Citation de Jules Renard
Si vous le voulez bien, commençons l'année avec une petite critique sans prétention. Quand on parle de "Fly Me to The Moon" c'est vrai qu'on pense tout de suite à de la niaiserie amoureuse comme sait si bien nous le proposer la japanime, n'en témoigne toutes les personnes qui ont partagé des extraits (souvent hors contexte) de la petite amourette. Mais il serait une erreur de voir en la série un simple tranche de vie casanier d'automne.
Fly Me to The Moon s'amuse à prendre à contre-pied le cliché de l'amour sous-entendu assez énervant qui en plus n’aboutit soi à rien soi à une déception pour créer un mariage au premier épisode, qui bien plus qu'une liaison administrative va amener nos protagonistes à ne plus s'esquiver mais à avancer sur une relation. Il faut bien comprendre que le mariage "symbolique" n'est en aucun cas procédé et que ce premier épisode n'est qu'une excuse à la rencontre. Une rencontre idéalisée, presque clichée quand on y pense avec un protagoniste sauvant l'autre, à deux êtres si loin mais en même temps si proche, comme liés par un destin étrange.
C'est justement tous ces clichés que vient chambouler ce mariage beaucoup trop tôt narrativement, et ce qui poussera nos personnages à briser leur même comportement clichés, allant même jusqu'à désacraliser le mariage symbolique. Voilà pourquoi le comportement "femme parfaite" de Tsukasa n'est pas dérangeant, car la pression qu'elle se met vient à se briser à chaque tentative, l'amenant à être plus naturelle (En parlant notamment de son amour pour les films, séries et jeux vidéos), comprenant que le plus important n'est pas d'être la fidèle petite femme au foyer mais de rester fidèle à son amour pour Nasa. Et pareil, Nasa n'est pas le petit pervers que certains aiment critiquer, il va petit à petit détruire les barrières virginales idéalisées dans un mariage (de culture Japonaise, comprenez vous bien que chez nous l'amour avant le mariage n'est plus un tabou) pour petit à petit avoir envie de découvrir un amour plus charnel, moins conventionnelle au regard de la société et des grands clichés de la romance.
En fait bien plus que de la stupide tranche de vie, "Fly Me to The Moon" va créer le paradoxe de créer des scènes d'amours clichées en détruisant ces mêmes clichés. Chaque petite épopée va rapprocher les deux inconnus qui vont petit à petit au travers de l'autre se découvrir. Et j'adore la symbolique de l'opening qui est selon moi l'un des meilleur si ce n'est le meilleur des animes de 2020. On commence avec un plan sur la lune, objectif symbolique d'un bonheur ou tout du moins objectif de Tsukasa qui n'y voit que des résidus tombant de celle-ci, tandis que le protagoniste erre perdue (On rappelle que c'est une orpheline qui a fuie de sa maison d'accueil) dans sa vie et dépassée par cet objectif qui semble indéniable. Mais après avoir presque abandonnée, elle voit la neige changer de sens (ce qui laisse penser qu'elle repart vers la lune et que notre héroïne pourrait bien elle aussi voler jusqu'à elle, oui la neige est une métaphore des émotions de Tsukasa) ce qui lui donne un véritable souffle d'espoir à la jeune fille, elle comprend alors que cette chance est due à sa rencontre avec un garçon souriant un peu étrange. On peut même voir qu'elle est surprise de cela, mais qu'elle ne s'y oppose pas car elle répond à cet appel inespéré. La musique passe d'une lente agonie à un soudain renouveau de vitesse assez brusque mais en même temps presque iconique. Les scènes suivantes consisteront à montrer que les deux amants sont ensembles mais encore séparés (bien que pas sur les mêmes cadres ils interagissent entre eux), mais que cette barrière va se briser face à l'amour charnel (je ne parle pas de sexe forcément mais plus du besoin de découvrir le corps de l'autre). S'en suit la même disposition ou on voit des lieux communs à l'un des deux protagonistes, qui incarne plus leur passé en soi. Cette barrière sera d'ailleurs brisée par Chitose, ici représentante du passé du Tsukasa. S'en suit une des volontés des deux amants de briser cette vitre qui les sépare, autour d'un cœur (bon ce point là est pas forcément des plus subtils). Ils brisent cette vitre en imaginant un future avec eux (on voit l'être aimés dans les pupilles des deux jeunes adultes) et là nouvelle explosion musicale qui signifie qu'ils ont franchi une étape. S'en suit un plan avec des étoiles car le couple en est devenu une, lui permettant d'attendre la lune ensemble, le mariage n'étant que l'accomplissement de ce but.
On peut reprocher certaines choses à la série, mais il n'en reste pas moins qu'avec Fly Me to The Moon on nous annonce une nouvelle façon de consommer l'amour dans la japanime, peut-être d'une moindre féérie mais intensément plus beau et franchement j'aime ça, moi aussi j'ai envie de m’enfuir dans les étoiles, plus loin que la lune....vers l'infini et au-delà.