Critique de la série complète ('86 - '88 - '90): ride the emotional rollercoaster

Jamais je n'ai été autant émue par une fiction - film ou série.

Je pense que cela est dû au fait que Shane Meadows tourne l'intégralité de ses scènes de manière improvisée.

Aussi, la troupe d'acteurs se connaît bien, si bien qu'ils s'appellent par leur nom de personnage! Woody, Lol, Milky, Gadget, Combo... Ils connaissent si bien leur personnage qu'ils n'ont aucun mal à réagir comme lui/elle, ce qui donne au spectateur une vérité que j'ai rarement (jamais?) vue à l'écran.

Et surtout, Shane Meadows a pour cette série tenu à mettre ses acteurs en immersion dans les situations (les empêcher de se voir pendant tout le tournage afin que leurs retrouvailles soient les plus émouvantes possibles, leur cacher le scénario ou leur donner de fausses directions afin que leur surprise soit réelle...)

La série '86: assez sombre, on suit surtout la descente de Lol, qui sombre dans une sorte de dépression, une crise existentielle dans laquelle personne ne peut l'aider, pas même Woody (occupé à réussir dans un métier, pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille plus tard). La storyline avec le père de Lol est très violente, avec en paroxysme deux scènes insoutenables dans les épisodes 3 et 4.

Mais comme toujours chez Shane Meadows, il y a aussi des scènes très drôles et légères, et également des scènes d'amitié et de fraternité qui procurent une joie de vivre immense.

Il est le maître des émotions à l'écran.

La série '88: le gang est divisé, l'amitié rompue pour certains, Lol toujours très mal en point

mais c'est la saison qui m'a le plus émue de loin: l'épisode 2 est incroyable (la scène de la bagarre, totalement improvisée, est mémorable), et la fin de la saison est magnifique.

La série '90: plus légère, mais aussi très forte en émotion (la scène du repas chez Lol et Woody, la confrontation Milky /Combo, qui ne s'étaient pas revus depuis le film). On a des scènes d'amitié et d'humanité très belles (la rave), des scènes comiques très drôles, et des scènes violentes et tragiques

Après le visionnage de cette série, je salue vraiment le génie de Shane Meadows et son style unique (même si les effets de ralenti en très gros plans sur les visages au son d'une musique émouvante sont souvent utilisés - mais il suffit de se laisser emporter par les émotions et on adhère).

Et les acteurs: le merveilleux Joe Gilgun, hilarant, gentil et profondément humain, Stephen Graham, extraordinaire d'intensité, Thomas Turgoose (Shaun), tellement naturel, Andrew Shim, surprenant de complexité, Vicky McClure, forte et fragile à la fois, tout le gang, si attachant.

Et mention spéciale à deux nouveaux qui n'étaient pas dans le film de 2006: Flip et Higgy (Perry Fitzpatrick et Joe Dempsie), qui font de chacune de leurs scènes un régal comique.