The Lost Room
7.3
The Lost Room

Série SyFy (2006)

H.P Lovecraft et Stephen King sont dans un bateau...

Le pitch de "The Lost Room" est assez "simple" : des objets aux propriétés "magiques" diverses sont éparpillés au travers des Etats-Unis et deux cabales se font la guerre pour mettre la main dessus. L'inspecteur Joe Miller se retrouve confronté à tout ce monde de l'ombre lorsque sa fille se fait enlever et disparaît dans une mystérieuse chambre de motel.

Voilà donc le principe de base est assez attirant mais on peut légitimement se dire que ça peut vite devenir casse-gueule. Et ça aurait carrément pu l'être je pense seulement, un élément va totalement sauver les meubles : le format de la série. L'intégralité de l'histoire tient en une seule saison de 6 épisodes de 40 minutes. Autrement dit, oubliez les pertes de temps, oubliez le superflu, on sent clairement que cette condition a été imposée pour l'écriture. La série aurait très bien pu tenir sur plus d'épisodes mais aurait alors connu beaucoup d'écueils classiques du genre, comme dans Heroes (les deux séries ont pas mal de points communs) mais là, on passe d'une étape clé à une autre en un fondu et c'est réglé. Tout ce qui peut prendre du temps et perdre de l'intérêt est zappé (les longs trajets, etc.) et du coup, il n'y a pratiquement pas de temps morts. Bon, ils arrivent quand même à en coller un ou deux à droite à gauche mais dans l'ensemble, c'est plus qu'honnête.
Se hâter pour raconter une histoire n'a pas forcément que du bon parce que certaines étapes qui se construisent avec le temps sont ici ramenées du point à au point Z sans jamais citer l'alphabet, pas même en rotant (je pense notamment à la relation amoureuse de la série qui arrive comme ça sans crier gare comme un doigt au cul dans une fiesta signée Patrick Sébastien et qui m'a franchement fait tiquer mais qui ne gâte pas réellement l'intérêt de l'histoire en elle-même).

L'histoire, elle, amène une atmosphère qui évolue énormément à chaque épisode. Plus on en apprend sur le background, plus on veut en apprendre et plus l'ambiance s'assombrit. Là où ça commence comme du Stephen King (oui je trouve carrément que cette série aurait pu être écrite par l'auteur susnommé tant elle semble rendre hommage à son travail) dans le sens où l'action prend part dans un contexte contemporain très rattaché à une certaine vision de l'Amérique, une vision dans laquelle les protagonistes se battent pour tenir leur vie quotidienne à peu près en ordre dans un contexte compliqué (là, l'officier Joe Miller se bat pour conserver la garde de sa fille alors que sa femme fait pression pour la récupérer et va cumuler très rapidement des emmerdes astronomiques à grands coups de quiproquos classiques mais efficaces et de prises de décisions humains donc contestables), la vision d'une Amérique assez "désertique" aux paysages désolés et où la ville ne tient pas un rôle prépondérant, une vision réaliste où des éléments fantastiques vont faire leur apparition et dicter la suite du récit.
Et à cela vient s'ajouter, à un moment du récit, une part de folie, de forces incontrôlables et une espèce de terreur toute subjective qui peut évoquer, sous certains aspects, le travail de Lovecraft dans sa relation à la peur, à ses effets sur le psychisme humain, etc.
En cela, je trouve que la série est une vraie réussite, l'atmosphère et les références sont riches, l'histoire est très intéressante dans son développement, l'idée des "Objets" ouvre un champ des possibles très varié et les créateurs s'en servent habilement pour faire montre de leur imagination (certains pouvoirs d'objets sont hilarants et amènent à la série un second degrés très rafraichissant).

Pour ce qui est des défauts, comme je l'ai dit, certains points de scénario sont un peu baclés et il ne faut pas s'attendre à une série qui prend son temps pour planter un décor et étudier la psychologie de ses personnages, certaines performances d'acteurs seraient à revoir, parfois trop théâtrales, parfois à côté de la plaque, parfois trop sobres, il y aurait à redire là aussi, clairement. Mais l'ensemble, quoi qu'on en dise, tient debout.

Donc, à tous les amateurs de fantastique, je ne peux que vous conseiller de jeter un coup d'oeil à ces 6 épisodes. Ca ne prendra pas une part monstrueuse de votre temps et à défaut d'accrocher comme il faut, vous y trouverez de nombreuses très bonnes idées.
Il faut goûter avant de dire qu'on n'aime pas, une peu comme la sodomie.
Thibault_Larrebat
7

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 29 nov. 2014

Critique lue 521 fois

Critique lue 521 fois

D'autres avis sur The Lost Room

The Lost Room
nymphalis
10

Critique de The Lost Room par nymphalis

Un bijou. qui se regarde encore et encore. On pourrait croire à une histoire assez peu originale ; un type du FBI qui se retrouve melé au surnaturel. The Lost room est bien plus que cela. Une telle...

le 24 sept. 2011

13 j'aime

2

The Lost Room
Fatpooper
2

Tout le monde il est con, le héros, les adjuvants, les opposants, même l'homme/objet.

Depuis Lost il arrive fréquemment qu'une série pleine de mystère soit produite dans l'espoir de recréer l'engouement. Heureusement, cette fois, le feu n'a pas pris, le show dégringolant à plusieurs...

le 23 févr. 2012

11 j'aime

7

The Lost Room
le-mad-dog
7

L'une des meilleures séries "décevantes" de l'histoire

Seulement trois épisodes pour "The Lost Room" et puis la série s'en va, laissant une grosse partie de ses mystères complètement ouverts. Mais au final, je garde presque 10 ans après sa diffusion un...

le 5 juin 2014

10 j'aime

Du même critique

Star Wars - Le Réveil de la Force
Thibault_Larrebat
10

Et ta mère, elle était mieux avant ?

Bonjoir à tous ! Je sens que je vous avais manqué ! Quelle ne fut pas mon émotion, comme pour beaucoup de gens, quand le film dont je vais parlé aujourd'hui a commencé... Comme je vais éviter de...

le 30 déc. 2015

2 j'aime

Interstellar
Thibault_Larrebat
10

Parce que c'est à ça que sert le cinéma.

Plus d'un an que j'attendais de voir ce film, plus d'un an que je voulais savoir ce que Christopher Nolan allait faire de l'espace et d'un projet résolument SF. Lui et son oeil un peu à part, lui et...

le 9 nov. 2014

2 j'aime