I wanna do real bad things with you!

Avant l'avènement de "Game of Thrones", HBO lançait LA série pour public averti qui allait réconcilier le monde avec le mythe des vampires et qui prenait ses distances avec la nouvelle mythologie faite de paillettes, de soleil et d'adolescents à peine pubères qui font la gueule dans les coins du lycée.
Exit donc les vampires à la Edouard et Stephen, mous des crocs et qui aiment les petits lapins et bonjour aux vampires prédateurs et séducteurs, au sexe, au sang, aux regards de braises, aux humains en danger et à la chaleur moite du sud des Etats Unis, Bonjour TRUE BLOOD!

Adaptant la série de romans au succès correct de Charlaine Harris, Alan Ball reprend les points forts du matériau d'origine : le sud, les rednecks, la nuit, les vampires et autres créatures, des personnages hauts en couleur et une liberté de ton résolument adulte.

Dans la petite ville de Bon Temps, Louisiane, Sookie Stackhouse est serveuse au diner du coin, Merlotte's. Sookie est télépathe et vit dans le brouhaha constant de la pensée des autres jusqu'au jour où Bill Compton, vampire de son état, passe le pas de la porte. Elle ne l'entend pas, quelle joie! Quel silence! En effet, dans ce monde, les vampires sont "sortis du cercueil" suite à l'invention d'un sang humain de synthèse leur permettant de survivre sans mordre les humains.
Une toute nouvelle société voit alors le jour, à la frange de l'humanité mais réclamant les mêmes droits.
Les aventures de Sookie ne font que commencer.

Les 4 premières saisons sont vraiment bonnes. De bonnes intrigues (totalement dingues mais bon, les vampires existent alors les ménades immortelles accompagnées d'un cochon why not!), d'excellents personnages aux destins prenant, des vampires sexys, du sexe gratuit dans chaque épisode, du gore gratuit et bien gore dans chaque épisode : bref la feel good série limite plaisir coupable qui se suit sans problème.
Malheureusement à partir de la saison 5, le scénario part à vau-l'eau avec des histoires de religion et de bible vampire, de virus hépatique et autres foutaises.
La fin, par ailleurs, fait partie des pires fins de série qu'il m'ait été données de voir : un saut basique de 5 ans de le futur, des stéréotypes patriarcaux passés à la truelle, des clichés navrants sur ce qui doit être la vie d'une femme pour qu'elle soit valable et j'en passe.
Pour une série qui avait éclaté les dits stéréotypes familiaux et sexuels pendant 7 saisons, voilà qui est bien décevant.

Bref, ce dernier épisode est nul.

Mais mis à part des histoires de sorcières, de loups garous, de fées et de ménades, ce sont les personnages que l'on aime à suivre.
Il y a Sookie, l'héroïne que l'on adore détester. Il n'y a pas plus égocentrique que cette fille et pourtant tout le monde l'aime et la protège (un fait qui est finalement mis en avant par Tara en saison 6 mais le bateau prenait déjà l'eau). Elle énerve, elle exaspère et pourtant elle est un centre scénaristique parfait. Pauvre blonde en détresse, aux raisonnements foireux la plupart du temps, elle n'est pas totalement débile non plus et ne manque pas de courage. Elle est interprétée avec compétence par Anna Paquin, actrice oscarisée au charisme d'huitre : c'est impeccable. (à noter que le personnage des livres est nettement moins détestable).
Face à elle, le vampire le plus déprimé et déprimant de la littérature : Bill Compton. Il ne s'aime pas, il est triste et morose, bref, c'est Edouard avec des rides si Edouard tuait des êtres humains quand Bella est malheureuse. Bill n'est pas le vampire le plus fascinant qui soit mais il a suffisamment de secrets pour maintenir l'intérêt. C'est lui qui fait le plus gros 180 ° en saison 5 en devenant carrément le super méchant pour refaire un 180° en saison 7. Il est interprété tout en murmures douloureux par Steven Moyer, acteur au charisme d'huitre (qui épousera d'ailleurs sa partenaire).
Il est malheureusement mis très en avant comme le partenaire idéal de Sookie au détriment d'autres partenaires tout aussi valables si ce n'est plus.
Et c'est là qu'entre en piste Eric Northman, vampire nordique au sang chaud, canon intersidéral et prédateur extraordinaire (je confirme, je suis team Eric, all the way). La montée en puissance du personnage est bien dosée, de méchant potentiel à allié récalcitrant. Eric peut toujours vous poignarder dans le dos mais on peut compter sur lui! Le paradoxe tourne à plein régime et c'est ça qui marche, ça et les abdos, les yeux bleux lumineux et le sourire carnassier du monsieur. (Merci True Blood pour la découverte d'Alexander Skarsgard)
Il est inséparable de Pam Swynford De Beaufort (s'il vous plait!) magistralement interprétée tout en acidité et classe par Kristin Bauer. Voilà un personnage de femme qui vaut le coup. Ancienne prostituée, elle s'éclate en vampire, fidèle à son créateur, amoureuse du rose et des fanfreluches et dure à cuire. Une joie à regarder du début à la fin! L'un des rares personnages à suivre une trajectoire constante, non sans changements, et logique.
Autre canon intersidéral: le loup garou Alcide Herveau (Joe Manganiello très très en forme). Voilà un personnage honteusement sous utilisé et gâché dans des sous-intrigues moins intéressantes

mais il est obligé de se déshabiller souvent, donc merci à la vie!
Autre personnage qui vaut le visionnage : Lafayette, interprété formidablement par le regretté Nelsan Ellis. Voilà un personnage sacrifié bien trop tôt dans les livres que la série garde et nourrie tout au long des saisons. De cuisinier flamboyant à l'eye liner toujours impeccable à medium flamboyant aux faux cils toujours en place, il traverse la série, foulard brillant sur la tête, entre comédie et drame et avec les meilleures répliques. Lafayette dit ce qu'il pense et il n'a pas peur de le dire non plus! Un délice.
D'autre personnages participent à la débauche ambiante : le frère de Sookie, Jason, crétin de compétition mais au coeur à la bonne place; Tara, meilleure amie de Sookie au caractère atroce que l'on adore aussi détester

Arlene et Terry Bellefleur (lui est l'un des personnages les plus adorables de la série), Andy Bellefleur, Jesus Velasquez, Jessica et Hoyt Fortenberry, Sam Merlotte et j'en passe.
Un monde bien rempli et bien organisé.

Comme dit plus haut, la série se permet une grande liberté de ton et une grande liberté sexuelle. Personnages hétéros, gays, lesbiens, bi, fluctuants et autres se succèdent à l'écran sans l'ombre d'un jugement. La série est sortie au moment de luttes pour l'égalité des droits au mariage et tout ce que cela entraine au point de vue juridique pour la communauté LGBT, le parallèle était aisé!
C'est d'autant plus étonnant d'avoir une fin pontifiante au possible.
La série, si elle porte un message de tolérance et de liberté, ne s'appesantit cependant pas sur les thèmes sérieux et préfère nous offrir des orgies au dieu Bacchus et une ville transformée en zombie.

C'est un plaisir à revoir et la série vieilli bien autant que faire se peut.

Et la série nous aura offert en prime l'un des meilleurs génériques de série de ces 30 dernières années.