Je ne sais pas vraiment par quel bout je vais bien pouvoir prendre et distordre d'un avis critique cet objet singulier et insaisissable qu'est The Shivering Truth de Vernon Chatman et Cat Solen. Une chose est certaine par contre il faut sortir cette série de l'anonymat et des limbes de Sens Critique et célébrer sa folle inventivité, sa délirante créativité, son angoissante singularité et sa formidable qualité.
The Shivering Truth est une série anthologique qui compte deux saisons constituées en tout de douze épisodes d'une dizaine de minutes chacun. La série de Vernon Chatman qu'il co-réalise avec Cat Solen est une série d'animation en stop motion avec des marionnettes réalistes qui explore des univers et des histoires tellement délirantes et WTF qu'elles sont quasiment impossibles à raconter. La série nous offre ainsi douze instants totalement imprévisibles comme autant de songes surréalistes teintés de cauchemar et de digression philosophiques et mentales absurdes.
Tout d'abord The Shivering Truth est une petite merveille technique, les marionnettes sont criantes de vérité et l'animation est fluide et riche permettant d'entrechoquer merveilleusement un aspect photo-réaliste légèrement décalé et une véritable folie créatrice et furieuse. Visuellement The Shivering Truth fait penser aux films d'animations de Wes Anderson, au film Le Sens de la Vie pour 9.99 $ ou encore à Anomalisa de Charlie Kaufman mais également aux univers délirants de Bill Plympthon et à Terry Gilliam que Vernon Chatman cite souvent comme inspiration. Les douze épisodes sont remarquablement mis en scène et offrent à chaque fois une nouvelle expérience visuelle, sensorielle et mentale accompagnée d'une bande son à la fois planante et anxiogène. Quant au casting vocal on retrouvera parmi les personnalité qui viennent prêter leurs voix à ses étranges vignettes Jordan Peele, Michael Cera, Trey Parker, Jonah Hill, Janeane Garofalo ou David Cross.
Comme je le disais plus haut il est pratiquement impossible de raconter les histoire qui sont racontées dans The Shivering Truth. Les récits qui partent souvent d'un point de départ assez simple ne cessent ensuite de s'enfoncer dans une sorte de spirale de folie et de digression dans laquelle une idée vient toujours en chasser une autre, rebondir puis partir en vrille vers d'autres choses avant de se rattraper et englober l'ensemble dans un tout bordélique mais cohérent. Entre le cadavre exquis, la chute de dominos, les digressions mentales, la logique tordu d'un cauchemar, l'écriture automatique, la pensée surréaliste, le delirium sous stupéfiants et la folie furieuse The Shivering Truth nous transporte dans un univers dans lequel se cognent avec fracas l'horreur, la folie, la dépression, l'humour noir, l'amour, la poésie, la mélancolie et la mort.
Le problème c'est qu'une série comme The Shavering Truth ne se raconte pas et semble même échapper à toutes les analyses logiques et critiques ; il faut juste se laisser porter par le délire, s'abandonner pour le vivre pleinement et se faire retourner la tête et violer l'esprit comme si on vous avais implanté de force un grain de folie en plein milieu du cerveau et qu'en germant il venait altérer votre mode de pensée logique en le remplaçant par celui d'un artiste philosophe du chaos. Si vous n'avez rien compris à cette critique ce n'est pas bien grave, courez regarder The Shavering Truth c'est bien là le plus important.