On pouvait craindre le pire. Nous sommes heureusement loin du pire. Néanmoins, à l'heure où les débats font rage sur les méfaits du "fan service" (dédicace à Star Wars sauce Disney), The Witcher se présente sous l'angle d'une adaptation jusqu'au-boutiste dont l'approche novélisée ne sied guère au carcan sériel, à commencer par l'appréhension temporelle qu'un spectateur profane aura tôt fait de ressentir tant le manque d'indications frappe autant que la faiblesse d'écriture des auteurs à poser les jalons les plus rudimentaires sur le plan descriptif. Ne vous attendez pas à comprendre dans quel ordre les séquences se déroulent : seuls les lecteurs des deux premiers recueils et à moindre mesure les amateurs du jeu vidéo sauront de quoi il en retourne ; ne pensez pas que cette saison vous permettra d'appréhender ce qu'est un sorceleur : tout juste vous dira-t-on qu'ils sont le fruit d'expériences visant à créer une certaine élite, mais rien ne transpirera sur leurs pouvoirs magiques ou l'importance des potions dans leur arsenal. The Witcher S1 est fait par des fans pour des fans, et c'est là son plus grand défaut.
Les bases sont néanmoins là, et il nous tardera se voir l'aigle prendre son envol dans de prochains épisodes on l'espère moins séculaires. Certains choix de casting sont réussis (Cavill, très bonne suprise), d'autres sont affligeants (on ne parle que de Triss, mais Jaskier fait tout autant peine à voir), et quelques uns feront débat (Yennefer, presque convainquante, mais tellement loin d'être indiscutable). Mais, en fin de compte, le plus difficile n'était-il pas de passer derrière CD Projekt ? En soi, c'est peut-être bien là que le bât blesse.