Le zombie est une créature déclinée à toutes les sauces et sur tous les supports. Pourtant la mythologie utilisée dévie finalement très peu des oeuvres fondatrices : des balles dans la tête, de l'anthropophagie, des administrations dépassés, des humains désemparés et une folie latente.
"Walking Dead", la BD, n'échappe pas à la règle et ne prétend pas renouveler ou recréer la mythologie Zombie. La BD se distingue par un traitement sans concession où le pire peu surgir de la moindre case. Une oeuvre assez hardcore qu'on imagine mal en série télé tant les contraintes de censure et de budget semblent insurmontables.
"Walking Dead", la série, arrive cependant à surprendre puisqu'elle démarre par un pilote vraiment excellent. Que ce soit dans le ton assez cru (la séquence d'intro, les headshots plein cadre) que dans le déroulement de l'histoire, privilégiant l'émotion et les personnages au mépris du spectaculaire facile.
Une ouverture qu'on n'attendait pas à un tel niveau mais qui aura, malheureusement, valeur de bel écran de fumée.
Une fois ce pilote enthousiasmant terminé les choses se mettent en place avec plus ou moins de bonheur alternant du bon et du moins bon.
Plutôt que coller au déroulement du comic-book la série fait le choix de développer ses propres personnages et situations, soit. C'est une bonne chose de marquer son identité. Seulement la rigueur du premier épisode laisse place à une accumulation d'approximations malheureuses.
Il subsiste quelques moments vraiment forts, des pics d'émotion ou d'adrénaline qui font mouche mais qui sont dilués dans une saison qui ne sait pas vraiment où aller. Hésitant sans cesse entre introduction à l'univers et bloc narratif à part entière cette saison 1 s'enlise dans des détours inutiles et privilégie un seul arc en négligeant les autres. Il faut bien avouer qu'en dehors de Rick et sa famille le reste est vraiment mis de côté... quand certains personnages meurent on ne sait même pas qui ils étaient et du coup ça nous passe un peu au dessus.
On trouvera des personnages honteusement sous-exploités (Merle, pour ne citer que lui), des situations bancales (les gangstas), parfois du ridicule embarrassant (le dernier épisode) et un ton étrangement "familial" de l'ensemble.
Pas un seul "fuck" à l'horizon, une violence assumée sur les zombies mais un traitement frileux des personnages où on ne prend pas de risques vis à vis de leur psychologie, de leurs choix ou de leur devenir.
Plus le show avance et moins on en a quelque chose à faire tant les scénaristes semblaient plus préoccupés par placer des explosions et des rebondissements idiots que par le récit.
On était en droit d'avoir de l'audace, de l'inventivité, de la provocation, de la rigueur... des qualités qui ont fait la singularité et le succès de "Breaking Bad" ou "Mad Men", les autres show phares de AMC. Des qualités qui sont malheureusement absentes (ou en tout cas bien trop diffuses) de "The Walking Dead" à l'issu de cette saison 1 au goût étrange.
La série n'est pas catastrophique, elle se laisse suivre et possède ses bons moments mais mettre autant d'argent pour faire vivre un univers comme celui-là sans s'attarder sur l'essentiel (le récit et ses protagonistes) c'est ce que l'on appelle rater le coche.
Il n'y a plus qu'à espérer que cette saison test ait suffisamment rassuré AMC (le pari était tout de même risqué pour la chaîne) pour qu'ils nous offrent une saison 2 couillue et intense.
La saison 2 est arrivée et c'est définitif AMC n'a pas su (voulu ?) faire les bons choix. La série s'enfonce dans un rythme anémique, dans des personnages nuls et dans des situations vides de toute tension et de toute émotion. Un beau gâchis entériné par les saisons suivantes où la violence crasse ne sert plus que de béquille facile pour des personnages toujours plus creux et toujours plus mal interprétés (à quelques exceptions prêt). Dans ce contexte la suite logique serait l'annonce de Bruno Mattei en Show Runner pour la saison prochaine.