The Idol, un écho vide d'Euphoria

Sam Levinson s'est fait connaître grâce à la première saison d'Euphoria, qui a été un succès aussi critique que populaire. Et il est vrai que la première saison était plutôt chouette. Les personnages étaient intéressants, tout comme la cinématographie. Mais au fur et à mesure qu'ils enchaînent les projets, c'est à se demander si la première saison d'Euphoria était un coup de chance ou s'il a perdu sa passion entre temps. Malcolm & Marie était d'un ennui à mourir, avec des élans narcissiques. C'était long, explicatif, criard. La saison 2 d'Euphoria était un long naufrage, malmené par un scénario brouillon et qui avait perdu de son âme. The Idol semble dans la continuité. Le potentiel est là, il y a de l'idée, mais tout sonne faux et brouillon. On dirait une moitié d'une oeuvre, et il manque l'autre.

Si on oublie les polémiques, la série est particulièrement fade. La première partie du pilote est bien partie. On est pas sur du Succession, mais ça a l'air de s'ouvrir vers quelque chose de sympa. Et puis, lorsque The Weeknd débarque, ça devient n'importe quoi. Là où la première moitié semble annoncer une oeuvre sur l'image et les relations publiques d'une célébrité, ça part dans un autre délire rapidement. Cela donne aussi l'impression que la série part dans tous les sens. En effet, le perso de The Weeknd pue le viol comme le dira l'une des amies de Jocelyn (une pop star qui a le nom de scène Jocelyn ?) Est-ce que le personnage est malaisant car il doit être malaisant ? Ou parce que The Weeknd joue mal ? C'est la grande question. Mais dès son arrivé, tout se casse. Le problème principal étant que le début de cette relation toxique ne fait aucun sens. Jocelyn est une femme fragile, qui joue un rôle, endeuillée. D'accord, très bien. Ca ne suffit pas à nous faire croire en cette relation, ni qu'elle puisse aussi facilement être sous le charme de son interlocuteur. Quant aux autres personnages, c'est très simple : ils ne servent qu'à être l'entourage de Jocelyn. On ne voit pas s'ils ont une vie en dehors, on ne s'intéresse pas à eux. Et c'est ben dommage, car ils sont plus intéressants que l'intrigue principale. Lors de la première moitié, je me mettais même à me dire que ça aurait été marrant d'avoir une comédie type The Office sur ces gens qui tentent de maintenir la notoriété d'une starlette en vie. Lily Rose Depp n'est pas si mauvaise que ce que j'entends sur son jeu, même si on est clairement pas sur une grande prestation non plus. Rachel Sennott a mieux réussi à ajouter des subtilités à son perso, même s'il tient sur trois mots : la pote assistante. Sinon, les dialogues sont vraiment infâmes. Ça se prend beaucoup au sérieux et ça gagnerait à être plus second degré, en tout cas pour la première moitié. Car la seconde est plus glauque.

J'ai l'impression que, là où il avait plutôt échappé aux attaques en 2019, Levinson commence à être rattrapé pour son regard très lubrique présent dans ses oeuvres. Je n'ai pas spécialement de problème avec ça, je le perçois comme un choix artistique. Cependant, ça ne sert pas à grand-chose. On ressent plus un désir de choquer que de raconter. Ici, quel est le message ? Nous dire que les chanteuses comme Britney Spears sont maltraitées et sexualisées ? Merci, je crois que tout le monde est déjà au courant. C'est déjà un archétype qu'on peut retrouver dans plein d'oeuvres, celui de la star tournée vers la déchéance. Nous faire une oeuvre provocante sur les dessous de Los Angeles/Hollywood/Célébrité ? Ce récit n'apporte rien de particulier sur un thème qui a été fait 10 000 fois. Autant revoir Maps To The Stars de Cronenberg.

Dans le même genre, je ne peux que conseiller la série I Hate Suzie qui aborde le même thème : les répercussions d'une nude en ligne pour une actrice.