Trash Land
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le 15 oct. 2020
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8
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Shameless (version US), c’est comme si tu passais un week-end dans un grand huit sans ceinture de sécurité, au milieu d’un chaos familial où les règles ne sont pas seulement brisées : elles n’ont jamais existé. Les Gallagher, cette famille de Chicago à la fois attachante et catastrophique, vivent dans un monde où la morale est aussi flexible qu’un élastique déjà bien trop tiré, et où la débrouille remplace l’argent dans leurs poches trouées.
Au centre de ce cyclone infernal, tu trouves Frank Gallagher, interprété par un William H. Macy qui semble avoir fait de la déchéance un art. Frank est le père — ou devrais-je dire le boulet — qui traîne sa famille dans les bas-fonds de la société avec son alcoolisme légendaire et ses magouilles aussi foireuses que ses promesses. Il est à la fois hilarant et pathétique, capable de te faire éclater de rire en une seconde et de te donner envie de secouer ton écran la seconde d’après. Il ne fait rien pour aider ses enfants, et c’est peut-être pour ça qu’on finit presque par l’aimer malgré tout, tant il incarne ce désastre ambulant qu’on ne peut pas arrêter de regarder.
Mais Shameless n’est pas que l’histoire d’un père irresponsable. Non, ce qui rend cette série vraiment unique, c’est la manière dont les enfants Gallagher, en particulier Fiona, la grande sœur et matriarche de fait, tiennent le navire à flot. Fiona, interprétée par la brillante Emmy Rossum, est la vraie héroïne de cette tragédie-comédie. Elle jongle avec des responsabilités d’adulte bien trop lourdes pour ses épaules tout en essayant d’offrir à ses frères et sœurs une vie un peu moins bordélique que la sienne. Elle est une survivante, une combattante, et souvent la seule personne qui essaie (parfois maladroitement) de maintenir un semblant de normalité dans ce chaos familial.
Les autres membres de la fratrie ne sont pas en reste. Lip, l’intello de la bande, est un génie autodestructeur qui fait des choix de vie aussi mauvais que brillants. Ian, tiraillé par sa propre quête d’identité et ses relations complexes, te fait passer par toutes les émotions. Et puis il y a Carl, Debbie, et Liam, chacun naviguant dans cet univers où voler un frigo semble être un passe-temps normal, et où l’idée même de suivre les règles est aussi exotique qu’une croisière dans les Caraïbes.
Ce qui rend Shameless si fascinante, c’est sa capacité à te faire rire de situations qui, dans n’importe quelle autre série, te feraient pleurer. Chaque épisode est un tourbillon de magouilles, de mauvais choix et d’instants de pur désespoir, mais toujours présenté avec un humour noir ravageur. Les Gallagher ne sont pas des héros, loin de là. Ce sont des survivants, et c’est ce qui les rend si attachants. Ils ne cherchent pas la gloire, ils cherchent juste à payer le loyer, à mettre de la nourriture sur la table, et à ne pas se faire expulser… encore.
Visuellement, Shameless ne cherche pas à te vendre du rêve. Les décors sont aussi crasseux et réalistes que la vie des Gallagher. On est loin des villas luxueuses et des lofts impeccables d’autres séries américaines. Ici, c’est la vraie vie, version Chicago-South-Side, avec des maisons qui s’écroulent presque sous le poids des dettes et des fêtes arrosées où les conséquences sont aussi nombreuses que les canettes de bière vides.
La série excelle aussi dans sa manière de traiter des sujets sociaux souvent difficiles : la pauvreté, la maladie mentale, les addictions, la sexualité, tout y passe. Mais Shameless le fait sans jamais tomber dans le moralisme ou le pathos facile. Au contraire, elle te balance ces thèmes en pleine figure, sans filtre, et te laisse te débrouiller avec ce sentiment bizarre de rire à gorge déployée alors que la situation est objectivement dramatique.
Mais attention, Shameless peut parfois être un peu trop chaotique. Certaines saisons semblent s’étirer un peu trop longtemps, et tu te demandes si les Gallagher vont un jour réussir à s’en sortir… ou s’ils vont juste continuer à plonger tête la première dans leurs propres désastres. Les intrigues peuvent parfois tourner en rond, mais même dans ces moments, la série parvient à te garder accroché grâce à son humour décapant et ses personnages auxquels tu t’es irrémédiablement attaché.
En résumé, Shameless est un savoureux mélange de comédie noire et de drame familial où les pires décisions mènent souvent aux situations les plus hilarantes. C’est une série qui montre que même dans le chaos le plus total, il y a de l’amour, de la loyauté, et une volonté farouche de survivre, coûte que coûte. Si tu aimes les histoires où la morale prend des vacances et où chaque personnage est un désastre ambulant, Shameless est un festin de folie à déguster sans modération.
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Créée
le 23 oct. 2024
Critique lue 5 fois
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