Quand des aliens, des angoisses existentielles et Cardiff font bon ménage… ou pas

Torchwood, c’est un peu comme si vous mélangiez Doctor Who, du whisky bon marché et une touche de séries policières britanniques, le tout secoué avec des aliens qui débarquent à Cardiff. Oui, Cardiff. Parce que pourquoi Londres aurait tout le fun ? BBC Three nous offre ici une série qui jongle entre science-fiction, drames humains et un sens de l’humour aussi sombre que les ruelles galloises un soir de pluie.

Le show commence avec une promesse alléchante : une équipe secrète (Torchwood) dirigée par le charismatique et mystérieux Captain Jack Harkness (toujours impeccable dans son trench-coat), dont la mission est de protéger la Terre des menaces extraterrestres. Leur quartier général ? Une base souterraine ultra-cool cachée sous la fontaine de la ville (et oui, c’est aussi bizarre que ça en a l’air). Leur spécialité ? Résoudre des énigmes cosmiques, interagir avec des créatures bizarres, et sauver l'humanité… mais souvent d’une manière plus bancale qu’héroïque.

Le premier épisode commence avec un mélange intriguant de mystère et d’angoisse. On suit Gwen Cooper, une policière de Cardiff, qui découvre par hasard l’existence de Torchwood et se joint à l’équipe. Ce qui, au départ, semble être une bonne vieille série de science-fiction avec des extraterrestres se transforme rapidement en une exploration du côté sombre de la vie, de la mort, et des relations humaines (et aliens). Mais ne vous attendez pas à des batailles spatiales à la Star Wars, ici tout est plus… disons, terre-à-terre.

C’est là que Torchwood peut diviser. D’un côté, on a des concepts fascinants : des failles temporelles, des aliens infiltrés, des technologies extraterrestres qui atterrissent par erreur dans les mains des humains. Mais de l’autre, on se retrouve souvent à se demander si tout ça ne serait pas mieux avec un peu plus de cohérence. L’équipe de Torchwood, censée être une unité ultra-secrète, passe parfois plus de temps à gérer leurs crises personnelles qu’à combattre les menaces interstellaires. On pourrait presque les rebaptiser « Torchwood : Thérapie de Groupe Edition ». Et franchement, c’est assez divertissant de voir ces héros galactiques galérer avec leurs sentiments tout autant qu'avec les monstres.

Le charisme de Captain Jack Harkness porte une bonne partie de la série. Jack est l’immortel le plus stylé que vous rencontrerez, mais son attitude ambiguë, entre playboy galactique et chef torturé, donne parfois l’impression qu’il ne sait pas s’il veut sauver le monde ou juste boire un verre au bar du coin. Son passé mystérieux (largement évoqué dans Doctor Who) est un point d’ancrage fascinant, mais la série peine parfois à l'exploiter pleinement, préférant se concentrer sur des épisodes où des aliens séduisent des humains (oui, c’est arrivé) ou des outils extraterrestres qui causent des ravages domestiques.

L’autre problème avec Torchwood, c’est qu’elle oscille constamment entre des épisodes captivants et d’autres complètement décalés. Un jour, vous avez un thriller haletant sur une conspiration alien, et le lendemain, un épisode où l’équipe semble courir dans tous les sens sans réel but, se chamaillant pour des raisons qui paraissent parfois sortir de nulle part. Certains arcs narratifs sont aussi sous-exploités ou manquent de profondeur, ce qui peut frustrer les fans de science-fiction à la recherche de quelque chose de plus consistant.

Visuellement, la série a ce charme un peu rétro de la science-fiction britannique, avec des effets spéciaux qui oscillent entre le "plutôt cool" et le "monstre en caoutchouc". Mais après tout, c’est Cardiff, pas Hollywood. Et pour être honnête, la ville devient presque un personnage à part entière, avec ses rues pluvieuses et ses bâtiments industriels servant de décor aux aventures de Torchwood.

En résumé, Torchwood est une série qui a beaucoup de potentiel, mais qui semble parfois coincée entre son envie de traiter des sujets adultes (avec des relations complexes, des dilemmes moraux, et un peu de sexe extraterrestre, parce que pourquoi pas) et ses racines science-fictionnesques un peu bancales. C’est une série qui vous fera parfois hausser les sourcils, rire involontairement, ou réfléchir un peu trop aux raisons pour lesquelles Cardiff est devenu le centre névralgique des invasions extraterrestres.

Si vous aimez les séries où la science-fiction et le drame personnel se percutent dans un joyeux bazar, alors Torchwood vous offrira de bons moments. Mais ne soyez pas surpris si, entre deux chasses à l’alien, vous vous retrouvez à vous demander si l’équipe ne devrait pas passer plus de temps en thérapie qu’à sauver le monde.