's goin' on, (et oui tu connais !) de "4 non blondes" je crois) est utilisé de manière... totalement bouleversante... tellement c'est d'une qualité époustouflante.. J'en frissonne rien que d'en parler..
L'usage musical de la série est irréprochable (même, j'ose le dire, parfait) sur toute la saison.

~Encore une parenthèse pour dire que les Wachowski maîtrisent la culture populaire, je vais dire parfaitement encore une fois, mais c'est un fait. Dans toutes leurs oeuvres ont retrouve des éléments de la culture populaire (qu'ils ont eux même forgé, regardez Matrix, c'est une source d'inspiration pour plein d'autres films de SF et même des jeux vidéos, encore maintenant).~

Dans l'épisode 6 il y a une scène de sex.. incroyable. C'est filmé, mis en scène, construit, monté d'une manière tellement jamais vu qu'on ne peut rester neutre face à cela.Je n'en dirais pas plus parce c'est à voir absolument.

Dans l'épisode 9, il y a un dialogue, qui ne dit rien, qui n'apprend rien. Bref "inutile". MAIS tellement touchant, bien construit (encore une fois, je sais que je me répète), qu'on est pris par ce dialogue, on se retrouve presque ému, touché, impliqué par ce qui est dit. Car c'est un échange sur la vie, deux passages anodins sur la vie de eux deux, et lorsqu'on est pris par cet échange (qui ne sert pas l'histoire), .. on a l'impression d'écouter un ami, un parent, un proche, qui nous raconte un élément marquant de sa vie. On l'écoute, on est touché. J'en dis pas plus encore une fois, c'est à voir.

Bref vous l'aurez compris (je l'espère) BO phénoménale, dialogues de la vie, émotions, thématiques actuelles, plans impressionnants, montage irréprochable et j'en passe... Alors jetez vous sur Sense8 !! (mais aussi sur Cloud Atlas qu'il faut mieux regarder avant). C'est d'une qualité irréprochable pour peu que vous ayez un rapport, une attention particulière à... la "vie" (je pense que cette phrase complètement philosophique, dont je n'ai moi même pas l'explication, est une belle conclusion).

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