Voir la série

Imaginez un peu : vous vous rendez à l'épicerie locale. Pour la quatrième fois cette semaine, vous lorgnez sur le rayon chips, l’œil fuyant devant les saveurs Bret's ; vous le savez, ça n'est pas bon pour vous, mais ce soir encore, c'est soirée célibataire. Alors vous empoignez le paquet avec un air maussade, quand tout à coup... Une lueur bleue vous attire au fond du magasin. C'est un photomaton, enfin, ça y ressemble, mais il brille dans l'obscurité, et vous, naturellement, vous êtes curieux... Vous posez les chips saveur yakitori sur le sol, et vous vous installez dans l'étrange habitacle.

Là, ça se corse : le photomaton vous demande votre numéro de sécurité sociale et prend vos empreintes. Ça n'est pas un photomaton comme les autres, pour sûr. Mais vous, vous pensez à votre T1 étroit, à votre voisine sénile et au jeune couple qui détruit votre sommeil, et vous vous dites : je n'ai plus rien à perdre. Vous obtempérez, et posez vos mains sur la machine. Vous attendiez un flash et une photo ? Il n'en est rien. Sur l'écran, un message s'affiche. "Êtes vous prêt à découvrir votre potentiel de vie ?". Vous êtes surpris. Mais évidemment que vous êtes prêt. Votre vie, jusqu'à présent, semble réduite à peu de choses. Alors vous dites oui.

La machine vous sort une minuscule carte en carton. Votre potentiel de vie est... "Testeur de chips Bret's". Vous êtes abattu, au début. Puis vous réalisez : plus besoin de complexer, plus besoin de craindre le cholestérol. Si tester tout le rayon est le potentiel de votre vie, alors, tout est permis. Vous étiez abattu, mais maintenant, vous êtes gonflé d'orgueil, une folle énergie vous étreint, vous exultez ! Au diable l'avarice, vous achetez TOUT le rayon. Yakitori, Camembert, Cèpes, même l'étonnant goût pastis, Pesto-fromage, tout y passe. Au caissier qui vous regarde placidement, vous répondez : "c'est le potentiel de ma vie".


Maintenant, imaginez : une série télévisée qui s'appelle The big door prize a développé ce scénario sur dix personnages d'une ville moyenne américaine. Vous hésitez : il y a vingt épisodes. Vous le savez, vingt épisodes, c'est dix heures de vidéo. Dix heures de vidéo, c'est un équivalent chips Bret's de quinze paquets. Vous songez à votre généraliste. Vous songez à la vieille et au jeune couple. Au fond, vous le savez. Un jour ou l'autre, il faudra fuir dans la fiction. Elle soignera. Vous déclenchez la lecture. Vous commencez le voyage.


Créée

le 7 juin 2024

Critique lue 71 fois

Critique lue 71 fois

D'autres avis sur The Big Door Prize

The Big Door Prize
hubertguillaud
2

Sympathique, mais vite répétitif

Passé son argument sympathique (qui sommes-nous ? que voulons-nous ? où allons-nous ? et devons-nous aller là où nous allons ?), ce Big Door Prize révèle vite ses limites de comédie répétitive feel...

le 10 sept. 2023

1 j'aime

The Big Door Prize
LéoL_hermite
5

Le conte n'est pas bon

Sur une proposition digne de Black mirror ou La quatrième dimension, David West Read (Schitt’s Creek) dilue sa comédie pataude et ses banales réflexions philosophiques sur le libre-arbitre dans 10...

le 12 juil. 2023

1 j'aime

The Big Door Prize
Débris_d_étoiles
8

Testeur de chips Bret's

Imaginez un peu : vous vous rendez à l'épicerie locale. Pour la quatrième fois cette semaine, vous lorgnez sur le rayon chips, l’œil fuyant devant les saveurs Bret's ; vous le savez, ça n'est pas bon...

le 7 juin 2024

Du même critique

The Big Door Prize
Débris_d_étoiles
8

Testeur de chips Bret's

Imaginez un peu : vous vous rendez à l'épicerie locale. Pour la quatrième fois cette semaine, vous lorgnez sur le rayon chips, l’œil fuyant devant les saveurs Bret's ; vous le savez, ça n'est pas bon...

le 7 juin 2024