ATTENTION SPOILERS : Avant de lire cette critique, allez voir l'anime, je vous promet que ne serez pas déçus.
Steins;Gate (SG) est un anime ayant eu un certain succès, et pour une fois, c'est complètement mérité. Il s'agit d'un chef d’œuvre comme il est impossible d'en voir dans le cinéma d'Hollywood. Malgré son thème vu et revu du voyage temporel et son air enfantin, SG est porteur d'un message. Pas un message politique ou philosophique comme on peut en voir dans Psycho Pass ou 1984, mais un message personnel et humain. De part le traitement des deux protagonistes principaux, SG expose le spectateur à ce qui différencie l'humain de l'animal, le CHOIX. Mais je reviendrai sur ce mot qui possède toute son importance au sein de l’œuvre.
Cet anime possède de nombreuses qualités indéniables comme les rebondissements du scénario, le traitement des personnages, les musiques et les dialogues, mais quelques défauts demeurent, lui empêchant d'atteindre le pinacle de la perfection. On peut citer en premier lieu l'humour, parfaitement japonais, à base de seins, de culottes et de « pervers ». Mais en plus d'être redondant, il est parfois placé de telle sorte que l'intensité dramatique en soit diminuée. Étant parfaitement hermétique à ce genre d'humour (pardon d'avoir été bercé par les Inconnus et les Monty Pythons), une scène peut se retrouver complètement gâchée par une blague impliquant la poitrine de la protagoniste principale et un gros otaku à lunettes. L'autre défaut se situe dans les deux derniers épisodes, les auteurs ayant décidé de terminer une fin joyeuse alors que l'épisode 22 représentait l'aboutissement de la quête du héros et ainsi l'achèvement de l'histoire, mais j'y reviendrai lorsque j'aborderai le scénario, ce que je vais faire de ce pas.
Le scénario peut se découper en actes distincts, ce qui facilite sa compréhension car la multiplication des événements et surtout les allers-retours temporels rendent parfois la chose compliquée. Je découperai donc l'intrigue en 5 parties.
Episode 1 : La mise en place de l'intrigue
Contrairement à d'autres œuvres, l'intrigue de SG se met en place très rapidement, dès l'épisode 1 on connaît déjà la quête du héros, qui sera résolue dans les premiers épisodes.
Okabe Rintarou est un jeune scientifique amateur, complètement paranoïaque, il est persuadé d'avoir créé une machine à remonter le temps à l'aide d'un téléphone et d'un micro-ondes. Lors d'une conférence sur les voyages temporels, il fait la connaissance de Makite Kurisu, une vraie scientifique travaillant sur la question. A la sortie, il assiste à son assassinat et la voit gésir sans vie dans une mare de sang. Il décide donc d'utiliser son invention pour tenter de sauver la jeune femme.
Cet épisode pose donc le contexte de l'anime, nous savons tout de l'histoire, Okabe va tenter d'utiliser son invention, ce qui aura pour effet de sauver Kurisu de la mort puis il essaiera de découvrir l'assassin, pas de surprise, nous pensons tout savoir de l'histoire. Et bien non !
Épisode 2 à 13 : La partie chiante
Dans ces épisodes notre Okabe, toujours aussi paranoïaque et puéril va donc parvenir à sauver Kurisu d'une mort certaine (quelle surprise!) avant de faire profiter tous ses amis de sa fabuleuse invention afin de réaliser tous leurs vœux les plus fous. Le protagoniste va donc construire un monde meilleur pour lui et tous ses proches, profitant donc de son invention pour faire le bien (pour une fois). Rien de plus à raconter sur cette partie, assez rébarbative, mais d'une importance capitale pour la suite de l'aventure.
JE VAIS SPOILER A PARTIR D'ICI DONC, SI VOUS N'AVEZ PAS VU L'ANIME ALLEZ LE VOIR TOUT DE SUITE, JE VOUS AI DEJA PREVENUS AU DEBUT BORDEL !
Episode 14 : Le drame
Cet épisode est puissant, presque aussi puissant que l'épisode 22. A partir d'ici, on va passer d'une œuvre pour gamins à un chef d’œuvre pour adultes. L'événement qui se déroule dans cet épisode contraste complètement avec la première partie de l’œuvre, mais il ne s'en contente pas, il lui donne également tout son sens.
C'est ici que la vraie quête d'Okabe, le vrai dilemme, commence, l'épisode 1 n'était en fait pas à distinguer des suivants, car il s'agit somme toute d'une utilisation du saut temporel pour changer une situation passée. Je vous ai bien eus hein ? Vous vous êtes laissés attraper comme le bête spectateur de SG que je suis s'est également laissé berner par cet épisode 1. Après une moitié d'anime sans enjeu, on arrive donc au point de départ de la quête d'Okabe, une quête autrement plus palpitante que de sauver le monde, le choix. Le choix entre sauver une inconnue pour qui il a le coup de foudre et son amie d'enfance, d'une simplicité et d'un « pragmatisme » qui la rendent tout simplement adorable. Je vous garantis, que si vous aviez été dans la position du héros, vous auriez tout autant que lui hésité sur la personne à sauver.
