Classique. .
C'est un peu énervant cette propension des gens à 'kiffer' des films ou séries dès que cela apparaît un tantinet trash ou subversif ... Dès qu'on enlève la forme la série est quand même très moyenne...
le 29 juil. 2019
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Le principe est assez fascinant : les super héros sont, derrière leur masque médiatique, des ordures. On assiste, avec cette série, à un renversement des points de vue, et des valeurs, puisqu’au lieu de suivre les « supers », le spectateur adopte le point de vue des simples humains, habituellement les méchants, qui tentent de provoquer leur chute.
C’est que le spectateur se trouve projeté dans ce que donnerait l’existence de super-héros dans le monde réel, c’est-à-dire non pas une idéalisation réductrice du monde à une lutte entre le bien et le mal, mais plutôt l’insertion cohérente de ces surhommes dans la complexité de notre réalité. Il y avait un film, Hancock, qui, qui avait tenté d’introduire un surhomme dans un monde réaliste, mais cette tentative s’était résumée à une prise de pose ratée, une réduction du réalisme à la seule psychologie du personnage. Au contraire, ce qui impressionne, avec The Boys, c’est la crédibilité de l’intégration des super héros dans la réalité de notre quotidien, notamment à travers la prise en compte de deux paramètres : les dégâts collatéraux (humains, et plus seulement, comme dans Hancock, matériels), et l’économie.
C’est « Supers » sont pleinement intégrés au circuit économique : produits dérivés, publicité, ils sont des produits de consommation. En tant que tels, ils se doivent non d’être, mais de paraître, irréprochables moralement. On est donc amusés, dans un premier temps, de constater le fossé qui sépare leur image de marque, bâtie de toute pièce par les services marketing, de leur immoralité réelle ; le spectateur jubile d’y retrouver ce même écart qu’il impute volontiers aux élites qui le dirigent. L’histoire des chantages réciproques entre le société privée qui emploie les héros, et les diverses institutions traditionnelles de l’État Américain sont lumineuses, en ce qu’elles disent beaucoup du fonctionnement de notre société, et stimulantes, en ce qu’ils nous font réfléchir sur les imbrications des intérêts économiques et militaires, mis ici en lumière par la remise en cause, par l’émergence de techniques nouvelles ([production de surhommes]) des rapports de force au sens du complexe militaro-industriel.
Du côté des personnages principaux, le scénario fait preuve d’intelligence, sans pour autant, le marketing exigeant la mise en place d’un minimum d’empathie du spectateur pour les personnages principaux, aller suffisamment loin. Ces personnages principaux veulent simplement se venger : on se situe au-delà d’une lutte classique entre bien et mal. La haine qu’ils vouent aux « Supers » les poussent à renier chez ces derniers toute part d’humanité, dans le but d’exercer, sans empathie, leur revanche ; c’est tout le cheminement du personnage principal vers celui de Butcher. Mais c’est un échec. C’est un échec car ce personnage principal se trouve tiraillé entre les influences opposées de Butcher et d’Annie. Ne s’abandonnant jamais totalement du côté de Butcher, l’effet cathartique qui pourrait résulter de la traque des héros (c’est, au fond, le spectateur lambda qui se venge de son impuissance)n’est jamais totalement atteint, le personnage principal conservant, sous l’influence d’Annie, trop de principes moraux (ou plutôt : pas les bons). En effet, en vidant son personnage de tout principe moral, on pouvait penser qu’il perdrait en même temps son potentiel d’identification auprès du spectateur. Sauf qu’en réalité, évacuer toute empathie du personnage principal à l’égard des « Supers » n’eût pas été synonyme d’abdication de toute dimension morale ! A défaut de valeurs « niaises » (pour une fiction), très « Marvel » parce que purement égoïstes (culpabilité liée à l’idée de sacralité de la vie humaine par exemple), il restait d’autres valeurs, plus tragiques, plus politiques, plus classiques, comme la justice, ou la défense de la Res Publica (par le combat contre l’extension toujours plus grande d’une puissance privée sur les divers aspects de la vie publique). Par conséquent, au lieu d’un héros au sens classique du terme, on se retrouve avec un bouffon, dont la bêtise culmine au cours de l’épisode final, quand [il refuse de tuer A-Train (mais attendons de voir quelles suites donnera, à cet événement, la saison 2)]
En conclusion, il y a encore trop de Marvel, puisque la série essaie de plaire à un public dont les goûts ont largement été influencés par les films de cette entité.
Saison 2
Je baisse de deux points: le recourt au nazisme était dispensable; il y avait suffisamment d'éléments à charge de Vought, mais j'imagine que c'était nécessaire pour ne pas avoir à remettre en question le positionnement moral de notre bande cosmopolite de héros, qui au fond, constitue un groupement quasi-terroriste.
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Créée
le 15 janv. 2020
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