Les dix épisodes de la première saison de The Last Ship (diffusés sur TNT) résument toute la carrière cinématographique de Michael Bay. Encore que les trois premiers auraient suffit, ils condensent en deux heures ce qui fait que Michael Bay est Michael Bay : de la testostérone par containers entiers, des cellules grises à dose homéopathique et surtout : la panoplie complète des valeurs made in U.S.A. Pour être exhaustif, on citera pêle-mêle : l’honneur, l’effort, le sens du devoir, du sacrifice, la famille, la suprématie des U.S.A. sur le reste du monde et au-dessus de tout ça bien sûr, le seul l’unique, the one and only ladies and gentlemen, celui sans lequel rien n’aurait été possible, celui qui n’a pas hésité à sacrifier son fils unique pour que les hommes puissent s’entretuer peinards: j'ai bien nommé, Sa Majesté Dieu !
Contrairement à ce que laissera paraître ce billet, The Last Ship est plutôt une bonne série, pourvu qu’on oublie sa morale assommante, tellement typique et qu’on se souvienne qu’elle est une série estivale destinée à détendre les doigts de pieds avant de filer sur les plages. Car passés les trois premiers épisodes (le premier par Jonathan Mostow, réalisateur de Terminator 3 et Clones), presque agaçants de blabla moralisateur, Michael Bay aligne quelques épisodes plutôt bien sentis et pleins de tension. Rien d’extraordinaire non plus, mais des scènes qu’on vit à fond, même si on se doute de la fin dès le début. On reprochera quand même à Bay de nous refaire le coup des méchants Russes, parce-que là, ça commence à bien faire. D’autant que ses méchants Russes ne semblent même pas avoir de motivation, ils sont méchants parce-qu’ils sont Russes et puis c’est tout !
Si on reconnaît Michael Bay côté scénario, c’est du côté de la mise en scène qu’il exprime le mieux ce qu’il est, à savoir : plein aux as ! Même si certains ont critiqués le côté cheap de la série, puisqu’elle ne se déroule (presque) que sur un bateau, il n’y en a surement pas beaucoup comme lui qui ont les moyens de s’offrir un croiseur de la Navy pendant tout un tournage. Du coup, c’est presque son compte en banque qu’on voit à l’écran : dépenses, recettes et surtout, le gros chèque de la production ! Mais comme chaque médaille a son revers, Bay insiste énormément sur l’artillerie, l’honneur de ces soldats bref, il fait le S.A.V. de l’armée des U.S.A. Un étrange (et contestable) placement produit quand on y réfléchit…Mais bon ça en jette, ne boudons pas notre plaisir, les scènes d’actions sont dignes du grand écran.
Par contre côté acteurs ça n’en jette pas du tout, ou alors si peu. Rhona Mitra est là avant tout pour sa plastique de rêve, car côté expressions, elle semble tout droit sortie de l’ère glaciaire (on la verrait mieux dans Ice Age 4 d’ailleurs…). Même chose pour Eric Dane, qui joue ni plus ni moins le cowboy de service, regard en acier trempé et répliques parfois hilarantes tant elles sont éculées. Il vaut mieux aller chercher du côté de John Pyper-Fergusson, parfait en roublard ex-employé d’une armée privée, l’acteur passe une bonne partie de la saison à cabotiner pour le plaisir du téléspectateur. Mais le top du top restera l’éphémère Ravil Isyanov, formidable amiral russe qui prend en chasse le croiseur U.S. Il a une vraie gueule de cinéma et sait en jouer pour effrayer à peu de frais les jeunes filles farouches.
Il faut donc laisser son cerveau et son esprit critique aux vestiaires pour apprécier, d’autant qu’une saison 2 est déjà dans les tuyaux pour l’été 2015. Probable qu’il n’ y aura alors plus de bateau et qu’on s’orientera plutôt vers des épisodes décrivant une société post-apocalyptique, autant dire que le risque de servir du réchauffé est important. Autant dire aussi qu’on sera loin encore une fois de la série cérébrale mais au fond, pourquoi pas ? Après tout, on sera en été, serviette de plage et crème solaires prêtes, alors finalement, si on peu se divertir même quand on est en mode «veille»…