Le féminisme pour les nuls (blancs) (riches)

L'objectif d'injecter du féminisme à une série girly/glamour est atteint. C'est à la mode, c'est efficace, ça plaît à Konbini et à Madmoizelle. Pari réussi. The Bold Type est un véritable safeplace pour tout capitaliste qui se respecte.

On met en scène une soi-disant diversité. Ce que j'observe : un lieu de travail ultra-compétitif (qui finit pourtant par récompenser les gentils, il faut dire que la loi du marché engendre une méritocratie pure et parfaite), des filles ultra-jolies (des moches ce serait moins fun), et un magazine qui est con mais pas trop (les femmes maintenant ça veut avoir une opinion, c'est assez trendy il paraît).

Même les "culturellement différents" (je pense bien-sûr à l'artiste musulmane) sont représentés avec de fortes valeurs progressistes américaines. La femme qui alors portait le voile se dénudera même lors de quelques scènes, montrant bien que même les manières alternatives de penser son corps finissent par céder aux exigences du body positive.

Le principal message (théorique) qui était de montrer la richesse des expériences humaines, non réductibles à une simple étiquette, finit ainsi : certains pays n'autorisent pas les sextoys, quelle horreur !

The Bold Type n'est pas une "bouffée d'air frais", ce n'est pas le signe d'une révolution saine de la représentation des femmes sur nos écrans. C'est simplement la preuve que la lutte féministe telle qu'elle devrait être a depuis longtemps été récupérée, comme bien d'autres causes, par un marketing excellent lissant tout sur son passage.

Politisons de nouveau la revendication d'égalité entre les hommes et les femmes, radicalisons-nous, devenons extrémistes, car rien ne sera acquis sans violence dans un monde où un instrument de propagande comme The Bold Type est pointé du doigt comme le show le plus subversif du moment.

Non au féminisme rose bonbon.