Je m'explique.
Lorsque j'ai lu l'affiche de cet anime, je m'attendais à un énième anime magie/tranche de vie/lycée et tout ce qui va avec (le harem, le copain pervers, le fan-service, un protagoniste transparent qui ne fait rien de l'anime à part être gentil avec ces dames...). C'est donc avec une piètre opinion que je me suis lancé dans Mahouka Koukou no Rettousei.
Dès le premier épisode, la plupart de mes préjugés furent balayés. Tatsuya, notre protagoniste, a, disons le, un certain style. C'est l'habituel « brun ténébreux », ces yeux sont d'un bleu perçant, il est grand, baraqué comme il le faut. Le tout ajouté aux uniformes du lycée particulièrement classes, on a vraiment un protagoniste qui a de la gueule.
D'un point de vue technique, c'est franchement réussi. Dès les premiers instants, on remarque directement une animation fluide et des couleurs aux tendance froides mais somptueuses avec un très beau bleu dominant (me faisant un peu penser à K project). De plus, la bande-son est également au rendez-vous, en particulier le premier opening, Rising Hope, chanté par LiSA qu'on ne présente plus si vous suivez un peu les sorties saisonnières. L'OST est pas mal, un mélange de techno/house, avec certains thèmes prenants.
En plus de cela, nous avons une approche de la magie plutôt inhabituelle, puisque celle-ci est en parfaite harmonie avec la technologie, telle un fait avéré et logique. Nous avons ainsi droit à diverses explications, faisant même intervenir des phénomènes comme la répulsion des atomes, les lois de la gravité etc... Bien entendu, nous assistons un anime, et non à un cours de physique, les explications ne sont donc pas très compliquées, et compréhensibles.
Enfin, lors de ces premiers épisodes, Mahouka traite d'un sujet d'actualité, mais se le réapproprie à sa façon, dans son propre univers : la discrimination. Ce sujet est présent tout le long de l'anime, avec la soi-disant supériorité des Bloom face aux Weed, et les conséquences que cela peut engendrer, telles les préjugés, les agressions psychologiques, allant jusqu'aux actes de violence.
C'est peut-être à ce moment-là que je me suis un peu emporté : partant de bas, l'anime a réussi, pendant les premiers épisodes du moins, à me faire changer d'avis. Hélas quel dommage que la qualité des premiers épisodes ne va pas durer...
Premièrement, la crédibilité mise en place est totalement détruite par la suite. Ainsi l'anime se tourne vers de l'action bourrin : mitrailleuses, flingues et katanas seront de la partie... De quoi attirer plus facilement le public, certes, mais au final la réflexion sur la magie ou sur les discriminations est totalement oubliée, et peut même paraître de prétexte pour faire arriver les ennemis. De plus, on constate un manque total de cohérence en ce qui concerne le scénario. Exemple flagrant, l'invasion par un véritable commando armé jusqu'aux dents se déroule dans un lycée. Sérieusement ? Surtout que Tatsuya savait qu'une attaque potentielle pourrait arriver. Dans ce cas là, prévenir les forces de l'ordre aurait été la moindre des choses. Mais non, on va donc assister à une véritable « guerre » au sein du lycée, défendu uniquement par ses lycéens. On peut également parler des derniers épisodes, qui souffrent exactement du même problème puissance 10, car on fait maintenant intervenir des mechas. Et encore, je ne vous parle pas de la deuxième partie, les jeux des neuf écoles, bourrée de clichés et d'incohérences.
Mais s'il n'y avait eu que ça, je ne me serais pas vraiment plaint. Le problème : Tatsuya, le fameux protagoniste brun ténébreux. Sachez que si Kirito ou Méliodas vous paraissaient "cheatés", ce n'est rien comparé à notre cher Tatsuya !! Ce dernier, en plus d'être un véritable surdoué capable de rivaliser avec des personnes au potentiel magique largement supérieur à lui, est en fait lieutenant dans une armée secrète, chercheur et inventeur de génie, et est en plus immortel car il est capable de se ressusciter en une fraction de seconde !!! Ne me demandez pas comment il fait pour aller au lycée et gérer toutes ses petites affaires car, à notre grande déception, il n'est pas capable de voyager dans le temps ou de se téléporter... mais il peut se déplacer à la vitesse du son, c'est toujours ça, non ?
Le dernier gros problème de Mahouka, ce sont ces personnages, ou plutôt un manque d'approfondissement total de ces derniers. C'est simple, je crois que le passé de Tatsuya a même été zappé par manque de temps, puisque dans le premier opening on a clairement des scènes faisant allusion à son enfance. Et au final, on ne sait pas comment Miyuki est tombée amoureuse de son frère, ni pourquoi ce dernier ne « ressent » plus d'émotions. On ne connaît pas non plus leur lien avec leur tante ou leur belle-mère, pourquoi ils méprisent cette dernière etc... Alors évidemment, si on a pas le temps d'approfondir les personnages principaux, les secondaires ne sont que plus délaissés. Et au final, on se demande pourquoi untel ou untel se retrouve dans telle situation, et l'histoire ne nous parait que plus brouillonne. Petit aparté pour finir concernant la relation entre Tatsuya et sa soeur Miyuki. Si on évite le classique harem autour du héros, le brother complex de Miyuki vaut son pesant en situations répétitives et ennuyeuses à tel point qu'il en devient perturbant pour le visionnage. Cette manie d'avoir des situations qui frôlent avec l'inceste dans les productions japonaises me fait vraiment poser des questions sur la mentalité de tous ces écrivains ainsi que les lecteurs friands de ce genre de contenu. J'en viens à un point où j'applaudis quand une relation frère/soeur normale et saine est représentée dans un anime ce qui devrait être monnaie courante.
Finalement, j'ai connu des hauts et des bas avec Mahouka. On avait un début prometteur avec une réalisation de bonne qualité, mais il ne tient pas ses promesses. Il a pourtant essayé de se dégager du lot, pour mieux retomber dans le panier d'animes de qualité discutable, multipliant ainsi maladresses et incohérences. Au final, il se fera rapidement oublier, comme ses nombreux confrères dédiés uniquement au divertissement avec comme maîtres mots stéréotype et fan-service. A voir pour passer le temps.
4/10