A force de croupir sous une avalanche de news annonçant des adaptations en pagaille sur les services de streaming, j'ai oublié qu'une série animée Tekken était en chantier chez Netflix. Ce n'est uniquement que quand le trailer a poppé que l'info a pu revenir auprès de pas mal de monde (dont moi) et ce trailer...et beh il était potable. Il y a un mix Animation 2D/CGI un poil bâtard mais plutôt bien étudié. Les extrait de ce trailer montraient plus ou moins ce à quoi nous pouvions nous attendre. De la bagarre, l'histoire du jeu qui est directement retranscrite, les combattants du jeu qui sont reconnaissables de loin. Oui, c'est Tekken.
Et secrètement, je rêvais de ce genre de projet depuis longtemps. Vu le foutoir magique qu'est le lore de Tekken, il y a moyen de fournir le scénar d'une adaptation en Anime sur la longueur sans soucis. Ce qui a déjà été tenté à quelques reprises dans deux films live, deux OAV et un film d'animation. Et comme pour la plupart des adaptations de jeux, tous avec un résultat globalement pas fou (voir franchement nul pour le film "Tekken 2") mais avec des petites notes qui feront rire les fans ou les personnes avec les goûts les plus expensibles.
J'ai donc reservé ma journée et non je déconne, je suis au chomâge. J'ai allumé Netflix et j'ai vu un élément que j'avais complétement oublié. Il n'y a que 6 épisodes. J'avais oublié que la plupart des séries animées Netflix arrivent souvent avec une moitié de saison. Voir, des saisons avec aussi peu d'épisodes. Et le problème que ces séries ont en commun, c'est que le manque d'épisode se ressent. Elles n'ont parfois le temps de rien.
Et c'est aussi le problème de "Tekken: Bloodline", ça va vite. Trop vite. La série en profite donc pour se focus sur le plus important, la bagarre. Bagarre partout, bagarre tout le temps. Dès le début, on nous montre Jin qui subit une "Karate Kid" en se faisant victimiser par les vilains ados du village. Evidemment, il les éclate mais s'arrête avant de vraiment pouvoir en briser un. Jun, sa mère, le receuille et lui dit alors "Ce n'est pas grave, je vais t'apprendre le Karate moi. T'es pas comme les autres bouseux, toi t'es mon gamin". Et vu qu'elle sait qu'elle va mourir, elle lui balance des phrases de mamans de série qui savent qu'elles vont mourir. Des trucs du style "Fais le bien, pas le mal. C'est méchant de faire le mal, tu es né pour faire le bien". Et c'est texto dit de cette façon dès le début, autant vous dire que c'est pas l'écriture qui brille dans cette série. Puis bagarre contre Ogre, le démon. Jun meurt, Jin finit chez son papy. Le pur, le dur, le grand, le mec qui a un écosystème dans chacun de ses sourcils, Heihachi Mishima. Qui promet de faire de Jin un "Mishima" en lui aprennant leur style brutal de Karate familial. Après quatre années d'entrainement, Jin peut participer au nouveau tournoi The King Of Iron Fist Tournament et bagarre.
Ce problème de rythme fait que, malheureusement, la série faute parfois sur l'élément de base de chaque adaptation, expliquer et traduire l'univers du jeu pour un nouveau public. C'est souvent bien fait car la plupart des personnages nous sont introduits de façon correct. On nous explique souvent qui ils sont. Par exemple, on nous explique correctement qui sont Paul, Nina, King et même Leroy Smith. Il y a des caméos rapides aussi. Puis il y a des moments où il y a une micro-scène et vous êtes censé deviner que le personnage aura de l'importance. Hwoarang et Xiaoyu sont introduits comme cela à la fin du 2ème épisode dans deux micro-scènes en plein training-montage, ils reviennent au début du 3e et 4e épisode. Et la série compte sur le fait, que maintenant, vous savez que ce sont des personnages importants pour l'intrigue. C'est super brouillon.
Pareil pour certains pans d'histoire, le scénar du jeu s'imbrique parfois correctement à l'intrigue. Puis il y a des moments où ça ne match pas par manque de temps. Ou alors, car il y a trop de personnages et que la série est un poil trop généreuse là-dessus. Toutes les révélations et sous-intrigues autour de la relation entre Jin et son père disparu, Kazuya, sont présentes mais expédiées à vitesse grand V. Le problème viendrait peut-être du fait que la série fait inconsciemment le choix de parler à un public de fans connaissant déjà la série de jeux, des intentions qui ne sont pas claires non plus.
Et la baston dans tout ça ? Les scènes de combat sont polies comme des boules d'aluminium. Ils sont très bien animés, sont prenants, essaient de recréer un feeling visuel proche du jeu en ajoutant les effets de feedback (les explosions quand le personnage met un coup) directement tirés du jeu. Là où les producteurs ont été malins, c'est qu'ils ont compris de quoi ils devaient remplir leurs 6 épisodes. Nous mangeons de la baston jusque plus soif. Ce qui est parfait pour une série Tekken.
Je pense qu'ils ont aussi compris ce qui était intéressant à exploiter dans une série Tekken.
Si vous vous demandez si la série a un "feeling Tekken", la réponse est "oui, plutôt". On y trouve les combats, le scénario se centrant autour d'une vengeance familiale et aussi de nombreux passages étant complétement 1er degrès. Même quand c'est stupide. On retrouve cette ambiance remplie de personnages abusivement stylés et "campy" se mettant d'immenses mandales dans une animation étudiée pour l'occasion. Une animation qui fait incroyablement bien son boulot d'un point de vue technique, les moments en 2D s'impriquant bien avec la CGI. Sauf à certains moments où les deux cohabitent mal. Surtout quand le visage d'un personnage doit bouger à la fin d'un combat. Mais le tout marche bien.
"Tekken: Bloodline" est sans aucun doute la meilleure adaptation qu'à pu avoir la série de jeux pour le moment. Même si j'éprouve de la sympathie pour les films d'animation, aussi cons qu'ils puissent être, "Bloodline" est la seule adaptation à faire un effort conséquent pour adapter l'univers du jeu. Ce qui aurait pu être encore meilleur si le mode de production de ces séries Netflix permettaient d'avoir de vraies saisons d'au moins 13 épisodes.
En conclusion, c'est une série correcte qui pourra faire plaisir à un fan de Tekken. Qui est faite de ce que les jeux font de cool en terme d'histoire. Avec des dialogues concons, manichéens mais aussi drôles. Avec une animation efficace et bien pensée. Peut-être cool pour un néophyte cherchant un programme avant de dormir. Malheureusement gâché par un rythme qui n'a pas le temps de pisser et une écriture fadasse qui aura peut-être la chance de vous faire sourire. Comme pas mal de coproductions Netflix. Mais comparé à l'anime "Dragon's Dogma", "Tekken: Bloodline" est un bien meilleur cru juste en faisant le minimum syndical.