Siren, diffusée sur Freeform en 2018, s’annonçait comme une plongée intrigante dans les profondeurs mythologiques des sirènes, ces créatures mystérieuses qui captivent l’imaginaire depuis des siècles. Avec l’idée d’une sirène charismatique débarquant dans une petite ville de pêcheurs, on pouvait espérer un mélange de thriller surnaturel, de mystère et de tension maritime. Mais au lieu de se retrouver emportés par un chant envoûtant, on finit ballottés dans une série où le potentiel reste en surface, échouant comme une vague qui peine à atteindre le rivage.
L’histoire suit Ryn, une sirène qui sort de l’océan pour chercher sa sœur disparue. Elle se retrouve dans la ville de Bristol Cove, où les légendes maritimes sont tenaces mais où l’accueil est plus digne d’un festival que d’un récit mystérieux. Ryn, avec son regard perçant et ses manières étranges, est une héroïne qui aurait pu être captivante si elle ne restait pas aussi énigmatique. On sent qu’elle pourrait incarner une force de la nature, mais la série peine à aller plus loin que les gestes exotiques et les regards suspicieux. Le couple de scientifiques, Ben et Maddie, qui l’aide dans sa quête, semble quant à lui aussi perturbé par les événements qu’un touriste face à une carte de métro.
Côté narration, Siren navigue entre thriller écologique et romance surnaturelle, mais sans vraiment s’immerger dans l’un ou l’autre. Les thèmes comme la préservation des océans et la coexistence entre humains et créatures marines sont effleurés, mais souvent de façon maladroite. Les épisodes s’enchaînent avec un rythme inégal, passant de moments de suspense à des scènes de romance ou de drame qui tombent un peu à plat, et on a parfois l’impression d’être face à un catalogue de thèmes vaguement aquatiques sans fil conducteur solide.
Visuellement, la série ne manque pas de charme : l’océan est filmé de façon immersive, et les effets pour représenter les sirènes sont plutôt réussis, avec des transformations crédibles et un aspect bestial qui fait plaisir à voir. Mais ces moments de grâce visuelle ne compensent pas les lacunes narratives et l’impression de répétition qui s’installe rapidement. Le mystère des sirènes, censé être l’élément central, perd de son attrait quand la série nous ramène sans cesse dans des schémas familiers : la créature qui s’adapte mal à la société humaine, les scientifiques perplexes, et les résidents de la ville, qui sont aussi utiles qu’un ananas au fond de l’océan.
Les personnages secondaires, quant à eux, manquent souvent de profondeur. Les habitants de Bristol Cove auraient pu être des figures clés, apportant des perspectives différentes sur le phénomène des sirènes, mais ils tombent vite dans des clichés de séries adolescentes : des complots faibles, des romances superficielles, et des motivations aussi changeantes que les marées. L’ambiance, qui aurait dû être tendue et mystérieuse, se dilue dans des intrigues secondaires sans grande importance, comme si les scénaristes hésitaient à plonger dans le vrai suspense.
En somme, Siren est une série qui, malgré ses promesses de mystère et d’envoûtement, reste trop souvent en surface. Les sirènes, au lieu d’être les créatures fascinantes et dangereuses que l’on espérait, finissent par perdre de leur impact, se noyant dans une intrigue qui hésite entre romance et thriller sans jamais s’engager pleinement. Pour ceux qui cherchent une véritable immersion dans l’océan des mythes et des légendes, Siren risque de ressembler à une marée basse : pleine de promesses mais un peu dépourvue d’ampleur.