Episode 15 à 21 : La déconstruction
C'est ici que l'anime prend son ampleur dramatique. C'est ici que les personnages évoluent. C'est ici qu'Okabe décide de détruire tout son ouvrage réalisé dans les 13 premiers épisodes afin de sauver les deux femmes qui comptent pour lui. Il sera prêt à revivre des centaines de fois la même journée, de voir et revoir la mort de Mayuri, juste pour la sauver. En vivant ces événements, le personnage paranoïaque et prétentieux se sublime totalement. On voit qu'il serait prêt à tout pour sauver son amie. Alors même que le complot dont il ne cessait de parler se révèle réel, il abandonne son identité de Mad Scientist pour devenir le vrai Okabe Rintarou. On assiste également à l'évolution, presque dans le sens contraire, de Kurisu, qui de très distante, devient de plus en plus proche et s'implique même dans la quête de son ami (et amour), au point d'accepter l'inévitable. Changement principal qui permet d'apprécier l'ampleur de la mutation du personnage, il appelle enfin Kurisu par son nom, au lieu du pseudonyme Christine dont il l'avait affublée. A la fin de l'épisode 21 qui tout se joue, nous sommes sur le point d'assister au meilleur épisode d'anime jamais écrit.
Episode 22 : Effondrement de l'existence (nom officiel)
Cet épisode représente la vraie fin de l'anime, celle qui clôt complètement l'aventure de notre héros sur la ligne temporelle Bêta. Kurisu se résigne et accepte le sacrifice après avoir annoncé au personnage principal que c'était la seule solution. En effet, si le but principal d'Okabe était au départ d'empêcher son Mayuri de mourir, assister des centaines de fois de son décès l'avait rendu complètement insensible. Pour lui, chercher la solution au problème de la mort de son amie était devenu plus un défi personnel qu'une réelle envie de la sauver. C'est devant ce constat atroce que Makite accepte de se sacrifier pour épargner à la fois les souffrance du scientifique et celles de son amie. Profitant de ce moment, Okabe déclare sa flamme à celle qu'il avait au départ sauvée, s'en suit alors un baiser d'adieu, dans une ambiance à pleurer. Le rendu de la scène est époustouflant, je me souviens encore de la musique alors que la caméra s'éloigne lentement de l'appartement. Mais la tension et la tristesse n'en est pas encore à son comble. Après avoir ramené son amour à la gare afin qu'elle puisse partir vers sa mort et lui retourner dans la ligne temporelle Alpha, le jeune scientifique se prépare à appuyer sur le bouton qui l'éloignera à jamais de celle qu'il aime, celle qui l'a soutenue à travers cette période troublée, celle qui lui a permis de se sublimer et de devenir Okabe, au lieu de Ohohin Kyouma (pardonnez l'orthographe). La seconde où il appuie sur le bouton, Kurisu déboule en criant... A -t- elle trouvé une solution ? Qu'avait-elle de si important à dire ? Cela, Okabe Rintarou ne le saura jamais car le voilà déjà transformé vers sa ligne temporelle de départ, celle où Kurisu gît sans vie dans une mare de sang...
C'est en général le moment où vous mettez sur pause et restez l'air hagard devant votre écran en se demandant si tout ce que vous venez de voir est bien réel
Pour l'anecdote, cet épisode m'a tellement choqué que j'ai vraiment du me lever de ma chaise et aller faire un tour quelques minutes pour pouvoir me remettre de mes émotions.
Cette fin est toute bonnement gé-ni-ale, le héros parvient à renverser les événements et à sauver la personne pour qui il avait tant donné, au prix de la personne qui l'aimait et qu'il aimait. Si l'anime s'arrêtait ici, il aurait mérité une note supérieure à 10. Avoir les couilles de proposer une fin comme celle-là fait que j'aurai sûrement acheté le dvd en édition limitée collector... Malheureusement ce n'est pas le cas, ce qui m'amène à la suite.
Episodes 23 et 24 : La Happy End/Fan Service/Fanboyisme/Manque de Couilles
Je ne m'attarderai pas longtemps sur ces épisodes. En résumé, Okabe découvre que c'est lui qui est à l'origine de la mort de Kurisu alors qu'il cherchait à la protéger de son père. Mais tout se rétablit dans l'épisode 24, alors qu'il parvient à la sauver grâce au subterfuge du faux sang afin que le père soit dupe.
J'élude volontairement tant cette fin n'a que peu d'intérêt et peu d'impact par rapport à ce que viennent de nous vendre les 10 précédents épisodes. Je peux me permettre de le faire parce que, selon les rumeurs, le studio à l'origine de cet anime a annoncé que ces deux derniers épisodes ne seraient plus canons et que la fin officielle est maintenant un épisode 23 bis que je n'ai malheureusement pu voir pour l'instant. En espérant que ce soit vrai.
Voilà qui clôt plus ou moins mon propos. Je voudrais cependant ajouter que les doublages de cet anime sont d'une qualité exceptionnelle, j'ai rarement entendu des voix qui collaient si bien aux personnages. Les émotions, comme le caractère des personnages, sont parfaitement transcrits. La musique également, bien que rare et discrète ajoute un effet dramatique non négligeable. Enfin, il faut noter que pour 2011 les dessins de l’œuvre sont d'une qualité tout à fait correcte, même si l'anime ne prend pas trop de risques car la plupart des scènes se passent dans le même appartement.
Steins;Gate est donc une œuvre d'une incontestable qualité, avec une histoire aux petits oignons et des personnages d'une profondeur rarement égalée. En conclusion, un petit chef-d’œuvre qui m'aura particulièrement marqué et que je ne peux que conseiller à toute personne, amateur d'anime ou non.
TL:DR : Ferme Sens Critique, prends toi un paquet de chips, un Dr Pepper et enchaîne cet anime en une nuit, tu ne le regretteras pas !