L'Ecole Netflix
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Dans sa globalité, Sex Education est une série plaisante. Malgré ses clichés énormes et sa volonté de répertorier tout type de sexualité et milieu social comme un autre collectionne des cartes pokemon rares, les 3 premières saisons proposaient tout de même un bon divertissement, articulé sur les histoires de quelques personnages clés qui sortent du lot.
Par ailleurs, la série apportait une forme de fraîcheur par les dialogues et l'état d'esprit des personnages, tous portés sur une remise en question propre aux adolescents, mais aussi appliquée aux adultes, basée sur l'écoute et la communication. Rien de merveilleux, mais on peut se dire que c'est une bonne chose qu'une série prône cette douceur dans un paysage de divertissement un peu dramatique et tout aussi cliché.
Vient alors la saison 4, supposée couronner le tout. Si dans les premières saisons on trouvait un équilibre précaire entre le côté cliché/cheesy/moralisateur/inventaire socio-economico-sexuel et des relations poignantes et humaines, autant dans cette saison finale l'équilibre est annihilé. On mise tout sur une débauche d'histoires pour couvrir la totalité du spectre de personnages possibles, dans un contexte qui relève de Barbieland, créant alors plusieurs problèmes.
Tout d'abord, à vouloir tout raconter en quelques épisodes, on ne raconte au final pas grand chose. Avec plusieurs fils narratifs (qui s'entremêlent très peu), on jongle entre des histoires dont l'intérêt varie fortement, portées par des acteurs dont les prestations varient aussi fortement. Si l'intention de vouloir couvrir tout le spectre des interrogations et problèmes est louable (relation amoureuse, transition, harcèlement sexuel, place de l'église dans le milieu gay et inversement,...), l'effet est que notre intérêt fait le yo-yo entre des histoires peu creusées, mal jouées ou bouche trou, et les histoires portées par des personnages plus approfondis et de meilleurs acteurs (la mère d'Otis, Éric, Maeve pour les citer).
Ensuite, le contexte ultra coloré et terre de bienveillance, s'il apporte quelques ressorts comiques lié à l'adaptation de nos personnages à ce nouveau milieu et amène quelques personnages sympas, finit par décrédibiliser l'ensemble. Si le parti pris que la réalité doit tendre vers cet havre de paix et d'écoute est louable, il n'en reste pas moins que ce lieu n'existe pas dans la réalité. Par conséquent, et puisque beaucoup de résolutions de problèmes et questionnements sont liés à l'évolution dans ce lieu, et que celui-ci n'existe pas dans le monde réel, les interactions et solutions qu'il propose n'existent pas non plus et perdent leur poids. Certes, il est quelquefois critiqué et moqué pour montrer son côté irréel, que sous ces couleurs se cachent des problèmes d'accessibilité, que derrière cette gentillesse restent les gossip habituels, mais ce n'est qu'au détour d'une conversation ou une petite pique. Au final, le contexte sera consacré par Ruby, reine du gossip, qui avoue enfin comprendre que les élèves de ce lieu magique cherchent juste à changer le monde en mieux... A nouveau, louable mais creux au possible.
Enfin, et plus simplement, les dialogues sont sensiblement moins bons que dans les précédentes saisons et à nouveau, cela est lié à ce merveilleux monde coloré et sans aspérités. Dans ce vase clôt d'écoute et d'amour, les interactions se limitent à "je suis désolé, je ne t'ai pas écouté, j'avais peur, je t'en parle maintenant et je t'écoute pour devenir meilleur, je t'aime, voguons vers de plus beaux lendemains". Et cela vaut pour la quasi totalité des trop nombreuses histoires racontées dans cette saison. Seuls quelques îlots de conversation plus mâtures subsistent ici et là, encore autour de Maeve et la mère d'Otis.
Je retiendrais les premières saisons de Sex Education, qui mêlaient bien plus habilement ce vers quoi les interactions humaines devraient tendre (écoute, remise en question, communication au possible) et des aspérités qui l'ancrait mieux dans la réalité, que cette dernière saison et ses personnages philosophes, sages et mièvres.
Créée
le 4 oct. 2023
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