This Is Us, édition maison hantée

Dès le début du visionnage et étant donnée la méthode de narration choisie, il est difficile de ne pas faire un parallèle entre les deux séries. On suit en effet une famille dont l'un des deux parents est décédé, en racontant alternativement deux timelines (l'enfance puis l'âge adulte des protagonistes principaux), chacune de ces timelines venant enrichir l'autre et nous en apprenant progressivement plus sur cette famille. La nouveauté étant ici l'inclusion de l’élément horrifique et de cette maison hantée.

Ce procédé est très astucieusement utilisé et constitue le plus gros intérêt de la série. On se rend en effet progressivement compte que la maison a façonné chacun des personnages y ayant résidé, et qu'elle est la raison pour laquelle ils sont qui ils sont aujourd'hui, même s'ils sont tous très différents les uns des autres. Certains étant dans une optique de négation totale des phénomènes paranormaux qui sont survenus, d'autres au contraire y croyant dur comme fer, leur point commun restant d'avoir tous étés profondément affectés par les événements survenus à House Hill.

On entend souvent que le problème de l'horreur en série est de maintenir la peur et le malaise sur une durée beaucoup plus longue que celle requise par un film : The Haunting of Hill House évite brillamment cet écueil en développant une galerie de personnages profonds, variés, bien écrits et auxquels on a davantage le temps de s'attacher, ce qui est beaucoup plus délicat dans un film d'une heure trente. Le tout étant servi par un casting parfaitement au diapason, que ce soit dans les rôles enfants ou adultes. L'avantage du format série est donc pleinement exploité ici. Ce qui ne signifie pas que l'aspect purement horrifique est en reste. Même si on échappe pas à quelques jump scares prévisibles, la tension est maintenue tout au long des dix épisodes et on a pas mal de moments susceptibles de foutre une petite frousse et dans tous les cas, on a envie de savoir pourquoi, comment et surtout comment les choses vont se terminer pour la famille Crain.

C'est à ce (seul) niveau que la série a un peu péché pour moi : j'ai trouvé le buildup et la montée de la tension dans les 7 premiers épisodes vraiment exceptionnelle, pour trois derniers épisodes un peu plus décevants par rapport au reste et à ce qu'on était en droit d'en attendre. La fin est beaucoup plus classique et m'a semblé un peu confuse... Ou alors c'est la fatigue qui est entrée en jeu après deux jours de binge intensif, il ne fait nul douter que je m'accorderais un second visionnage quand j'aurais davantage de temps.

Quoi qu'il en soit, à une époque où l'horreur peine énormément à se renouveler et enchaîne les mêmes productions insipides et formatées, The Haunting of Hill House est une vraie bouffée d'air frais qui exploite parfaitement les spécificités de son format et qui m'a plongé dans un autre monde et une petite bulle le temps d'un week-end.