Cela faisait longtemps qu'un drama ne m'avais pas enthousiasmée ce point !
Tout d'abord, le côté esthétique est très travaillé, que ce soit au travers des costumes, des décors, des musiques de fond, que par la réalisation soignée qui sait s'attarder sur les expressions des personnages moins loquaces, ou bien donner du dynamisme comme de la fluidité.
Le scénario, quant à lui bien ficelé, fait se mêler choix impulsifs, plantages avec bonnes grosses conséquences et rebondissements plus ou moins inattendus, donnant une intrigue qui progresse toujours et où les échecs ont leur part décisive à jouer.
Un des intérêts majeurs de ce drama à mes yeux réside dans l'apparition de questionnements de fond, avec des propositions de réponse parfois loin des standards de dramaland. Comme par exemple le pari de faire confiance à d'anciens ennemis et de promettre l'indulgence en échange du repentir. Ou comme l'idée que laisser mourir une personne pour protéger le reste du peuple est contradictoire avec l’exercice d'une gouvernance qui se veut au service de tous, et qui y perdrait son âme.
L'intrigue met aussi en scène la recherche de main-mise du groupe Pyunsoo sur la distribution de l'eau puis sur la fabrication de la monnaie, ce qui n'est pas sans faire penser à deux trois trucs nettement plus récents que l'ère Joseon........
On voit également se jouer les effets de la tentation du pouvoir, ceux de la corruption presque inévitable que produit l’exercice de ce même pouvoir, ainsi que ceux de l'asservissement par toute forme de drogue.
Mais au-delà de tous ces éléments qui donnent déjà un supplément d'âme au drama, j'ai eu un gros gros coup de cœur pour l'écriture des personnages.
Il y a d'abord Hwa Gun belle, intelligente, et surtout passionnée et intrépide. Au départ enfant gâtée frondeuse qui n'a peur de personne, elle se dirige vers un avenir de dirigeante manipulatrice sur le modèle de son grand-père.
Mais en tombant éperdument amoureuse, elle va canaliser toute sa passion et lui faire atteindre une forme d'héroïsme étonnant.
On a le droit aussi, comme dans beaucoup de dramas historiques -et ce n'est pas moi qui m'en plaindrai-, aux gardes du corps presque aussi dévoués que ténébreux (à moins que ce ne soit l'inverse ^^), qui sont toujours là au bon moment pour jouer du sabre avec brio, en mode 1 contre 67. Leur capacité à surgir de l'ombre au moindre appel est à la limite du 2nd degré, mais bon, on leur pardonne parce qu'autant de talent pour les arts martiaux, autant de fidélité et d'abnégation, c'est quand même super classe.
Avec en prime ici la caméra qui s'attarde sur leurs expressions, chez Gon notamment, laissant entrevoir qu'il est interpelé par l'attitude et les décisions du Prince Héritier.
Gon y gagnera en profondeur et, se libérant un peu de son rôle d'exécuteur zélé, prendra une initiative décisive suite à ce mûrissement.
Le père de Hwa Gun, fils peu estimé du très méchant Dae Mok, semble quant à lui destiné à rester un peu coincé dans ce rôle de mal-aimé. Mais finalement, son apparent manque de charisme viendra rendre cohérente la réactivation de sa part d'humanité, qui reprendra le dessus, lui faisant réaliser la vanité du fonctionnement de Dae Mok, et lui rendant à ce moment son indépendance d'esprit.
Et bien sûr il y Dae Mok lui-même, impeccablement incarné par Heo Jun-ho, personnage impitoyable qui travaille à étendre son pouvoir pour changer le monde qui l'entoure et ne plus en être une victime impuissante, mais qui, faute de remise en cause, perd de vue ce qui lui était essentiel.
Et, last but not least, il y le Prince Héritier, passionné, impulsif, courageux mais également hautement empathique, faisant cohabiter humilité et leadership... <étoiles dans les yeux>
Tout en tendant jusqu'au bout la main à ceux qui ont essayé de le tuer, il fait l'effort de se mettre à leur place, s'excuse pour ce qui est de sa part et leur donne l'opportunité d'un ultime repentir et d'une réconciliation. On est quand même à deux doigts du pardon, concept a priori incompatible avec les kdramas, qui préfèrent de loin les vengeances inflexibles.
Il assume ses responsabilités au delà de ce qu'on attend de lui, refusant même d'user de circonstances atténuantes et manifestant un regret sincère d'avoir pu causer du tort aux autres, même quand c'était involontaire.
Une de mes scènes préférées est celle où Ga Eun est sur le point de le tuer pour venger son père, rendue poignante par l'attitude du Prince qui n'ébauche pas le moindre geste de défense.
Tout cela aboutit à une personnalité spécialement résiliente, qui n'a pas besoin de vengeance pour être apaisée, qui admet volontiers ses erreurs, qui ne craint jamais pour sa vie et qui ne s'accroche même pas au pouvoir. A noter que le parcours personnel du Prince va lui permettre de révéler des compétences indépendantes des droits donnés par sa naissance, et donc une légitimité supplémentaire pour être roi.
En effet, il ira jusqu'à se questionner sur son droit au trône ; l'intrigue donne lieu à une réflexion sur ce qui fait un "vrai" roi, et sur les critères qui peuvent finalement justifier celui qui occupera cette place suprême.
Bon maintenant, soyons honnêtes, tout n'est pas parfait. A commencer par la romance, qui manque totalement de sel et d'originalité ; on a même le droit au coup d'autant plus gonflant qu'usé jusqu'à la corde du "je dois venger mon père mais je vais éviter de vous l'expliquer" -_- ....
On n'échappe pas non plus au classique bisou sur fond de lac au clair de lune, ni aux marches en binôme ultra lentes, que même ma tortue de terre elle les double sans forcer.
Il faut aussi accepter un côté un peu verbeux sur la fin, où n'importe quel dialogue se fait au rythme d'une pause tous les 3 mots (arghhhhhh) ainsi que certains effets de manche un peu forcés dans les derniers épisodes.
Mais toutes ces imperfections n'ont finalement pas entaché mon enthousiasme après le visionnage des 40 épisodes. Car si tout ça n'est pas bien réaliste, cela m'aura fait rêver, justement dans le registre que j'attends de la fiction, à savoir celui de faire exister des personnages emprunts de noblesse, d'humilité et d'héroïsme qui nous proposent une vision du monde inspirante.