Ne connaissant pas l'oeuvre originale littéraire "Le sorceleur" écrite par Andrzej Sapkowski, j'avais juste connaissance des jeux vidéos qui en découlait, sans jamais y avoir joué. Totalement vierge de tout historique, mais non sans quelques influences, je me suis lancé dans cette série très attendue et annoncée, par certains, comme le Game of Thrones de Netflix... Rien que çà ! La comparaison ne tient pas la route et les quelques lignes qui vont suivre vous diront pourquoi.
The Witcher est une série dites de fantasy médiévale en huit épisodes entre 47-67 minutes, créée par Lauren Schmidt Hissrich, scénariste américaine à qui l'on doit des épisodes de séries de référence comme Umbrella Academy, Dardevil, Defender, Power etc... Disponible sur Netflix depuis le 20 décembre dernier, elle nous raconte les aventures du "Sorceleur" Geralt, un chasseur de monstres au milieu d'un monde fait de créatures, d'elfes, de mages et surtout d'humains qui s'entredéchirent pour le pouvoir.
Netflix a clairement montré son ambition vis à vis de cette série et il y a mis ses moyens. On pouvait s'attendre à une production de belle facture et je vous rassure tout de suite, c'est le cas. Mais de là, à la comparer à GOT, c'est carrément un péché d'orgueil ! Les décors, les costumes, la lumière, la photographie sont de bon niveau pour une série mais on se sent tout de même à l'étroit, avec un réel manque d'espace et de profondeur de champ. Tout semble resserrer sur les personnages, c'est un peu dommage.
La série ne nous en montre clairement pas assez sur le royaume, les villages, les contrées pour nous en mettre plein la vue. Et pour un héros aventurier qui parcours ce monde pour chasser des monstres contre monnaie sonnante et trébuchante, force est de constater que cela manque un peu d'envergure. J'y ai retrouvé un peu l'influence du Seigneur des anneaux à de multiples reprises mais sans jamais s'approcher de sa démesure, de son réalisme et de sa dimension épique. C'est pour moi le principal reproche que je ferais à cette série, trop avare en plan large et même en plan tout court sur les différents environnements que traversent les personnages. Quand il y en a, ce sont des plans très courts, comme pour nous empêcher de s'attarder sur les détails.
La scène de bataille tant annoncée comme une leçon à celles de GOT dans le premier épisode en est l'exemple le plus cuisant. C'est même pire dans le dernier épisode qui peine à avoir plus de relief que le final de Butch Cassidy et le kid avec quelques effets spéciaux plus ou moins bien sentis (mention spéciale à la création magique du porte en racine que même un chihuahua peut défoncer d'un coup de tête). Pour le grandiose on repassera même si çà marche pas trop mal.
Par contre, The Witcher se rattrape sur les chorégraphies des combats au corps-à-corps particulièrement soignées, un bestiaire ragoutant à souhait et globalement réussit. Elle fait preuve également d'un souci du détail dans son réalisme le plus sanglant très efficace.
J'ai apprécié également le traitement de la magie qui, loin d'être très démonstratif, se montre bien plus réaliste que dans un épisode de Buffy contre les vampires.
Parlons du casting, Henri Calvill se révèle tout à fait crédible, et bien qu'il demeure presque aussi lisse en émotion que dans ses deux interprétations de Superman, il est au moins convaincant dans ses efforts, ses combats et ses blessures. Il porte sur ses seules épaules toute la force et le charisme du personnage et heureusement il le fait bien. On regrettera de devoir attendre le dernier épisode pour voir quelques bribes de son enfance qui esquisse timidement les premiers traits de son origin story. C'est bien dommage, son personnage aurait gagné en épaisseur et surtout cela aurait bien aidé ceux, qui comme moi, ne connaissait pas l'oeuvre originale, a comprendre qui est Géralt.
La série suit également l'histoire de deux autres personnages, la princesse Cirilla jouée par Freya Allan convaincante dans son côté jeune fille dans la tourmente, beaucoup moins quand son vraie visage se révèle, due une mise en scène réduite au strict minimum syndical et qui ne peut évidemment pas donner la dimension que son personnage et, comme il ne cesse de le répéter, "sa destiné "mériteraient.
Mais c'est peut-être pour nous en garder pour la saison 2 qui sait, Netflix a déjà annoncé qu'il y en aurait une. Même chose pour le personnage de Yennefer jouée par Anya Chalotra, qui s'avère plus convaincante et surtout plus touchante dans la première partie de son histoire. Son personnage aurait surement gagné en épaisseur et en crédibilité si la série avait pris un peu plus le temps de développer son évolution face à la magie.
Il n'y a pas de série sans méchant, et si The Witcher peut se venter d'en avoir un bon et assez charismatique, il est vraiment dommage qu'elle n'est pas pris le temps de développer un peu plus l'histoire de Cahir joué par Eamon Farren, sur lequel au final on ne sait pas grand chose sur ses motivations ni d'où il vient.
Le reste du casting est crédible, même si certains personnages auraient mérités qu'on s'attarde également un peu plus sur leurs passés, pour mieux comprendre leurs actes et leurs motivations. Par exemple, celui de Tyssia l'enseignante à l'école des mages jouée par MyAnna Buring, ou encore Jasquier joué par Joey Batey qui m'a un peu rappelé le Frondon du Seigneurs des anneaux, à défaut d'apporter une vraie valeur ajoutée à la musicalité de la série lol. Idem pour les personnages de Fringilla, Sabrina, Triss ou encore Royce, qui ont des rôles importants et qui pourtant perdent en relief faute d'attention.
Pour conclure, je vous dirais que par la qualité de sa production, son histoire, ses personnages, son ambiance sombre et fantastique, The Witcher est une série qui mérite d'être vue. Mais elle m'aura aussi particulièrement frustré, par un coté épique et aventurier trop peu exprimé, une musique platonique et des personnages pas assez développés pour leur donner une vraie dimension. Trois Ingrédients qui, peut-être, épaulé par deux épisodes de plus, aurait fait de The Witcher une série de référence au lieu d'un divertissement correct, si la réalisation s'en était donnée le temps et les moyens...