Rajoute encore du sucre, on sent trop le goût.
Non.
Putain, non.
Cette série anime, qui s'annonçait sous les meilleures auspices a été sans doute l'une de mes plus grosses déceptions et de très loin.
Longtemps charmé par les design de "Togainu no chi" - qui est à l'origine un jeu vidéo boy's love - j'avais appris après quelques recherches qu'il y avait un scénario, un VRAI scénario dans ce jeu, qui prenait place dans un monde post-apocalyptique, sous la forme d'une espèce de "battle royale" où se mêlaient des histoires de trafic de drogue, de coups montés, etc...
C'était plutôt gore et très explicite niveau sexuel, bref, ça ne faisait pas dans la dentelle de ce que j'en avais vu. Le jeu n'ayant longtemps été accessible qu'en japonais, difficile d'en apprendre plus sur l'histoire, j'ai donc été ravi d'apprendre qu'une adaptation en série était prévue.
Soyons clairs : qu'on les aime ou pas, les chara design de Togainu no chi (pas de "True blood" ou de trad' pourrie du titre ici, merci) sont extrêmement soignés et riches, tout comme les décors, il suffit de regarder les CG du jeu pour s'en convaincre.
Ici, le design est fade, les couleurs aussi, tout est passé dans la moulinette d'une animation poussive et franchement médiocre par moment. Les combats ne sont pas trop mal mais pas de quoi s'émerveiller, c'est potable. Et par moment, c'est limite laid, c'est dire.
Le teaser annonçait quelque chose d'assez trash - comme le jeu - puisque l'environnement où évolue Akira est rempli de psychopathes de tout poil, y compris son meilleur ami : scènes violentes avec grosse musique metal à l'appui. Pas très subtil mais ok, ça restait dans le ton.
L'anime est pire qu'édulcoré : X clamp est plus trash que cette série, c'est dire. Peu de sang, la violence des combats est aseptisée, c'est mou, on ne sent ni la folie, ni la tension, ni la peur. Bordel, le metteur en scène s'est endormi sur son boulot, c'est pas possible !
Coup de grâce, enfin : l'absence de boy's love. Je n'apprécie pas spécialement qu'il y ait des scènes de sexe si elles ne servent pas l'histoire, je n'ai donc rien contre le fait qu'on les éclipse ou qu'on ne fasse que les suggérer. Mais ici, elles ne sont pas coupées au montage, elles n'existent pas. L'histoire se déroule au milieu de centaines de mecs - shootés à la came, généralement jetés là à cause leurs penchants violents - mais on n'y trouve aucune allusion sexuelle, rien, zéro. Pour une adaptation d'un jeu boy's love qui ne se gêne pas pour balancer des scènes de viol en veux-tu en voilà....
Je pense pouvoir dire que c'est atterrant, arrivé à ce stade. Comme je le disais, je me fiche que l'anime soit explicite ou non, s'il l'avait été, ça aurait fait plaisir au fan de boy's love que je suis mais je regardais togainu no chi surtout pour l'histoire, c'était donc secondaire. Ici, le yaoi n'est même pas suggéré, il a été purement et simplement censuré, le seul personnage ouvertement homosexuel est le "juge", un déviant de type grande folle en possession d'un harem masculin et adepte de bondage extrême. Transformer un jeu boy's love en un vague shônen fadasse véhiculant le pire des clichés sur les gay, il fallait oser.
La seule chose à sauver dans togainu no chi est donc son scénario...qui est sympathique mais très classique, desservi par une animation sans saveur, débarrassé de son aspect yaoi, l’œuvre originale a été vidée d'une partie de sa substance au point que le spectateur s'ennuie.
C'est fade, c'est vide, terne et sans intérêt. On a pitié d'Akira, à qui il ne reste qu'un vague embryon de personnalité, on ne tremble pas une seule fois pour lui, les autres personnages sont réduits aux habituels clichés de perso d'anime produits au kilomètre, lamentable.
Si les japonais commencent à édulcorer leurs propres œuvres, c'est la fin des haricots. Et les choix concernant la série me laissent perplexe : togainu no chi est connu uniquement des fans de boy's love, puisque le jeu leur est destiné. Censurer le yaoi comme cela a été fait dans l'anime était donc totalement suicidaire, en plus d'être du foutage de gueule.
J'ai coutume de penser que lorsqu'on veut toucher tout le monde dans le public en aseptisant, on finit par ne toucher personne. Quand je vois le massacre de Togainu no chi, je constate que ça n'a jamais été aussi vrai.
Edit : Je viens de terminer les deux trames principales du jeu et je baisse ma note d'un cran. La fin est une honte, elle ne ressemble ni de près ni de loin à aucune des fins du jeu, elle s'éloigne totalement de la psychologie et du rôle des personnages, fait des contresens et des rajouts dénués de sens, essayant de combler l'absence de relations amoureuses qui sont au centre même du jeu. Du grand n'importe quoi. Je laisse ces deux points pour la musique, plutôt sympa. Il fallait bien que quelque chose rattrape ce foirage intégral.